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Gabon : l’affaire Opiangah, un révélateur des failles du système judiciaire ?

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L’affaire Hervé Patrick Opiangah continue de faire couler beaucoup d’encre, suscitant interrogations et indignation jusque dans les rangs du Syndicat national des magistrats du Gabon (SYNAMAG). Dans une rare confession anonyme faite par le journal L’Objectif, un magistrat a exprimé sa consternation face aux irrégularités procédurales qui entourent ce dossier, dénonçant ce qu’il qualifie de « dérive judiciaire aux relents politiques ».

Selon le magistrat, qui a requis l’anonymat, le traitement de l’affaire Opiangah est un exemple criant des lacunes d’un système judiciaire en quête d’indépendance. « En tant que magistrats, nous sommes censés être des lumières qui éclairent la cité. Pourtant, ce dossier révèle une instrumentalisation flagrante des procédures, loin des principes d’équité et de justice », déplore-t-il, rapportent nos confrères du journal L’Objectif.

Le magistrat pointe notamment l’absence d’un plaignant légitime dans cette affaire, une incohérence qui, selon lui, aurait dû suffire à classer le dossier. « Le parquet n’a jamais mentionné de manière claire le plaignant ni sa qualité. Par ailleurs, les preuves manquent pour soutenir les accusations. Il s’agit d’un vice de procédure flagrant », explique-t-il, rappelant que la justice doit s’appuyer sur des bases solides pour instruire une affaire.

Le spectre de l’instrumentalisation politique

Au-delà des carences techniques, la gestion de cette affaire met en lumière un risque d’instrumentalisation de la justice. L’intervention de militaires, les perquisitions controversées et l’arrestation de proches d’Hervé patrick Opiangha sont autant d’éléments qui interpellent l’opinion publique. « Pourquoi mobiliser la Garde républicaine et les services spéciaux pour une affaire privée ? C’est une dérive inquiétante qui nuit à la crédibilité de notre justice », affirme le magistrat.

Pour ce membre du SYNAMAG, l’affaire Opiangah est symptomatique d’un système en crise. « Nous devons repenser la relation entre le judiciaire et l’exécutif. La justice ne doit plus être le bras armé du politique, sinon nous compromettons l’État de droit », alerte-t-il.

Le magistrat appelle à classer sans suite l’affaire de mœurs reprochée à Hervé Patrick Opiangah en l’absence de preuves tangibles et invite les autorités à garantir son retour en sécurité. Selon lui, seule une réforme profonde permettra de restaurer la confiance dans les institutions judiciaires.

La justice gabonaise à un tournant. Alors que le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) prône un renouveau, cette affaire pourrait devenir un test de l’engagement du Gabon en faveur d’un véritable État de droit. « Vivement que la restauration de la justice soit une priorité pour garantir le droit à tous », conclut-il.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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