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Rachat d’Assala : sous pression, l’État gabonais dispose de moins d’un mois pour trouver les 790 milliards

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Annoncé quelques mois à peine après l’arrivée au pouvoir du Général Oligui Nguema, qui l’a d’ailleurs confirmé à la faveur de son premier discours à la nation, le rachat des actifs d’Assala peine pourtant à être finalisé. Prise par l’Etat gabonais en mettant en avant son « droit de préemption », cette initiative semble, selon plusieurs analystes, notamment ceux de Standard & Poor’s Global Ratings et Fitch Ratings, avoir du plomb dans l’aile à défaut de plomber un peu plus notre économie. Les premiers estimant que le délai de 80 jours sur lesquels s’étaient entendus l’Etat gabonais et Carlyle, ne permettaient pas de réunir les fonds nécessaires, les seconds estimant qu’une telle opération mettraient en péril la situation des finances publiques. 

« Dans l’optique d’augmenter nos recettes, nous avons décidé de faire valoir les droits de préemption de l’Etat pour le rachat de la société pétrolière Assala. C’est un acte de grande portée nationale qui permettra à la République de marquer sa souveraineté dans le secteur pétrolier, poumon de notre économie. » Des mots forts du président de la transition, confirmant une opération de grande envergure. Seulement voilà, l’Etat gabonais qui vit une période stressante et délicate de transition, déjà sous le coup d’une dette colossale de plus de 7000 milliards de FCFA, ne disposait à ce moment, pas des fonds nécessaires, selon plusieurs sources. Une information que viennent d’ailleurs de confirmer les analystes de Standard & Poor’s Global Ratings. 

Les doutes de Standard & Poor’s et les inquiétudes de Fitch Ratings

En effet, dans une note d’informations à l’attention des investisseurs parue ce lundi 29 janvier 2024, l’entité spécialisée en analyses financières sur des actions et des obligations, insiste sur le fait que l’Etat gabonais ait « fait appel à des sociétés de négoce pour l’aider à financer un accord de 1,3 milliard de dollars pour la compagnie pétrolière Assala du fonds Carlyle », confirmant au passage ses difficultés de trésorerie. Prenant ensuite l’avis des “initiés”, les analystes de S&P Global estiment tout bonnement que « cette première opération dans le secteur pétrolier depuis le coup d’État d’août est vouée à l’échec sur le plan financier et politique et qu’elle nuit au climat d’investissement des membres de l’OPEP ». Rien que ça. 

Rejoignant les inquiétudes des analystes financiers de l’agence de notation américaine Ficth Ratings, qui pour leur part estiment que « l’acquisition potentielle des actifs pétroliers d’Assala exercera une pression supplémentaire sur les dépenses publiques », ces conclusions de S&P Global jette l’effroi sur les risques budgétaires qui entourent désormais cette opération aux relents nationalistes. Une opération dont la première partie devrait coûter au minimum 441 milliards de FCFA et la seconde près de 363 milliards de FCFA pour un total de plus de 800 milliards de FCFA. Le tout sachant que ces actifs nécessiteront des investissements et dans un contexte de désendettement, de recrutements de nouveaux agents publics, de déficit infrastructurel, pour ne citer que ça. 

Un deal « impossible » à conclure, Maurel & Prom en embuscade

Si cette idée de rachat d’Assala, deuxième opérateur du pays avec 45000b/j, par le Général Oligui Nguema était intéressante d’un point de vue « souverain » et patriotique, en plus de  refléter une « restructuration de l’industrie dans un contexte d’exode des sociétés pétrolières et de nationalisation des ressources par les gouvernements africains », l’ensemble des informations dont nous disposons et dont devaient également disposer les collaborateurs du président de la transition, laissent penser que cette opération est « impossible » à conclure comme l’a d’ailleurs souligné NJ Ayuk, président de la Chambre africaine de l’énergie à S&P. Ce dernier allant même plus loin en affirmant « la préemption n’est pas mauvaise… [mais] elle ne devrait pas être utilisée inutilement au nom du nationalisme des ressources ». 

Eviter le cas du Tchad avec Chevron et Glencore

Au final, entre risques trop élevés pour les investisseurs privés, sauf bien sûr pour Maurel & Prom toujours à l’affût dans ce dossier et qui pourrait d’ailleurs finalement rafler la mise, l’exemple du Tchad qui en 2014 avait dû se rapprocher du négociant suisse Glencore pour obtenir les 1,4 milliard de dollars nécessaires au rachat des actifs de Chevron dans le pays tout comme le Gabon aujourd’hui, devrait pouvoir nous servir en ce sens, sachant que les autorités tentent de rallier Trafigura, un autre négociant Suisse, à sa cause. Les autorités de la transition gagneraient donc à revoir leur stratégie concernant cette opération, surtout quand on sait le montant qu’elle devrait coûter. Un montant qui n’est d’ailleurs pas encore clairement défini dans le PNDT 2024-2026, preuve d’une certaine hésitation.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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2 commentaires

  1. tous les lobbys sont debout pour faire avorter le projet de rachat d’assala incroyable. Lever les fonds quand les réserves sont certifiés est un jeu d’enfant, mais on veut faire croire aux gabonais que c’est impossible. Continuez a prendre les salaires de misères que ces compagnies vous donnent pendant qu’eux ils se gavent.

  2. Des stratégies sadiques visant à décourager le président de la transition. Ce ne sera pas là première que le Gabon s’endette, d’autant plus que cette fois-ci c’est pour la bonne cause: notre indépendance économique. Le Gabon appartient à Jésus, C’est enfin notre essor vers la félicité !

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