Derniers articlesInterview

Pazock Mayélé : « le gisement de fer de Belinga est un projet emblématique sous la direction du président Oligui Nguema »

Ecouter l'article

Quelques semaines après la tournée présidentielle dans l’Ogooué-Ivindo, notamment dans le district de Mvadhy avec une escale sur le mont Belinga, l’honorable Jérémie Pazock Mayélé a présenté le district minier du Haut Ivindo suite au discours du Président dans cette région. Jérémie Pazock Mayélé, de l’ethnie Kwélé et originaire du district de Mvadhy, est un citoyen gabonais qui a été député de la 13ème Législature pour le Siège unique du 1er Arrondissement de la Commune de Makokou et ancien Vice-président de la Commission des Affaires étrangères. Il est également Professeur certifié et doctorant en Géographie option Dynamique de l’Environnement et des Risques à l’Université de Yaoundé I.  Il a présenté le district minier du Haut Ivindo après la visite du Président, analysant la vision présidentielle exprimée dans son discours, mettant en lumière l’implication du CTRI dans la réalisation du projet Belinga, ainsi que les retombées socioéconomiques et politiques de ce mégaprojet dans le district de Mvadhy, dans la province de l’Ogooué-Ivindo, et à l’échelle nationale sous le nouveau régime. Lecture. 

Gabon Media Time : Jérémie Pazock Mayélé, comment analysez-vous le nouvel environnement politique au Gabon ?

Jérémie Pazock Mayélé : Le nouveau contexte politique gabonais est marqué par trois événements majeurs : les élections générales du 26 août, le soulèvement du 30 août 2023, et l’ouverture du dialogue national inclusif le 2 avril 2024.

Concernant les élections générales du 26 août 2023, il est indéniable que le Parti Démocratique Gabonais (PDG), qui a dirigé notre pays pendant 55 ans, était à bout de souffle en raison de l’usure du pouvoir, certains dirigeants impliqués dans la corruption, des divisions internes et de l’immaturité politique des derniers leaders du parti. Cette fragilité du régime PDG a conduit à l’intervention de nos Forces de Sécurité et de Défense le 30 août 2023, que l’on qualifie de coup de libération, car notre pays se trouvait au bord du gouffre et nous saluons l’acte courageux posé.

C’est pourquoi le Président de la transition, Chef de l’État, a convoqué le dialogue national inclusif du 2 au 30 avril 2024, afin de réunir tous les acteurs politiques, la société civile, les représentants religieux, etc., autour de la table pour réécrire ensemble une nouvelle page de notre histoire politique. Nous saluons cette initiative qui vise à restaurer la stabilité et la démocratie au Gabon.

Honorable, en tant que cadre de l’ethnie Kwélé et natif du district de Mvadhy, vous avez assisté à l’arrivée du Président à Mvadhy après son escale à Belinga. Mais avant d’entrer pleinement dans le vif du sujet, pourriez-vous nous présenter le district minier du Haut Ivindo ? 

Pour éclairer l’opinion sur ce sujet central de notre interview, il est nécessaire d’examiner l’histoire du projet d’exploitation du gisement de fer de Belinga.

En effet, il convient de noter que les travaux d’exploration du gisement de fer de Belinga ont repris en 2022, marqués par la signature d’un contrat d’exploitation entre l’État gabonais et l’entreprise australienne Fortescue Metals Group. Le fer, considéré comme le métal le plus abondant à la surface terrestre, est principalement produit par des pays tels que l’Australie, le Brésil, la Russie et la Chine, qui représentent à eux seuls 50 % de la production mondiale.

L’Afrique en général, et l’Afrique centrale en particulier, compte des gisements de fer. Au Gabon, ils se trouvent à Tchibanga (fer de Milingui), à Lastourville (fer de Mbilobi), à Boumango (Baniaka), et dans l’Estuaire (fer de Mbilam).

Dans le département de l’Ivindo, le district de Mvadhy constitue le cœur du projet Belinga, avec des gisements de fer dans le haut Ivindo (district de Mvadhy), le district de Batouala (mont Batouala), et à Mekambo (fer de Boka Boka). La découverte du gisement de fer de Belinga remonte aux années 1895 par le géologue français Barrat. Sous le contrôle du Bureau Minier de la France d’Outre-Mer (BUMIFOM), la première mission a été réalisée en 1946, suivie par les Américains Telfair et Gueguer à travers le BRGM, jetant ainsi les bases du projet d’exploitation dans les années 1950 (Dévigné et Piégeat), valorisant ainsi les mines de fer de Boka Boka.

Ensuite, un syndicat a été créé à Mekambo (comprenant la Bethlehem Steel Corporation et BUMIFOM) dans le but de développer le projet. De même, un consortium (Banque de Paris et des Pays-Bas) a été formé entre 1956 et 1959, suivi de la création de la société minière de fer de Mekambo (Somifer), dont l’ancêtre est Socomines. La deuxième expédition a eu lieu dans les années 1970.

Dans ce contexte, le district minier se présente comme un conglomérat, avec Belinga au centre, entouré de plusieurs massifs bien connus.

Quelles sont Les caractéristiques de gisement de fer de Belinga ?

Concernant la morphologie spécifique du gisement de fer de Belinga, il compte 13 crêtes minéralisées, dont 8 sont considérées comme probables, bien définies et explorées sur une superficie d’environ 4 500 à 5 000 km². D’une complexité certaine, l’architecture géologique et géomorphologique du district minier est de nature métamorphique. Le gisement de fer de Belinga renferme les principaux minéraux ferriques tels que la goethite, l’hématite et la magnétite, formant ainsi un composé complexe. Ces gisements sont classés comme des IGC (Indices Géologiques de Combat), accompagnés de 12 autres métaux appelés métaux SPOT, dont l’exploitation passe par l’extraction des métaux initiaux (IGC). Ces massifs comprennent Minkébé, le mont Bombo, Belinga, Kokotiédi, Boka Boka, Bakwélé nord, Bakota sud, Babiel sud, Babiel nord, etc.

Les études réalisées en 1982 ont révélé la présence de cuivre, de molybdène et d’or, en plus du fer, avec une teneur variant entre 64 et 65 %, ce qui se classe parmi les plus élevées à l’échelle mondiale. La teneur en phosphore, utilisée comme engrais, constitue un élément pénalisant pour la sidérurgie et doit être réduite à 0,001 %.

Les géologues classent ces réserves selon les catégories B, C et D, avec des subdivisions au sein de la catégorie C, notamment les classes C1 et C2. Les réserves sont généralement calculées à partir de sondages, avec un maillage de 200 mètres sur 200 mètres. Lorsque ce maillage est resserré à 150 mètres sur 150 mètres, les réserves obtenues sont considérées comme indiquées, offrant ainsi une plus grande certitude. Toutefois, les réserves supposées sont estimées par interpolation, en se basant sur les données existantes.

Les réserves sont caractérisées en deux types, à savoir les réserves indiquées (Babiel Nord, Bakota centre) et les réserves supposées (Babiel Sud, Bakota Sud, Bakota Nord, Crête Okoumé, Ouest Avima, Crête Nabéba).

Dans son discours, le Président a largement abordé l’exploitation du gisement de fer de Belinga, Quelle est sa vision concernant l’exploitation du gisement de fer de Belinga et quel impact prévoit-il en termes de développement socioéconomique ?

Nous tenons d’abord à noter que le projet de l’exploitation de gisement de fer de Belinga intègre le 4èmeobjectif sur les six contenus dans le Communiqué n°26 à savoir le développement durable et Economique. Le Président lors de sa communication à Makokou a annoncé huit (8) projets, dont le premier porte sur l’effectivité du projet de Belinga qui a constitué la trame de son discours à Mvadhy. 

Pour répondre à votre question relative à la vision du Président sur le mégaprojet et son impact  en matière de développement socioéconomique 

Nous nous référons à son discours lors de l’événement à la place des fêtes de Mvadhy, le samedi 23 mars 2024. Il a exprimé sa fierté car le projet d’exploitation du gisement de fer de Belinga, cher à nos pères fondateurs feu Léon Mba et feu Omar Bongo Ondimba, est en train de voir le jour sous les auspices du Président de la transition et du CTRI. Dans ses propos, il a souligné « l’importance capitale du projet Belinga, notamment en raison de sa haute qualité ». Il a également précisé que « l’avenir des populations du district de Mvadhy, mais aussi celui de notre pays le Gabon, se joue à Belinga ».

Le Président a également abordé la révision des clauses de la convention qui n’avaient pas été signées sur le sol gabonais. Son objectif principal reste le « bien-être des Gabonais ».

En ce qui concerne les caractéristiques du gisement de fer de Belinga, le Président a affirmé que Belinga est un gisement polymétallique, comprenant du fer, de l’or et des métaux rares. Lors de ses échanges avec le président de Fortescue Metals Group, son interlocuteur s’est engagé à en tenir compte. Il a souligné qu’il était inutile de poser davantage de problèmes à l’entreprise, surtout après la création lors d’un Conseil des Ministres du Haut-Commissariat chargé de suivre les intérêts de Belinga, qui veillera à négocier les contrats dans l’intérêt des populations et à résoudre tout malentendu avec les travailleurs locaux, en synergie avec le gouvernement.

Quels sont les défis potentiels associés au projet de Belinga, notamment en ce qui concerne les aspects sociaux et économiques, ainsi que les questions liées à la gouvernance et à la transparence ? 

Concernant le district de Mvadhy, le Président a déclaré que « nous avons un avenir ensemble pour le district de Mvadhy ». En d’autres termes, Mvadhy est une ville en développement. Ivindo Iron, par le biais de Fortescue Metals Group, prévoit d’établir un siège administratif à Mvadhy, similaire au siège de Comilog à Moanda et à celui de Comuf à Mounana par le passé. Le Président a souligné qu’à travers le projet Belinga, de nombreux emplois seront créés. Il a mentionné dans son discours qu’il y avait actuellement 550 Gabonais employés chez Ivindo Iron, et que d’autres Gabonais des localités avoisinantes pourront également être recrutés si des compétences spécifiques ne sont pas disponibles localement. L’entreprise s’engage à « recruter et former les jeunes de la région ». À cette fin, le président de Fortescue Metals Group offre 50 places de formation en Australie aux jeunes de la région pour suivre une formation de deux ans dans les métiers miniers à partir d’août 2024.

Le Président a également évoqué la diversité des emplois autour de la mine de Belinga, soulignant le potentiel de création d’un tissu économique dynamique générant de nombreux emplois, étant donné que tous les emplois ne seront pas directement liés à l’exploitation minière. Il a encouragé les habitants du district de Mvadhy à développer un esprit entrepreneurial en créant des petites entreprises telles que des restaurants, des pressings, des stations de lavage automobile, des ateliers de mécanique, avec la possibilité de signer des contrats d’entretien pour les véhicules, ainsi que la construction de motels pour l’hébergement. Mvadhy sera transformée en une ville avec des logements, des quartiers résidentiels, des lycées, et des supermarchés, comme cela s’est fait à Gamba dans l’Ogooué-Maritime par le passé. Concernant le manque d’eau, l’État prévoit de réaliser des forages.

Au cours de leurs discussions, le président de Fortescue a promis la construction d’écoles, de routes, de quartiers résidentiels, etc., dans le cadre d’un programme de Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE) pour soutenir les habitants du district de Mvadhy. Quelques réalisations concrètes d’Ivindo Iron ont été présentées, notamment des tables-bancs pour l’école primaire de Mvadhy, des chaises et des bureaux pour les enseignants, ainsi que des équipements pour le pré-primaire.

Cependant, le Président a exhorté les habitants à mettre fin à l’orpaillage illégal. Il a encouragé les orpailleurs à se conformer aux règlements de la Société d’Exploitation Minière (SEM), et a condamné l’immigration clandestine, dont certains pourraient être responsables de ces activités.

Dans le but d’offrir davantage d’opportunités à la jeunesse de Mvadhy, il a chargé le député de la transition de lui fournir une liste de 50 jeunes pour une formation de chauffeur poids lourd à l’école de Mounana, dans le Haut-Ogooué, aux frais du CTRI.

Quant à la question du déficit d’enseignants, le Président a annoncé que le gouvernement prévoit de motiver ces derniers par le biais d’une prime mensuelle de 50 000 FCFA pour les encourager à travailler dans des zones éloignées.

Quelles sont les principales conclusions que l’on peut tirer de ce mégaprojet ?

Il est important de souligner que l’exploitation de ce gisement revêt une importance capitale pour l’économie gabonaise, offrant des perspectives de développement considérables et des opportunités pour stimuler la croissance économique du pays. Sous la direction du Président Brice Clotaire Oligui Nguéma, le gouvernement gabonais a placé ce projet au cœur de sa stratégie de développement économique, le considérant comme un symbole de progrès et de dynamisme pour le Gabon. Le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) jouera également un rôle crucial dans la réalisation de ce projet, contribuant ainsi à sa mise en œuvre efficace et à sa gouvernance.

Honorable quelles sont selon vous les retombées politiques de l’exploitation du gisement de fer de Belinga ? 

Les retombées politiques de l’exploitation du gisement de fer de Belinga sont multifacettes et peuvent avoir des implications à différents niveaux de gouvernance, de l’échelle locale à l’échelle internationale. La manière dont ce projet est géré sur le plan politique et la façon dont ses impacts sont gérés auront des répercussions importantes sur les relations politiques nationales et internationales du Gabon.

Honorable, le dialogue national qui a débuté le 02 avril 2024 est rentré dans sa phase pratique le 8 avril pour s’achever le 30 du même mois. Quel est votre regard sur ces assises ?

Le Dialogue National Inclusif est une initiative lancée par le Président de la transition, concrétisant ainsi la promesse faite aux Gabonais après le coup de libération. Les délégués participant à ce dialogue ont la lourde responsabilité d’écrire une nouvelle page de notre histoire. Tous les problèmes entravant le développement de notre pays seront examinés en détail, notamment la réécriture de la constitution, la question foncière, le problème du coût de la vie au Gabon et la redéfinition administrative. Nous attendons des résolutions concrètes à ces défis cruciaux. 

Jérémie Pazock Mayélé, votre mot de fin. 

L’avenir du Gabon, comme l’a si bien le président de République Brice Clotaire Oligui Nguema à Mvadhy. A ce titre, les filles et les fils dudit district et de la province de l’Ogooué Ivondo en général sont interpellés pour accompagner ce méga projet à travers le développement de l’entrepreneuriat pour ce qui ne seront pas directement recrutés par Ivindo Iron. Mvadhy est une localité en développement et les populations du district et la province ont bien saisi le message du président et les cadres que nous sommes restons à sa disposition chacun dans son domaine de compétence pour l’accompagner. 

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page