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Gabon : Joël Mapangou dénonce le silence coupable de la société civile sur les victimes post-électorales

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Dans une sortie publique virulente, Joël Claincy Mapangou, figure politique et ancien porte-parole des victimes des crises post-électorales de 2009 à 2016, accuse une partie de la société civile gabonaise d’avoir délibérément occulté les violences d’État commises contre les civils. À quelques mois de la fin de la transition, il fustige un mutisme opportuniste devenu, selon lui, une stratégie de positionnement politique.

Une société civile plus préoccupée par les postes que par les victimes. À travers une déclaration sans détour, publiée sur ses réseaux sociaux, Joël Claincy Mapangou a interpellé la conscience collective nationale. L’ancien porte-voix des victimes des répressions électorales accuse. « Durant 20 mois de transition, les principales préoccupations de la pseudo société civile étaient la préservation de leur strapontin », a-t-il proesté. En ligne de mire, certaines organisations ayant été silencieuses face aux bavures des forces de sécurité.

Ce mutisme volontaire, selon Mapangou, contraste fortement avec les engagements éthiques et civiques que ces acteurs prétendent incarner. « Aucune conférence de presse sur les victimes, aucune dénonciation des bavures, aucun mot pour les familles endeuillées », martèle-t-il, rappelant les pertes humaines subies lors des épisodes de violence post-électorale, notamment en 2009 et 2016.

Une mémoire sélective dangereuse pour la transition

Ce rappel cinglant intervient alors que plusieurs figures de la société civile refont surface dans le débat public à l’approche des élections législatives. Pour Mapangou, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une résurgence opportuniste. « En espérant qu’ils se taisent à jamais, je suis surpris qu’ils refassent surface », lâche-t-il dans une formule qui sonne comme un avertissement.

Cette posture relance un débat plus large sur la place de la mémoire dans le processus de transition gabonais. À ce jour, aucune mesure officielle n’a été prise pour reconnaître les victimes des répressions électorales, ni pour identifier les responsabilités. Ce silence prolongé pourrait miner les fondements mêmes de la nouvelle République.

L’urgence d’une justice pour les morts oubliés

Dans un contexte où le régime de transition affirme vouloir rebâtir l’État sur des bases éthiques et républicaines, l’absence d’un processus de justice transitionnelle fait tache. Aucune commission vérité, aucune enquête indépendante, aucune réparation. Pourtant, comme le souligne un analyste politique contacté par Gabon Media Time, « il n’y a pas de paix durable sans mémoire assumée ».

Pour Joël Claincy Mapangou, cette responsabilité incombe aussi à ceux qui prétendent incarner la voix du peuple. « Vraiment, dans ce pays, la bêtise a de l’avenir », lâche-t-il, non sans amertume. Un constat dur, mais symptomatique d’un malaise plus profond dans la gestion politique de la mémoire collective.

Un silence politique aux conséquences incalculables

Alors que la transition gabonaise entame sa dernière ligne droite, l’omission volontaire des crimes d’hier pose un sérieux défi à la crédibilité des institutions futures. Si les victimes restent invisibles, si les responsables demeurent impunis, peut-on vraiment parler de rupture avec le passé ? Rien n’est moins sûr.

La sortie de Mapangou résonne ainsi comme un appel pressant à inscrire la vérité et la justice au cœur du processus en cours. Car à défaut de les entendre, ce sont les fantômes des crises passées qui pourraient, demain, hanter les promesses de la nouvelle République.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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