Gabon : guerre de tranchées autour de la paternité de la CNR entre Moulengui Boukossou et Jean Ping

Plus rien ne va entre Jean Ping, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2016 et Vincent Moulengui Boukossou au sujet de la paternité de la Coalition pour la nouvelle République (CNR), une plateforme créée au lendemain des violences post-électorales de 2016 pour organiser la lutte contre le régime d’Ali Bongo, et qui comprenait en son sein plusieurs formations et figures emblématiques de la politique.
Tout est partie d’une sortie publique de la CNR tendance Moulengui Boukossou, qui se dit porte-parole de la plateforme, dénonçant les velléités de conservation du pouvoir par le général Brice Clotaire Oligui Nguema et le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). La réaction de Jean Ping ne s’est cependant pas faite attendre.
Quelques jours plus tard, l’ancien chef de file de l’opposition gabonaise, qui s’est rapproché des actuels tenants du pouvoir, a dénoncé l’usurpation de son image, et du logo de la Coalition, dont il se dit toujours président. Toute chose qui a entraîné une réaction de Vincent Moulengui Boukossou, qui a rendu public un communiqué ce vendredi 24 janvier 2025 dans lequel il qualifie la CNR tendance Jean Ping de « CNR informelle ».
Moulengui Boukossou, représentant légitime de la CNR ?
C’est en tout cas ce que laisse entrevoir le communiqué dont Gabon Media Time a reçu copie. En effet, pour s’arroger la légitimité de la Coalition pour la nouvelle République, Vincent Moulengui Boukossou a rappelé que cette dernière, à l’origine était « un vaste mouvement informel de résistance au pouvoir déchu ». Il précise que cette version informelle a pris fin avec le coup d’Etat du 30 août 2023, et acté selon lui, par une confirmation de Jean Ping lors d’un discours tenu le 11 septembre 2023 à son retour de Paris.
« Cinq partis politiques de la CNR informelle ont jugé nécessaire de formaliser le mouvement (…). Cette CNR est désormais un groupement de partis politiques constitué conformément aux dispositions de la loi 24/96 du 6 juin 1996 modifiée », a-t-on pu lire. C’est donc sur la base de ces démarches effectuées que la Coalition qui se dit aujourd’hui « formelle », et qui affirme mener « librement et légitimement est activités sur la base d’une charte déposée au ministère de l’Intérieur ».
Tout en affirmant que la présidence tournante de cette CNR est assurée actuellement par Vincent Moulengui Boukossou, les auteurs du communiqué précisent que « les membres qui composent la CNR légalement constituée ne sont pas des dissidents mais ils sont, tout autant que d’autres, dépositaires de l’histoire de la résistance ».
Fort de tout cela, Vincent Moulengui Boukossou soutient qu’il n’existe qu’une seule Coalition pour la nouvelle République, « celle légalement constituée, présidée par le responsable d’un des partis qui la composent ». Rappelons que, si depuis les débats autour de l’inéligibilité des bi-nationaux, Vincent Moulengui Boukossou et ses camarades ont affiché une farouche opposition à la gouvernance du CTRI, Jean Ping s’est muré dans un silence assourdissant face à certaines dérives de la transition.
GMT TV