Sénégal : après le report de l’élection présidentielle Macky Sall suspend internet

Alors que la Haute juridiction du Sénégal avait validé la liste des candidatures en course pour la présidentielle du 25 février 2024, le Président Macky Sall a, dans un discours télévisé le 03 février 2024, annoncé le report sine die du scrutin. Une décision qui a occasionné des affrontements entre forces de l’ordre et opposants, après quoi les autorités ont annoncé la suspension du réseau internet. 

C’est une décision pour le coup inattendue. En effet, le président sénégalais, Macky Sall, a annoncé le report de la présidentielle, à quelques heures seulement de l’ouverture de la campagne électorale, et à trois semaines du scrutin. De quoi susciter la colère de milliers de sénégalais, qui ont affronté les forces de l’ordre ce dimanche à Dakar et dans plusieurs autres villes du pays.  

Une enquête parlementaire à l’origine du report de la présidentielle 

En annonçant le report de la présidentielle, le président Macky Sall, qui a par ailleurs réaffirmé son engagement de ne pas briguer un troisième mandat, a répondu à une demande formulée par une partie de l‘opposition, notamment par le camp de Karim Wade, écarté de la course du fait de sa double nationalité. Cependant, si cette décision arrange certains, l’argument avancé par le président tient à une volonté de l’exécutif de ne pas interférer dans le travail de la commission parlementaire, mise en place par le camp de Karim Wade, avec le soutien de la coalition présidentielle. Laquelle vise à faire la lumière sur « les conflits d’intérêts, les avantages et les soupçons de corruption » de certains membres du Conseil constitutionnel. 

Si le président Sall a indiqué qu’il organisera un dialogue national inclusif sans décliner un calendrier précis, une partie de l’opposition, qui ne l’entend pas d’un bon œil, a investi les rues ce dimanche, dans le cadre d’une manifestation interdite. Les principales artères de la capitale sénégalaise ont été le théâtre d’affrontements entre opposants et forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes. Par ailleurs, les commerces ont baissé les rideaux et dans la soirée, plusieurs quartiers réputés considérés comme des fiefs de l’opposition, étaient quadrillés par les forces de l’ordre. 

Des mesures préventives prises par les autorités, dont la coupure d’internet 

Afin de casser les rassemblements, le ministère sénégalais de la Communication a annoncé ce 04 février, dans un communiqué la « suspension provisoire de l’internet et des données mobiles », afin dit-il de stopper « la diffusion de plusieurs messages haineux et subversifs relayés sur les réseaux sociaux, dans un contexte de trouble à l’ordre public », une méthode dénoncée par les organisations de défense des libertés, et qui a fait ses preuves au Sénégal lors des dernières grandes manifestations d’août 2023, qui ont endeuillé le pays. 

Par ailleurs, la principale société de Transport de la capitale, Dakar Dem Dikk, a également anticipé des perturbations sur le réseau de transport ce lundi 05 février. Pour sa part, la Préfecture du département de Dakar a interdit la circulation des motocyclettes et cyclomoteurs de 06 heures du matin à minuit. Si dans la matinée de ce lundi, un calme précaire était observé dans certaines rues de Dakar, une plénière prévue à l’Assemblée nationale pourrait mettre le feu aux poudres. En effet, selon le site senweb, un rassemblement devant l’édifice a été dispersé ce matin par les forces de l’ordre.