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Pizolub : duel de clocher entre PCA et DG autour de la santé financière de l’entreprise

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Discours opposés, chiffres flous et gouvernance contestée : en l’espace d’une semaine, les déclarations contradictoires du PCA et du DG de Pizolub plongent le fleuron national des lubrifiants dans la confusion. Alors que Jean Koumbi Guiyedi évoque une dette insoutenable de 13 milliards de FCFA et une possible dissolution juridique, Hans Landy Ivala assure que l’entreprise est en voie de redressement.

Les discours contradictoires des plus hauts responsables de Pizolub, fleuron gabonais des lubrifiants, ont semé le trouble quant à la véritable situation financière de l’entreprise. Le 18 juin dernier, lors d’une audience avec le ministre du Pétrole et du Gaz, Sosthène Nguema Nguema, le Président du Conseil d’administration (PCA), Jean Koumbi Guiyedi, n’a pas mâché ses mots à propos de la situation chaotique de l’entreprise. 

Un dialogue de sourds au sommet Pizolub

« Nous étions à 12 milliards de FCFA de dettes, voire 13. Et à 13 milliards, la société, logiquement, n’existe plus, puisque la dette dépasse la moitié du capital social (…). Selon l’article 664 de l’Acte uniforme OHADA, Pizolub devrait être dissoute. Aujourd’hui, nous avons exposé cette situation au ministre  », a-t-il précisé. Une déclaration alarmiste qui jette une lumière crue sur les difficultés financières d’une entreprise historiquement minée par la mauvaise gouvernance et l’inefficacité. Pourtant, cette franchise contraste singulièrement avec la prise de parole, une semaine plus tard, du Directeur général Hans Landy Ivala qui a affirmé que « l’entreprise se porte bien » et qu’un « retour à l’équilibre financier est prévu pour au plus tard septembre 2025 ».

Cette divergence de communication laisse entrevoir un malaise profond au sommet de Pizolub, alors même que des mesures de redressement ambitieuses sont en cours. L’entrée de Gabon Oil Company (GOC) au capital, qui porte la participation de l’État à 71%, ainsi que l’effacement de 12 milliards de FCFA de dettes fiscales et douanières, sont autant d’éléments censés rassurer les partenaires et les employés. « Nous sommes sur la bonne voie et les efforts portent déjà leurs fruits », a martelé le Directeur général, qui accuse « une certaine presse » d’avoir amplifié des fausses nouvelles. Cette version optimiste contraste fortement avec le ton grave du PCA qui, lui, semblait mettre en évidence une situation encore précaire.

Dissonances internes et défi de transparence

La cacophonie au sommet de Pizolub alimente les doutes sur la sincérité des responsables et leur capacité à parler d’une même voix face aux enjeux économiques. Le PCA, en pointant du doigt une dette colossale qui menace la survie juridique de l’entreprise, semble vouloir tirer la sonnette d’alarme afin de forcer des décisions courageuses. À l’inverse, le Directeur général, en minimisant les risques et en affichant un certain optimisme, donne le sentiment de vouloir préserver l’image de l’entreprise. Cette divergence traduit peut-être un désaccord stratégique sur la manière de gérer la crise qui frappe cette entreprise.


Au-delà de cette rivalité implicite, c’est toute la question de la transparence et de la confiance qui est posée. Les citoyens, déjà échaudés par les scandales financiers et les promesses non tenues sous l’ancien régime, pourraient voir dans ces discours dissonants un nouvel exemple de gestion hasardeuse des entreprises publiques. La santé financière de Pizolub, entreprise vitale pour la souveraineté énergétique et industrielle du Gabon, ne saurait se satisfaire de demi-vérités ou de querelles internes. Comme le résume un expert du secteur : « L’enjeu, ce n’est pas de sauver les apparences, mais de sauver l’entreprise ».

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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