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Gabon : 4 ans après, faut-il classer sans suite l’affaire Rinaldi ?

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Enlevé à l’affection de sa famille le 12 janvier 2020 au village Abbé Bidzang dans le département du Ntem, bébé Rinaldi Abagha Ngoua rentre d’emblée dans la case des enquêtes impossibles au Gabon. Au même titre que l’affaire Serge Egniga, il serait judicieux que la justice gabonaise admette son incapacité à résoudre cette enquête qui a pourtant connu plusieurs rebondissements liés aux révélations et aveux portés sur la place publique. La famille n’aura plus qu’à faire le deuil du « bébé blanc ».

Si l’affaire Rinaldi avait mis en émoi tout le pays, il est déplorable de constater que les dénonciations se sont limitées sur la toile. À croire que retrouver un enfant de 5 ans semble être une équation insoluble pour la justice gabonaise. Et ce, malgré les aveux et les preuves dont disposaient Erlyne Antonella Ndembet et André Patrick Roponat. Sous Paul-Marie Gondjout, le statut quo semble bien prendre forme. Plus personne n’évoque cette disparition même Perrine Ada Obiang qui avait annoncé la couleur en prenant son poste de Procureur d’Oyem.

De la nécessité d’apaiser les cœurs de la famille biologique !

Qui peut avec exactitude prétendre être capable de perdre de vue son enfant dans les circonstances que celles de l’affaire Bébé Rinaldi ? La réponse coule de source : personne. Pourtant c’est l’attitude que devrait adopter sa jeune maman Ida Maicha Mete Abagha. Bachelière depuis, cette Gabonaise battante vit avec le spectre de son petit blanc qui aurait certainement voulu passer son enfance avec sa génitrice. Le 28 octobre 2023, elle célébrait par contumace son « bébé Rinaldi » qui aurait déjà approché les 10 ans sur terre. 

Mais comme chaque année, la Journée internationale des enfants disparus devrait, on l’espère, amener le ministre de la Justice à classer « sans suite » cette affaire qui n’a que trop duré. L’incurie de ses prédécesseurs et du chef des poursuites en poste depuis plus de 3 ans, devrait l’y contraindre. Et ce, au nom de la morale et du respect à l’égard de la famille anxieuse. Comment expliquer que 4 ans après, il soit impossible de savoir ce qui est arrivé à ce bambin enlevé par un de ses oncles à une dizaine de kilomètres de Bitam ? 

Des aveux et la condescendance du parquet d’Oyem

Au temps chaud de l’affaire, l’opinion publique était estomaquée de lire une tribune offerte au procureur d’Oyem qui se dedouanait dans les colonnes d’Échos du Nord. Rodrigue Mfoumou Ondo avait déclaré « l’enfant n’a pas disparu au parquet de la République d’Oyem ». Sapristi ! Que dire des aveux de Morelle Avezo’o ? Présumée meurtrière de deux enfants à Batouri, cette dernière avait avoué avoir reçu le porté disparu dans sa demeure et ce, grâce à son compagnon de vie qui annonçait des ventes de l’enfant. 

Pour rappel, le lundi 12 janvier 2020 le jeune Rinaldi Abagha Ngoua disparaît mystérieusement au village de sa mère. L’enlèvement aurait été orchestré par l’oncle de la victime, Lewis Bekui Ebang. Ces allégations de Morelle avezo’o sont soutenues par des aveux des personnes citées. Malheureusement, le procureur de l’époque avait estimé ne pas avoir assez d’éléments pour se montrer plus diligent. Tourner la page serait d’autant plus digne qu’elle sonnerait le glas des espoirs de cette famille éplorée depuis 4 ans. La justice n’étant plus capable de l’aider. 

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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