Gabon : un chantier du ministère de l’Economie met en péril la vie d’agents publics

Depuis plus de six à sept mois, le siège social de la Haute Autorité de la Communication (HAC), situé en plein centre-ville de la capitale gabonaise, est gravement menacé par une érosion. Ce phénomène préoccupant résulte des travaux de terrassement entrepris sur une parcelle voisine. Avec l’arrivée prochaine des pluies, les inquiétudes grandissent. En effet, la situation ne cesse de se détériorer, exposant particulièrement le bâtiment annexe de la HAC à un risque imminent d’effondrement. Cette dégradation rapide interpelle, tant par son ampleur que par le silence qui l’accompagne.
Sur place, le constat est alarmant. Le bâtiment administratif, récemment rénové, se trouve désormais à seulement un mètre d’un immense cratère causé par l’érosion provoquée par les dernières pluies. La clôture qui délimitait le terrain de la HAC a été totalement emportée sur la façade jouxtant le chantier voisin. De manière paradoxale, le propriétaire du chantier a fait ériger un solide mur de soutènement inachevé pour protéger son propre édifice. Plus inquiétant encore, les effets de l’érosion dépassent les limites de la HAC. Sur le flanc gauche, les bâtiments abritant les bureaux de la Direction générale de la Chambre nationale des métiers de l’artisanat du Gabon (CNMAG) subissent eux aussi les conséquences directes de ce chantier. Sur le flanc droit, c’est une portion de la clôture de la Direction générale des Recherches (DGR) qui est menacée.

Le ministère de l’économie propriétaire du chantier ?
Face à cette situation apocalyptique, qui met en danger la vie des agents travaillant au sein de ces administrations et compromet l’intégrité d’édifices publics, nous avons entrepris d’identifier le propriétaire du chantier. Du côté de la HAC, c’est motus et bouche cousue. Il nous a simplement été déclaré que « les engins ont cessé de travailler un bon matin, sans que nous en sachions les raisons ». À la Chambre nationale des métiers de l’artisanat, en revanche, les langues se délient plus facilement. Il nous a été indiqué que le chantier relèverait du ministère de l’Économie. Une information confirmée par le gardien des lieux.
Muni de ces éléments, nous avons approché cette administration. Si plusieurs agents avec qui nous avons échangé n’ont pas démenti que le chantier appartiendrait au ministère de l’Économie, il nous a été en revanche impossible d’obtenir un rendez-vous officiel avec le Secrétaire général du ministère, pourtant désigné comme interlocuteur par le cabinet du ministre. Le sentiment général est celui d’un malaise palpable au sein de ce département ministériel. La CNMAG a, affirmé notre rédaction, avoir à maintes reprises, alerté le ministère de l’Économie, sans suite. « Notre direction générale a adressé des courriers, photos à l’appui, y compris à l’ancien ministre de l’Économie, pour signaler le danger auquel nous sommes exposés chaque jour. Nous n’avons jamais eu de retour », nous a confié une source bien informée au sein de la Chambre des métiers de l’artisanat.
La Chambre des métiers de l’artisanat menacée par l’érosion
En attendant que le ministère de l’Économie prenne pleinement conscience de la gravité de la situation, les dégâts continuent de s’aggraver du côté de la Chambre des métiers. La clôture de l’édifice s’est littéralement effondrée sous la pression de l’érosion, les lampadaires solaires installés pour sécuriser les lieux ont disparu, et un bungalow destiné aux expositions artisanales s’est également écroulé. Désormais, c’est le bâtiment abritant le Centre des ressources professionnelles qui est sérieusement menacé, au point que la direction a dû procéder à une désaffectation partielle des lieux.

À l’heure où le pays aspire à un développement durable sous l’impulsion du président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema, la préservation des infrastructures publiques doit guider l’action gouvernementale. L’arrivée d’Henri-Claude Oyima à la tête du ministère de l’Économie est perçue comme un souffle nouveau, porteur d’espoirs en matière de changement et de transparence. Ces principes doivent également s’appliquer à ce dossier, qui touche directement à la préservation des bâtiments publics. Le membre du gouvernement, qui a fait de la réduction du coût des beaux administratifs un de ses chevaux de bataille, doit éviter que la dégradation de ces édifices vienne contrarier ses objectifs.
GMT TV