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Gabon : le rachat d’Assala, un acte de patriotisme économique

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Après 14 ans de dérapages budgétaires incontrôlés du régime déchu, les nouvelles autorités gabonaises se sont donné pour mission de restaurer notre souveraineté sur les questions économiques et sociales. Pour ce faire, un premier acte fondateur vient d’être posé : le rachat d’Assala. Opération de « grande portée nationale » en plus de s’aligner sur les aspirations panafricanistes, ce rachat marque également le leadership retrouvé du pays et la volonté du président de la transition de renouer avec « la souveraineté dans le secteur pétrolier, poumon de notre économie » comme il l’avait souligné dans son discours à la nation le 31 décembre dernier. Explications.

Société nationale pour la recherche, la production, le transport, la transformation, et la commercialisation des hydrocarbures (Sonatrach), The National Oil & Gas Company (Sonangol), Arabian American Oil Company (Aramco). Ces compagnies pétrolières pour ne citer qu’elles, ont en commun d’être des entreprises publiques, appartenant exclusivement à des Etats pétroliers, en l’occurrence l’Algérie, l’Angola et l’Arabie Saoudite. Trois pays comptant parmi les principaux producteurs à travers le monde. Symbole à la fois de souveraineté et de soft power, elles permettent surtout à ces États de rayonner sur le plan du développement économique. Suivant cette logique de souveraineté, le Gabon à travers ses nouvelles autorités, vient d’emboîter ce pas. 

Vers le retour d’un leadership économique emprunt de patriotisme

Conscient de la manne financière colossale que représente ce secteur, poumon de notre économie et qui fournit 35% des recettes budgétaires, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) et son président, Oligui Nguema, ont acté le rachat d’Assala. Jusque-là filiale du fonds d’investissement Carlyle International Energy Partners après l’acquisition en 2017 des parts de Shell, la société pétrolière, deuxième opérateur du pays, est donc passé sous pavillon Vert-Jaune et Bleu. Trois couleurs qui flotteront désormais au cœur d’une industrie dans laquelle l’Etat entend plus que jamais affirmer son leadership. Car oui, c’est de celà qu’il s’agit! Un leadership économique emprunt de patriotisme. 

En effet, comment expliquer qu’un pays le Gabon, dont l’exploitation et la production pétrolière remontent au tout début des années 1960, et qui produisait déjà à cette période plus de 500 000 tonnes d’or noir, se retrouve en 2024, avec une société pétrolière nationale incapable de produire ne serait-ce que 10 000 barils/jours? Comment expliquer que le pays, considéré par bon nombre d’observateurs comme un émirat pétrolier, peine à rayonner au niveau national dans ce secteur? Une absurdité! C’est donc là tout le sens de la démarche actuelle, qui s’inscrit dans la droite ligne de la vision que le Gouvernement de la Transition entend développer dans le secteur pétrolier, en garantissant notamment la prise en main de l’industrie pétrolière par l’Etat gabonais, dont le rachat d’Assala n’est que la première étape.

Marquer la souveraineté dans le secteur pétrolier et promouvoir une industrie pétrolière autochtone 

Offrant la possibilité au pays d’une part, de faire la promotion d’une industrie pétrolière autochtone à travers la reprise en main du secteur pétrolier et d’autre part, celle de développer les compétences locales, cette ambition retrouvée de l’Etat gabonais dans la gestion de l’or noir, devrait l’emmener à conduire in fine d’importantes réformes dont l’objectif final sera d’améliorer la transparence dans les industrues extractives en favorisant la mise en œuvre d’un projet de maîtrise du comptage en temps réel du pétrole brut destiné à l’exportation. Un système de comptage de production qui devrait d’ailleurs être réalisé par l’administration compétente qui fera intervenir des éléments de dématérialisation par l’interconnexion des systèmes. 

Réduisant potentiellement le risque de falsification ou de fraude, tout en favorisant l’accroissement des recettes, cette stratégie du nouvel exécutif devrait à terme, permettre d’augmenter substantiellement les revenus tirés du secteur pétrolier. Toute chose qui « permettra à la République de marquer sa souveraineté dans le secteur pétrolier, poumon de notre économie » comme le martelait le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, dont la vision à ce sujet semble définitivement très claire, s’alignant au passage à la volonté panafricaniste actuelle qui prône un retour au nationalisme sous une forme de protectionnisme économique. 

Si les tares en matière de gouvernance, de gestion et d’opérationnalisation  pourraient dans une certaine mesure, obérer cette volonté de l’exécutif de restaurer la souveraineté économique, force est de reconnaître que ce plan, qui devrait également permettre d’augmenter les capacités de la Société Gabonaise de Raffinage (SOGARA) et la gouvernance de Gabon Oil Company (GOC). Un plan qui apparaît d’ores et déjà, comme le socle de la redynamisation de notre économie.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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