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Dialogue national : faut-il autoriser l’armée à intervenir en cas de violation des règles démocratiques ?

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Depuis le coup d’Etat perpétré par les Forces armées gabonaises (FAG) le 30 août 2023 qui a abouti à l’éviction du Régime Bongo-PDG et la ferveur populaire qui a suivi, de nombreux acteurs politiques et de la société civile semblent s’être faits les chantres de l’idée d’une redéfinition de ses missions notamment en matière de préservation de la démocratie. La preuve, cette question était l’un des points abordés ce lundi 08 avril 2024 au Dialogue national inclusif en l’occurrence dans la sous commission Régime et institutions politiques. 

L’un des fers de lance de cette idée pour le moins novatrice, car n’ayant jamais été appliquée dans un pays démocratique, est l’Union des forces du changement (UFC) qui lors d’un point de presse le vendredi 1er mars 2024 avait fait comme proposition que « l’armée soit un pouvoir intermédiaire avec autre mission de veiller à la dévolution du pouvoir par voie démocratique ». Une idée qui semble faire son bonhomme de chemin puisque débattue lors du Dialogue national inclusif national qui s’est ouvert le 02 avril dernier. 

Le rôle de l’armée dans un pays démocratique en débat lors du Dialogue national

Ainsi, au sein de la sous-commission Régime et institutions politiques, l’inscription de l’intervention de l’Armée dans la future Constitution de la République a été fortement débattue avec des nombreux points de divergence. Si pour certains cette inscription pourrait permettre de garantir le respect strict des règles démocratiques, notamment lors des élections présidentielles, pour d’autres, elle pourrait avoir un effet pervers, car le pays pourrait glisser insidieusement vers une dictature militaire. 

« Nous sommes dans un Etat de droit, et si on parle de séparation des pouvoirs, c’est qu’il faille mettre les corps habillés dans leur position classique. Pour moi, il y a un gros risque que le putsch soit perpétuel », a confié l’un des commissaires. Pour sa part, le politologue Pr. Grégoire Biyogo a souligné le caractère important que revêt cette question, car elle pose le problème de l’encadrement républicain. « Je pense que cet encadrement est assuré de facto par la Grande muette. Faut-il garantir cela constitutionnellement ?, c’est une autre question et la tendance actuelle est de ne pas aller jusque-là », a-t-il indiqué. 

Si aucune décision ferme n’a été prise concernant ce débat, les commissaires se sont engagés à poursuivre la réflexion. Toute chose qui démontre que la question du rôle des institutions républicaines demeure une préoccupation majeure des Gabonais, surtout que ceux-ci aspirent à l’édification d’un Etat véritablement démocratique et prospère. 

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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Un commentaire

  1. Le rôle de l’armée est de défendre la nation des menaces extérieures. Celui des forces de sécurités est de protéger l’Etat des menaces intérieures, souvent courantes. C’est dire que les forces de sécurité et de défense ne s’ingèrent pas dans les activités/actions politiques, au même titre que les magistrats. Si notre armée a pu intervenir en étroite collaboration avec nos forces de sécurité, soutenu par le peuple, c’est simplement pour libérer le pays de cette « tyrannie démocratie » systémique et légionnaire !
    Cette proposition devrait demeurer implicite au risque de créer du désordre et enfreindre le dispositif démocratique international !

    Donc non, c’est une fausse bonne idée de vouloir adopter cette loi !

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