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Gabon : Ali Bongo et sa famille en exil nocturne à Luanda, le silence assourdissant du Gouvernement

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C’est par une publication sobre, mais lourde de symboles, que la présidence angolaise a levé le voile sur l’un des secrets les mieux gardés de la sphère politico-diplomatique gabonaise. Ce vendredi 16 mai 2025, la page officielle de la présidence de la République d’Angola a annoncé l’arrivée à Luanda de l’ancien président Ali Bongo Ondimba et de sa famille, confirmant ainsi leur exfiltration discrète vers le pays du président João Lourenço.

Une nouvelle qui, une fois encore, n’a fait l’objet d’aucune communication officielle de la part du gouvernement gabonais. Pas un mot du ministère des Affaires étrangères. Pas une ligne du service de presse de la Présidence. Un mutisme institutionnel que beaucoup jugent préoccupant, voire irrespectueux, à l’égard d’un peuple en quête de vérité et de transparence, surtout lorsqu’il s’agit d’un ancien chef de l’État déchu.

Une absence de communication qui interroge

Depuis le coup d’État du 30 août 2023, qui a mis fin à plus de 56 ans de règne ininterrompu de la famille Bongo et du Parti Démocratique Gabonais (PDG), le besoin d’une gouvernance exemplaire et responsable s’est imposé comme une exigence centrale de la Transition. Or, la communication gouvernementale semble jusqu’à présent se résumer à la lecture solennelle du communiqué final du Conseil des ministres, déconnectée des préoccupations de l’heure.

La décision de libérer et d’exfiltrer l’ancien président et ses proches, dont la Première dame Sylvia Bongo et leur fils Noureddin Bongo Valentin, sans explication publique, suscite des interrogations majeures. Que reste-t-il de l’engagement de transparence tant prôné par le régime de la Cinquième République ? Sur quels fondements juridiques et politiques repose ce départ ? Le peuple gabonais n’a-t-il pas le droit de comprendre les dessous de ces décisions sensibles ?

De la Transition à l’élection d’Oligui Nguema

Pour mémoire, le 30 août 2023, quelques heures à peine après la proclamation controversée des résultats de la présidentielle par le Centre gabonais des élections (CGE), un groupe d’officiers réunis au sein du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), conduit par le général Brice Clotaire Oligui Nguema, mettait fin au régime Bongo. Un coup de force applaudi par une large partie de la population.

Depuis, une transition politique inédite a été mise en place, ponctuée par la tenue d’un scrutin présidentiel le 12 avril 2025, au terme duquel le général Oligui Nguema a été élu président de la République avec un score sans appel de 94,85 % des suffrages exprimés.

Une République de droit, ou une communication de convenance ?

Si le retour à l’ordre constitutionnel a été salué tant au niveau national qu’international, la gestion opaque de certains dossiers, dont celui de la famille Bongo, jette une ombre sur les ambitions de renouveau. Il est impératif que le gouvernement de la Cinquième République sorte d’une logique de communication cérémonielle pour s’ancrer dans une transparence continue, répondant aux attentes d’un peuple qui a déjà trop longtemps été tenu à l’écart des décisions politiques majeures.

Plus qu’un acte de diplomatie bilatérale, le départ de l’ancien président Bongo vers Luanda interroge sur les contours réels de la justice de transition. Pour l’instant, c’est la présidence angolaise, et non les autorités gabonaises, qui a informé le peuple. Un paradoxe dans une République qui promettait, au nom du serment présidentiel, de « respecter et défendre fidèlement la Constitution et l’État de droit ».

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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