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Médias : le journal en ligne Dépêche 241 suspendu pour crime de lèse-majesté contre Mborantsuo ?

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Alors que les professionnels des médias peinent encore à encaisser la mise en garde à vue du directeur de publication de Gabon Media Time et de 3 de ses journalistes à la Direction générale des recherches (DGR), une nouvelle épée de Damoclès vient de s’abattre sur un autre média. En effet, c’est par le biais d’une notification émanant de la Haute autorité de la communication (HAC) que le média en ligne Dépêche 241 a été informé de son interdiction de diffusion jusqu’à nouvel ordre à la suite d’un reportage analysant le règne de l’ancienne présidente de la Cour constitutionnelle Marie-Madeleine Mbrantsuo. 

Notre confrère Dépêche 241 aurait-il commis un crime de lèse majesté en critiquant les 32 ans de règne controversé de celle que l’on surnommait la « Tour de Pise »? C’est la question qu’on pourrait se poser au lendemain de la Décision référencée n°000040/HAC/2023 portant suspension dudit média. En effet, dans ce document signé du président Germain Ngoyo Moussavou le média en ligne est accusé d’avoir porté atteinte à l’unité nationale

Au nombre des propos qui auraient semble-t-il heurté les Conseillers membres de la Haute autorité, on peut citer « la Cour constitutionnelle baptisée « Tour de pise » a cautionné durant les trentes dernières années la forfaiture du régime despotique Bongo PDG en validant quasi systématiquement les résultats tronqués des élections présidentielles au mépris des aspirations du peuple gabonais et en violation de leurs serments ». La HAC pointe du doigt également le fait que Dépêche 241 a soutenu que « Marie-Madeleine Mborantsuo sans pudeur, sans retenue et sans honte aucune (…) que celle qui a volé consencieusement plusieurs élections au peuple Gabonais pendant plus de trois décennies ».

Une suspension curieuse contre Dépêche 241

Toute chose qui pour Germain Ngoyo Moussavou et les membres de la HAC aurait contrevenu aux règles d’éthique et de déontologie et que ce reportage violait « les droits et la dignité d’autrui, ils ont estimé que cette analyse constitue une « incitation à la haine et qu’il porte atteinte à l’unité nationale et à la cohésion sociale ». Sauf qu’après cet argumentaire plus ou moins discutable, le gendarme des médias a appuyé sa décision sur le fait que Dépêche 241 ne dispose pas d’une autorisation de diffusion pour prononcer sa suspension pure et simple. 


Un jeu de jambe footballistique qui, il faut le souligner, ne manque pas de susciter des interrogations. En effet, alors qu’elle est l’organe en charge de la délivrance des autorisations, la HAC s’érige sans aucun doute comme juge et bourreau, car susceptible de régulariser ou non le média dont la procédure est actuellement en cours.  À travers, cette décision qui pourrait être interprétée sous le prisme d’une demande exprès de l’ancienne présidente de la Haute juridiction, la HAC vient une fois de plus d’égratigner la liberté de la presse.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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