A La UneDerniers articlesPOLITIQUE

Gabon : Barro Chambrier annonce la construction d’un nouveau bâtiment des archives nationales 

Ecouter l'article

Le 27 juin 2025, Alexandre Barro Chambrier, vice-président du gouvernement, l’a solennellement annoncé devant les députés de la Transition : « Le gouvernement a décidé de raser le bâtiment actuel des Archives nationales et de lancer la construction d’un nouveau siège moderne, sécurisé, adapté aux normes archivistiques internationales. » Ce projet, attendu depuis des décennies, vise à offrir un environnement conforme aux standards mondiaux : conservation numérique, classement systématique, et espaces de travail adaptés. L’initiative marque une rupture avec des décennies d’oubli et de dégradation. Aujourd’hui, l’état du bâtiment est dramatique : moisissure, humidité, documents entassés sans protection. Cette décision témoigne d’une prise de conscience politique forte sur l’urgence de préserver la mémoire nationale.

Ce chantier dépasse la simple construction d’un édifice. Il symbolise un engagement envers la souveraineté intellectuelle, la sécurité juridique et la transmission du patrimoine. Car les archives ne sont pas de simples papiers anciens. Elles sont les preuves, les témoins, les outils indispensables au bon fonctionnement de l’État. L’administration, la justice, la recherche historique ou même diplomatique s’appuient sur ces documents pour statuer, comprendre, décider. Le constat actuel est alarmant : dans un bâtiment délabré, sans moyens de conservation adaptés, une grande partie du patrimoine documentaire gabonais est menacée d’extinction. L’impossibilité d’accéder aux documents entrave le travail des institutions et affaiblit l’autorité de l’État sur sa propre mémoire.

Mémoire effacée, souveraineté menacée

La récente perte, devant la Cour internationale de justice, du procès face à la Guinée équatoriale sur les îles Mbanié, Conga et Cocotier, illustre tragiquement les conséquences d’une gestion déficiente des archives. Faute de documents officiels bien conservés, le Gabon n’a pas pu fournir les preuves nécessaires pour faire valoir ses droits sur ces territoires disputés. L’impact de cette décision est historique : au-delà de la perte géographique, elle révèle une fragilité structurelle dans la capacité du pays à documenter son histoire et défendre ses intérêts. Un exemple concret et douloureux de ce que coûte, en justice et en souveraineté, l’abandon de sa mémoire documentaire. Le lien entre mémoire administrative et pouvoir étatique devient ici évident.

Le futur bâtiment des Archives nationales est donc plus qu’un simple projet d’infrastructure. Il représente un outil stratégique de gouvernance. Sa construction offrira aux archivistes des conditions de travail dignes, à l’administration un accès fiable à l’information, et à la nation une protection durable de ses preuves historiques. Cette dynamique nouvelle devra s’accompagner d’une réforme en profondeur : formation des personnels, numérisation massive, sensibilisation des institutions à l’importance des documents publics. Si la volonté politique est maintenue, ce chantier pourra marquer la fin d’une ère de négligence et le début d’un véritable sursaut mémoriel.

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GMT TV

Bouton retour en haut de la page