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Pr Christian Gambotti: «La cartographie au service de la gestion durable de la forêt gabonaise»

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Claude Boisson, le directeur général de la société CERENE, a fait de la cartographie l’outil indispensable pour une gestion durable des forêts et la valorisation des ressources forestières. Historiquement, la cartographie et les cartes ont toujours été des outils essentiels de la puissance des nations. Adossées à la révolution digitale qui permet le stockage et la gestion des données, les cartes offrent une représentation précise et pertinente de phénomènes complexes. Elles permettent d’appréhender rapidement les réalités d’un territoire, que ces réalités soient politiques, géographiques, économiques, sociales, culturelles ou environnementales, etc. Aujourd’hui, la cartographie permet de répondre efficacement au défi de la gestion durable de la forêt africaine.

Désormais conscients de l’importance de leurs forêts, de nombreux Etats africains ont choisi d’en établir la cartographie à des fins de meilleure gestion. Réaliser une cartographie se déroule en quatre étapes : 1) Définition du projet cartographique (domaine sur lequel porte le projet de carte) ;
2) Collecte d’informations à représenter ;
3) Sélection de ces informations en fonction de l’objectif à atteindre ;
4) Création de la carte avec ses composantes iconographiques et ses légendes.

Gabon, une gestion exemplaire de la ressource forestière
 
Impulsée par le Président Ali Bongo Ondimba et son ministre de l’Environnement Lee White, la gestion durable de ses forêts par le Gabon est un exemple pour les pays d’Afrique centrale. Fer de lance de la lutte contre le réchauffement climatique, le Gabon avait été désigné comme porte-parole de l’Afrique, lors de la COP26, à Glasgow. Le pays s’est à nouveau engagé à préserver sa forêt, qui couvre 85% de son territoire. Ces dernières années, face à la baisse de ses revenus pétroliers, le Gabon s’est retrouvé dans l’obligation de renforcer l’exploitation de cette ressource économique.

Ministre intransigeant et rigoureux, Lee White est le garant d’une politique forestière qui voit le jour lors du Sommet de Rio sur la Terre en 1992, lorsque le président Omar Bongo Ondimba mesure le coût environnemental d’une politique forestière qui n’est pas planifiée. Le Gabon s’est engagée dans un vaste programme qui doit permettre une meilleure protection de l’environnement et une gestion durable des ressources forestières.

Dans le cadre de la REDD (Reducing emissions from deforestation and forest degradation), qui instaure un marché international de carbone, le pays perçoit les premiers paiements internationaux (14,3 millions d’euros) en contrepartie du carbone supplémentaire séquestré grâce aux mesures de lutte contre la déforestation. L’action de Lee White vise à faire du Gabon un acteur incontournable sur les marchés internationaux de la compensation Carbone.

Cartographie de la forêt gabonaise
 
Des Etats africains se tournent vers la société française, CERENE, ex-filiale cartographique d’Electricité de France (EDF) et de Gaz de France (GDF), leader français des services et systèmes d’informations géographiques (SIG) qui, depuis plus de 50 ans, a réalisé une grande partie des inventaires forestiers régionaux pour le compte de l’ONF (Office National des Forêts) en France.
Pour Claude Boisson, le Directeur Général de CERENE, « il s’agit de fiabiliser et sécuriser les données géographiques forestières dans une base numérisée, unique, homogène, et fiable, de mettre en place les outils et mécanismes qui vont permettre la valorisation de la ressource  forestière, d’effectuer un inventaire forestier national et une évaluation de sa biomasse en tonnes de carbone évitées (tCO²e) qui sera commercialisée sur les marchés internationaux de carbone. » Ce marché représente pour le Gabon des recettes fiscales durables sur la période 2022-2030.

Financements

Afin d’aider les pays en développement à intégrer les préoccupations environnementales à leur politique de développement, les crédits REDD sont apportés par les pays industrialisés et riches. Les bailleurs de fonds interviennent aussi dans le cadre du REDD, la Banque mondiale dispose d’un fonds de 300 millions de dollars dédié aux aspects « carbone », le Forest Carbon Partnership Facility (FCPF). Le Partenariat pour le carbone (PCF), une autre institution de la Banque mondiale, concerne les domaines de l’énergie, des transports, du développement urbain et l’ensemble des secteurs liés au développement de l’efficacité énergétique afin de lutter contre le réchauffement climatique. Le recours aux crédits-carbone, insuffisamment utilisés, permettrait aux Etats africains de financer leur trajectoire de développement.

Pr Christian Gambotti

Agrégé de l’Université, Président du think tank Afrique & Partage – CEO du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain).

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