Barreau du Gabon : une constitution « hybride » et un régime « présidentialiste » suggérés
C’est à l’occasion des journées scientifiques organisées pour la célébration du cinquantenaire du Barreau du Gabon que d’éminents chercheurs de diverses disciplines ont scruté la loi fondamentale et le régime politique devant être en vigueur après la transition militaire. À cet exercice intellectuel aux effets généraux, les Professeurs Flavien Énongoué et Télesphore Ondo ont suggéré des critères à prendre en compte pour la rédaction de la prochaine Constitution.
C’est devant une assistance composée d’avocats, d’institutionnels, de magistrats et d’étudiants que s’est déroulée la conférence-débat organisée par l’ordre des avocats sur la thématique : Quelle constitution ? Quel régime politique pour le Gabon ? Un rendez-vous capital eu égard à la mobilisation constatée. Pendant 3 heures chrono, le Pr. Télesphore Ondo et le Pr. Flavien Énongoué ont présenté la monture de la constitution la mieux adaptée à la réalité et aux enjeux politiques qui s’y rattachent. Entre contradictions et points d’assemblage, l’agora a permis de cerner la nécessité d’approfondir le débat pour la jeune démocratie qu’est le Gabon.
Le Pr. Télesphore Ondo pour une constitution hybride
Donnant le ton à ce jeu de savoirs, le juriste Pr. Télesphore Ondo a rappelé sommairement la ruée vers la démocratie et les couacs enregistrés qui ont conduit à une prise de pouvoir par l’armée le 30 août 2023. Spécialiste de la question, l’éminent publiciste suggère donc de définir une loi fondamentale hybride. « Ma proposition est hybride en ce sens qu’elle allie la modernité aux réalités socioculturelles gabonaises. J’ai utilisé un certain nombre de principes consociatifs qui permettent d’institutionnaliser les mécanismes comme le consensus mais également prévoir l’idée du partage du pouvoir », a-t-il indiqué.
Ainsi, est dit entre autres qu’à l’issue d’une élection présidentielle, le pouvoir soit partagé entre le Chef de l’Etat et celui arrivé en seconde position qui deviendrait d’emblée le vice-président. Une configuration qui acte la disparition du poste de Premier ministre qui, aux dires des conférenciers, n’aurait d’existence que sur la base d’une hypocrisie institutionnelle. Aussi, le Président de la République en qualité d’unique chef de l’exécutif, serait davantage responsabilisé en lui permettant de demeurer la clé de voûte du fonctionnement de nos institutions. Le parlement bicaméral en sortirait renforcé ainsi que le pouvoir judiciaire.
Le Pr. Flavien Énongoué pour un présidentialisme démocratqiue
Pour sa part, le philosophe gabonais a été amené à faire la démonstration que le présidentialisme démocratqiue est l’outil idoine pour écrire institutionnellement et politiquement l’avenir du Gabon. À ce propos, le Pr. Flavien Énongoué a affirmé que « il est indispensable d’avoir un régime qui réponde à la question de qui est le chef? Le problème avec la constitution de 1991 prévoyait une dualité dans le leadership de l’exécutif donc un président et un premier ministre. Pour sortir de cette hypocrisie, il faut une constitution qui identifie le président de la République élu avec un vice-président pour un mandat de 7 ans renouvelable une fois ».
Par ailleurs, ce dernier soutient que cette nouvelle structure permettra à l’assemblée nationale élue de continuer à coexister avec un chef de l’exécutif qui ne soit pas de sa couleur. Il y a dès lors nécessité de scinder les deux pouvoirs avec l’idée de retrouver un équilibre sain pour le bon fonctionnement du pays. Non sans inviter à une refonte de certaines institutions dont le Sénat qui devra dorénavant prendre en compte les nouvelles légitmités en l’occurrence les confessions réligieuses et les organisations traditionnelles. Un échange constructif salué par Me Raymond Obame Sima qui a marqué son satisfecit total.
GMT TV