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Référendum 2024 : Taux de participation, un défi à relever pour le nouveau Gabon

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Après les événements du 30 août 2023, le référendum de ce samedi 16 novembre 2024 se présente comme une épreuve cruciale pour mesurer l’engagement réel des Gabonais envers leur avenir constitutionnel. Les précédentes élections, marquées par de faibles taux de participation et des chiffres contestés, ont entaché la crédibilité des processus électoraux. Le ministère de l’Intérieur, désormais chargé de l’organisation, doit relever un défi de taille : garantir un scrutin inclusif, transparent et accessible.

Depuis la chute du régime d’Ali Bongo Ondimba après 14 ans de règne et du Parti démocratique gabonais (PDG) fort de ses 42 ans, les attentes autour du référendum constitutionnel du 16 novembre sont immenses. Ce scrutin apparaît comme une première opportunité pour les Gabonais d’exprimer librement leur adhésion aux nouvelles orientations politiques. Dans un contexte où les taux de participation étaient souvent gonflés artificiellement, il s’agit cette fois d’obtenir une mobilisation véritable, révélatrice de l’implication citoyenne. Le ministère de l’Intérieur, désormais seul responsable de l’organisation, est donc attendu par les Gabonais et la communauté internationale au tournant pour garantir un vote accessible, crédible et transparent.

L’enjeu est de taille pour le gouvernement de transition dirigé par Raymond Ndong Sima, qui doit prouver que cette étape vers la refondation constitutionnelle repose sur la participation active du peuple. Si l’engagement de l’État est crucial pour créer les conditions de cette mobilisation, il en va de même pour la pédagogie autour du référendum. Laquelle pédagogie s’est matérialisée par une tournée nationale et internationale d’information et de sensibilisation sur le référendum afin d’encourager. Laquelle Informer une mobilisation massive, bien que les résultats de cette opération n’ont pas été communiqués.

Des contraintes logistiques et climatiques

Ce référendum présente des défis logistiques inédits, le scrutin ayant lieu en pleine année scolaire. À la différence des élections passées, traditionnellement organisées pendant les vacances d’été, ce vote survient alors que de nombreux électeurs sont éloignés de leurs circonscriptions d’origine. De plus, le mois de novembre est connu pour sa forte pluviométrie, rendant certaines routes impraticables et menaçant de décourager les électeurs résidant dans les zones reculées du pays malgré les trois décrétés chômés payés sur l’ensemble du territoire. Les conditions climatiques peuvent donc devenir un frein majeur pour une mobilisation de masse malgré la période exceptionnelle de réclamations de quatre jours pour permettre aux électeurs inscrits dans des zones difficilement accessibles de se réorienter vers le Grand Libreville.

Bien que des dispositions ont été prises pour faciliter le vote de ces compatriotes inscrits dans des zones difficiles de l’intérieur du pays, au sein même du Grand Libreville, ces mêmes problèmes se sont posés. C’est notamment le cas au centre de vote de l’École publique de Santé-Clara dont l’accès, rendu difficile par le mauvais état de la route, a découragé plus d’un compatriote à aller voter. Dans cette situation, l’État doit assumer sa responsabilité en garantissant des moyens de transport et des infrastructures accessibles pour permettre à chaque Gabonais de voter sans difficulté. A l’avenir, l’Etat gagnerait à renforcer les accès routiers et faciliter les déplacements entre les localités éloignées et les bureaux de vote pour éviter des disparités de participation entre les localités. 

Une vue de l’état de la route conduisant à l’École publique de Santé-Clara © GMT

Assurer un processus démocratique exemplaire

L’une des principales attentes des Gabonais envers le gouvernement de transition et le CTRI est d’éviter les erreurs du passé, notamment les pratiques de fraudes électorales. Le phénomène des « bœufs votants », symbolisant des votes manipulés et massifs, a ébranlé la confiance des citoyens dans les élections précédentes. Pour la restaurer, le gouvernement doit mettre en place des mécanismes de contrôle rigoureux qui garantissent la transparence et l’intégrité des résultats.

Des dispositifs logistiques, comme le transport gratuit pour les électeurs de régions isolées, seraient un atout majeur pour atteindre cet objectif. En rendant l’accès aux bureaux de vote plus équitable, le gouvernement montre son engagement en faveur de la démocratie et d’un processus électoral où chaque voix compte. Cette démarche est indispensable pour faire en sorte que ce référendum du 16 novembre marque le début d’une ère de confiance entre les autorités et le peuple gabonais.

Un enjeu historique pour l’avenir

Ce référendum revêt une importance capitale pour le Gabon, d’autant plus qu’il sera observé par des instances internationales. La communauté internationale, qui a souvent scruté les élections gabonaises avec scepticisme, surveille de près cette consultation. En affichant un taux de participation significatif, bien au-delà des 56,65 % de la présidentielle d’août  2023, le Gabon prouvera qu’il est possible de rétablir une démocratie authentique, loin des manipulations passées.

Si la nouvelle constitution, proposée par le CTRI, répond aux attentes des citoyens et aux exigences de transparence, elle pourrait devenir un modèle pour les autres nations africaines en transition. À travers des réformes concrètes en matière de gouvernance, de séparation des pouvoirs et de droits fondamentaux, ce projet constitutionnel vise à bâtir un État plus juste et moderne. La participation des citoyens à ce référendum est ainsi le premier pas vers la construction d’un avenir prometteur pour le Gabon.

Vers un regain d’intérêt citoyen ?

Avec ce référendum, le Gabon a l’occasion de retrouver l’enthousiasme citoyen qui marquait les élections post-conférence nationale de 1990. À cette époque, les Gabonais avaient manifesté une volonté massive de s’exprimer sur les questions politiques. Aujourd’hui, les autorités de transition peuvent renouer avec cet esprit en mobilisant la population autour des réformes constitutionnelles. Une forte participation symboliserait le soutien populaire aux transformations entreprises depuis le changement de régime.

Les réformes incluses dans cette nouvelle constitution, qui promeuvent la stabilité et la transparence, constituent une base solide pour regagner la confiance des citoyens envers les institutions. La réussite de ce référendum dépendra non seulement des mesures logistiques mises en place, mais aussi de l’engagement des Gabonais à se rendre aux urnes. Cette consultation pourrait ainsi marquer un tournant décisif, insufflant un nouvel élan démocratique dans un pays en quête de stabilité et de progrès.

Harold Leckat

Juriste Contentieux, Fondateur et Directeur de publication. « Les hommes ont inventé l'Etat pour ne pas obéir aux hommes », pour affranchir les rapports d'autorité de ce qu'il a d'humiliant pour un homme d'avoir à se soumettre à la volonté d'un autre homme. » Georges Burdeau, Juriste.

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