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Gabon: «progressiste» pour le gouvernement et « esclavagiste » pour les syndicats, le Code du travail continue de diviser

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Rigide, esclavagiste et déshumanisé, selon les uns, progressiste, protecteur, fruit d’une concertation parfaite, pour les autres. La réforme du Code du travail reste sujet de discorde et ce, alors que son adoption ne devrait souffrir d’aucune ambiguïté tant le parlement est majoritairement constitué de pro gouvernement.

Entamée en février 2019, la réforme du Code du travail gabonais visait à optimiser les dispositions qui y sont contenues en les adaptant aux réalités de l’environnement du travail dans notre pays. L’État, le patronat et les représentants des syndicats des travailleurs auraient mis deux années pour tailler une monture consensuelle. À ce propos, la ministre du Travail, Madeleine Berre, a soutenu que ce nouveau Code qui s’inscrit dans le cadre du plan d’accélération de la transformation (PAT), protège davantage les employés.

« Le nouveau Code du travail est un Code progressiste qui protège les droits des travailleurs et garantit la croissance des emplois », a-t-elle déclaré le 10 mars dernier. Selon le membre du gouvernement, cette réforme profonde est « un levier facilitant l’accès des jeunes au marché de l’emploi et renforçant la protection des travailleurs ». On y noterait plusieurs points d’amélioration tels la formalisation de la relation contractuelle, l’ancienneté et les conditions de rémunération et la réduction des contrats à durée déterminée (CDD) à deux ans contre 4 avant.

Pourtant, le dimanche 20 juin dernier, 14 syndicats de travailleurs ont décrié cette réforme qui serait plus « esclavagiste » qu’autre chose. En effet, dans le mémorandum lu devant la presse nationale et internationale, les travailleurs ont affirmé que « Ce code est un véritable danger qui menace le présent et l’avenir de la majorité de la population active qui contribue à la création des richesses du pays ». 

Aussi voient-ils un « diktat de position » dans l’optique de renforcer les prérogatives du patronat au détriment des employés pour ce qui notamment des droits sociaux. « Diminution des droits de la femme allaitante dans une société qui prône la décennie de la femme. La nonprotection des salariés pendant les grèves. La mise à mal du droit des syndicats », ont-ils évoqué.

Par ailleurs, les travailleurs n’ont pas manqué de pointer du doigt « la fragilisation du contrat dit CDD dont la rupture peut être notifiée aux délégués du personnel et non plus exclusivement aux travailleurs concernés », ont-ils déploré. De quoi rebattre les cartes dans un bras de fer où les deux parties semblent tenir mordicus en se rejetant la faute, au lieu d’intenter une énième conciliation en vue de garantir un environnement de travail apaisé après l’adoption dudit texte.

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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