Gabon : Théophile Mba Nteme éligible à la grâce du Gen. Oligui Nguema
À la faveur de son discours à la nation, tenu ce dimanche 31 décembre 2023, le Président de la transition, le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema a annoncé la libération en 2024 de 1000 prisonniers. Une mesure sociale qui pourrait faire l’affaire de Théophile Mba Nteme écroué depuis 1988 pour suspicion de cannibalisme et dont la situation judiciaire lui permet de bénéficier d’une remise en liberté tant en droit qu’en grâce présidentielle.
Si le Chef du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) a annoncé une série de mesures devant voir le jour en 2024, la plus marquante reste assurément la libération de 1000 détenus. Le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema s’est limité à indiquer que cette opération de grâce présidentielle se fera « sous les conditions prévues par la loi », le numéro 1 des Gabonais est resté flou sur les profils des futurs bénéficiaires. Tout porte à croire que les personnes sans jugement et d’autres aux situations singulières seront prioritaires.
35 ans après, Théophile Mba Nteme enfin prêt à sortir de prison ?
En réaction à la sortie du ministre de la Justice, Garde des Sceaux de la transition sur la condition carcérale irrégulière de certains détenus, le Chef du Comité pour la transition et la restauration des institutions a entrepris de remettre en liberté 1000 d’entre eux. Si d’aucuns font un focus sur le Lieutenant Kelly Obiang, Patrichi Tanasa ou encore Tony Ondo Mba personne n’évoque le cas Mba Nteme. Le fameux Théophile Mba Nteme incarcéré depuis 35 ans pour acte de cannibalisme. Lequel a sollicité depuis le 1er octobre 2020 sa mise en liberté.
Dans sa missive réceptionnée par l’inspecteur des affaires judiciaires près le tribunal de première instance de Libreville, le prisonnier le plus célèbre du Gabon justifie d’une bonne conduite. En foi de quoi, il serait d’emblée éligible à bénéficier de la clémence de la justice gabonaise conformément à loi en vigueur. Un contexte favorable tant le mis en cause serait enfin enclin à accepter de regagner la vie normale après avoir refusé à maintes reprises les mains tendues de Feu Omar Bongo. Autant dire que l’eau a coulé sous les ponts.
Le Gen. Oligui Nguema va-t-il redonner sa chance à cet homme né de nouveau?
Cité d’une génération à une autre « Mba Nteme » de son prénom Théophile, revêt l’image du « mangeur de chair humaine ». Placé en détention préventive le 27 avril 1987, il sera finalement condamné à la peine capitale à l’issue de l’audience criminelle du 02 novembre 1988, au terme d’une procédure biaisée sur la forme avec effet néfaste sur le fond. Dans un entretien accordé à une de nos sources, l’intéressé a purement réfuté les accusations portées à son encontre par la Cour depuis 3 décennies. « Je suis innocent », a réaffirmé Théophile Mba Nteme.
Poursuivant son propos, ce dernier a levé le voile sur les circonstances ayant entraîné son interpellation et sa condamnation. « Je suis mécanicien de ligne, conducteur de tout engin sur rail. En 1987, mon temple sis à Akournam commençait déjà à refuser du monde dû aux nombreuses guérisons des patients. C’est ce succès qui m’a attiré des ennemis », aurait-il confié à notre source. Aussi aurait-il ajouté avoir eu des ennuis avec un certain « A-B », une autorité du pays sur qui il ne donnerait pas d’amples informations.
Un règlement de comptes à l’origine de cette réputation
A l’affût de toute erreur de la part de Mba Nteme, « A-B » aurait attendu qu’un patient venu en mauvais état perde la vie dans son temple pour régler ses comptes en montant de toutes pièces une histoire de cannibalisme. Laquelle permettra à la justice de l’interpeller puis de le mettre sous mandat de dépôt le 27 avril 1987. Il sera présenté à la barre durant l’audience criminelle du 02 novembre 1988 dont il sera jugé coupable de meurtre assorti de la peine capitale. Exemplaire dans son mode de vie au sein de la prison où il a ouvert la première cellule de prière en 1993, Mba Nteme aura traîné son spleen pendant 35 ans.
Pour information, la loi n° 3/2010 du 15 Février 2010 portant abolition de la peine de mort en République gabonaise dispose dans son article 5 alinéa 2 que « le condamné à la réclusion criminelle à perpétuité ne peut bénéficier d’une mesure de grâce ou d’amnistie, de libération conditionnelle ou de réhabilitation avant d’avoir accompli 30 ans d’emprisonnement au moins », est-il clairement énoncé. Une disposition légale qui rend recevable la requête de Théophile Mba Nteme qui après 35 ans de prison mêlé à un comportement jugé irréprochable par les agents pénitentiaires, pourrait prétendre à cette grâce.
“écroué depuis 1988 pour suspicion de cannibalisme” : Y avait-on fourni des preuves avant le verdict ou alors il s’agissait d’un règlement de compte parfaitement entretenu ?
Quel danger pour son accusateur ainsi que ses proches ? Y aurait-il une possibilité de représailles ? Comment s’assurer du suivi de tout les 1000 détenus libérés par grâce présidentielle ? Ne consisteraient-ils pas un probable danger quant à leur possible et soudaine réinsertion dans la société ?
Autant de questions qui nous laisseraient toujours dans la crainte des faits divers !