Gabon : inéligibilité des acteurs de la Transition à l’exception du président du CTRI

La promulgation récente du Code électoral 2025 en République gabonaise a clarifié les conditions d’éligibilité et d’inéligibilité des différents acteurs politiques, notamment ceux impliqués dans la Transition. Ces dispositions visent à garantir une neutralité institutionnelle et à poser les bases d’un processus électoral crédible et équitable.
Le Code électoral énonce explicitement que les membres des institutions de la Transition, y compris les membres du gouvernement et les principaux responsables des organes de contrôle, ne peuvent se porter candidats aux élections organisées pendant ou immédiatement après leur mandat. Cette mesure s’applique notamment aux acteurs clés comme les membres du Comité pour la Transition et la restauration des institutions (CTRI) et du gouvernement de Transition.
Selon les dispositions du texte, cette règle vise à éviter toute situation de conflit d’intérêt, où les responsables de l’organisation des élections pourraient également être candidats. En effet, permettre à ces acteurs de concourir aux élections pourrait compromettre la transparence et la sincérité du scrutin. L’objectif est d’assurer une impartialité totale des institutions de Transition dans le processus électoral, tout en consolidant la confiance des citoyens.
Le cas spécifique du Président de la Transition
Contrairement aux autres membres de la Transition, le Président de la Transition bénéficie d’un régime spécifique. Bien que le texte ne l’exclue pas formellement de l’éligibilité, sa situation fait l’objet de vifs débats. D’un côté, certains estiment qu’un président de Transition candidat pourrait affaiblir l’image d’équité et de neutralité attachée au processus. Cette position est souvent défendue par des acteurs de la société civile et des observateurs internationaux, qui y voient un risque de captation des institutions par une personnalité unique.
D’un autre côté, il est avancé que le Président de la Transition, s’il respecte toutes les conditions d’éligibilité prévues par le Code électoral, devrait pouvoir se présenter. Ses partisans invoquent des arguments de continuité politique, estimant qu’il pourrait capitaliser sur les réformes entreprises pour stabiliser le pays. Cependant, une telle candidature nécessiterait des garanties supplémentaires de transparence pour dissiper les craintes d’un processus biaisé.
Analyse : entre impartialité et continuité politique
Le choix d’exclure les membres de la Transition de l’arène électorale immédiate s’inscrit dans une volonté de rompre avec les pratiques du passé. Cette mesure, inspirée par les expériences d’autres pays en transition démocratique, renforce la crédibilité des institutions chargées de superviser le processus électoral.
Toutefois, la situation du Président de la Transition pose une problématique délicate. Si l’éligibilité de ce dernier peut être perçue comme une contradiction à l’esprit de neutralité, elle pourrait également permettre de consolider certaines avancées politiques. La décision finale dépendra largement de la perception qu’auront les citoyens et les partenaires internationaux de la Transition gabonaise.
Perspectives : quels enjeux pour les prochaines élections ?
L’interdiction d’éligibilité pour les acteurs de la Transition pourrait créer un précédent positif pour le Gabon en matière de gestion des transitions démocratiques. Cependant, elle devra s’accompagner de mesures robustes pour garantir l’indépendance des institutions électorales. Le Président de la Transition, s’il choisit de se présenter, devra démontrer une transparence exemplaire et une séparation nette entre ses fonctions actuelles et sa campagne, afin d’éviter toute suspicion de favoritisme.
En somme, cette période de Transition constitue une opportunité unique pour le Gabon de prouver son engagement en faveur de la démocratie et de la restauration institutionnelle. La manière dont sera géré ce délicat équilibre entre neutralité et continuité politique déterminera la crédibilité des prochaines échéances électorales.
C’est bien qu’il y ait cette interdiction des membres de la transition politique gabonaise, de se présenter aux élections présidentielles de cette année, pour plus de transparence et de neutralité des acteurs politiques impliqués dans l’organisation de ces élections.
Mais l’exceptionnalité de Olingui de se présenter, permet au fond le retour des situations de partialité qu’on a voulues éviter si certains acteurs de la transition politique gabonaise se présentaient aux élections présidentielles de cette année, donc je ne vois pas un signe positif que vous voulez dans cette candidature de Olingui, la continuité (de l’expérience) du fonctionnement de la refondation de l’État que vous évoquez comme l’une des raisons de ce signe positif dans la candidature de Olingui, ça ne tient pas la route, car toute nouvelle personne élue peut l’acquérir, car ne dit-on pas que l’État est une continuité?!. Donc voilà.
Et je trouve même que, ce manque de neutralité sera encore renforcé avec la candidature de Olingui, puisque pratiquement tous les acteurs de la transition politique gabonaise doivent leurs postes à Olingui, et ne veulent pas pour l’heure le contrecarrer à cette élection présidentielle 1ere, post transition. Ainsi même si on permettait à tous ces acteurs de se présenter aux élections présidentielles de cette année, ils n’allaient pas le faire, pour laisser le « boulevard » à Olingui.
Donc pour garder leurs postes ou du moins espérer être toujours présent dans la prochaine haute administration (gouvernement, pouvoir judiciaire, etc…), tous ces acteurs travailleront y compris si nécessaire en faisant des fraudes pour que Olingui gagne ces élections présidentielles. Et puis, je ne vois pas Olingui lui-même laisser se « faire battre » a cette élection présidentielle qu’il organise lui-même, même si ces acteurs politiques ne s’engagent pas à faire gagner Oligui même par fraude (probabilité faible qu’ils s’engagent pas dans cette voie), Olingui lui-même fera de son mieux de gagner ces élections présidentielles, car comme le disait son maître d’antan Omar Bongo, « on organise pas les élections pour les perdre », voilà.
En outre, concernant ce timing de ces élections présidentielles, c’est vrai il faut dire que, le timing est trop accéléré pour une telle élection, mais en même temps les Gabonais doivent se rejouir que le calendrier de la transition accélère, car ailleurs notamment en Afrique de l’ouest (Mali, Burkina et Guinée), les transitions s’éternisent, et malgré que ça s’éternise, aucun avancement clair dans beaucoup de choses sur la refondation de l’État (si c’est pas seulement dans la lutte contre le terrorisme, qui bien entendu n’est pas négligeable dans le contexte de ces pays, mais c’est insuffisant pour la refondation de l’État dans ces pays quand on connaît la déterioration étatique de ces pays), alors que les putschistes dans ces 3 pays prétendent qu’ils travaillent sur la refondation de l’État dans tous les aspects, d’où il leur faut assez du temps pour la transition.
C’est vrai aussi que la transition doit être une période de refondation, mais de l’autre côté il faut comprendre que la refondation d’un État est un processus long et presque permanent, on voit en Europe, comment les institutions sont amendées tout le temps. Pour parler que de la France, historiquement proche du Gabon et de tous les pays africains dits francophones, il ya un débat sur la proportionnelle pour les élections législatives, alors qu’on pouvait se dire qu’en France,ce débat n’allait plus exister, ça allait être réglé depuis les lustres vu que c’est un vieux État démocratique. Donc voilà.
J’espère quand même en fin de compte qu’Olingui et ses comparses organiseront une élection vraiment transparente, même s’il est lui-même candidat, comme on le voit venir.
Sinon ça serait des élections au temps des Bongos, ou comme, ça se passe encore dans beaucoup de pays africains, comme au Togo avec des élections truquées clairement, et même des changements constitutionnels hors la loi pour passer d’un régime politique à un autre, sous prétexte d’apporter plus de démocratie au Togo, rires (comme s’il y avait dejà la démocratie au Togo, alors que c’est pas le cas), alors que le vrai objectif est de protéger davantage le pouvoir des Eyadéma.
Voici le lien sur mon article scientifique que j’ai écrit sur ce sujet, pour les intérressés:
https://www.academia.edu/116908166/Changement_Constitutionnel_au_Togo_Instauration_du_R%C3%A9gime_Parlementaire_Faure_Gnassingb%C3%A9_le_Boulanger_de_Lom%C3%A9_Monarque_pour_toujours