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Gabon : dépassée par les violences en milieu scolaire, Camélia Ntoutoume se fourvoie dans le tout répressif

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​​La diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant une altercation entre des élèves des lycées Bantsantsa et Bac Aviation a choqué la communauté éducative de Port-Gentil. Un déchaînement de violence qui a entraîné la tenue d’un conseil de discipline qui s’est soldé par l’exclusion définitive de 22 jeunes compatriotes assorti d’une interdiction de s’inscrire dans tout établissement pendant trois ans. Une décision qui interroge toutefois sur les mesures de suivi de ces jeunes durant les trois prochaines années. 

La question des violences en milieu scolaire s’est imposée au fil des années en véritable enjeu de politique publique. Si cette violence s’est accrue et a même muté de part l’ampleur des sévices corporelles infligées au victimes, la réponse de l’Etat, toujours orientée vers le tout répressif, n’a jamais permis d’endiguer le phénomène. Au contraire, en l’absence d’un plan élaboré, ces jeunes sortis du système éducatif finissent par grossir les rangs d’une délinquance de degré supérieur. Toute chose qui devrait alerter le ministre de l’Education nationale, Camélia Ntoutoume-Leclercq sur le spectre de la fabrication d’un corps de jeunes délinquants.

Quelles perspectives pour des jeunes sortis du système éducatif ? 

Si l’exclusion définitive d’un jeune qui s’adonne à de la violence est une solution qui peut avoir des effets dissuasifs sur le reste du groupe, elle apparaît bien plus comme une solution spectacle, que ses instigateurs se complaisent à prononcer pour faire prévaloir une supposée autorité, qui à terme produit des effets pervers que l’Etat se devra ensuite de réparer. En effet, en dépit du fait que Camélia Ntoutoume-Leclercq est au fait de la problématique des violences en milieu scolaire depuis quatre ans déjà, aucune vision d’ensemble n’a été élaborée pour endiguer le phénomène.


Si des campagnes de sensibilisation contre les violences en milieu scolaire ont souvent été présentées comme des solutions révolutionnaires, elles ne peuvent à elles seules constituer une réponse efficiente. En effet, la sensibilisation et la répression n’ont de sens que si elles s’inscrivent dans un plan d’ensemble, qui intègre à la fois le suivi du jeune y compris dans son milieu familial, des alternatives à la scolarisation, voire des perspectives de réinsertion pendant et après le prononcé d’une sentence disciplinaire, la mise en place d’outils d’évaluation du dispositif. Si pour l’heure Camélia Ntoutoume-Leclercq et ses équipes se ruent vers des solutions expéditives au risque d’exposer 22 jeunes gabonais à un échec social programmé, peut-être faudrait-il que le président de la Transition, qui a déjà démontré son attachement à une formation de qualité, s’intéresse à la mise en oeuvre d’un plan d’action transversal, qui associe différents départements ministériels.

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