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Gabon : les États-Unis pour une transition vers la démocratie

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Nommée ambassadrice extraordinaire et plénipotentiaire des États-Unis d’Amérique auprès de la République gabonaise, Vernelle Trim FitzPatrick a accordé une interview exclusive à Gabon Media Time, ce mercredi 07 février 2024, la première depuis sa présentation de lettres de créance le vendredi 26 janvier 2024. Au cours de cet entretien, la diplomate est revenue sur sa nomination, sur les grandes lignes de la coopération entre le Gabon et le pays de l’Oncle Sam et aussi l’importance qu’accordent les États-Unis au retour à l’ordre constitutionnel au terme de la transition. Lecture. 

Gabon Media Time : Bonjour Excellence, la première question que nous allons vous poser en ce début d’année 2024 et dans le cadre de cette première face à un organe de presse local est celle de savoir comment vous vous portez ? 

Vernelle Trim FitzPatrick : Je vais très bien, merci. C’est un grand honneur pour n’importe quel diplomate de représenter son pays, surtout en qualité d’ambassadeur. Depuis mon arrivée au Gabon, je me sens comme chez moi. J’ai reçu un accueil très chaleureux. En plus, le climat et le paysage d’ici me rapprochent des Caraïbes où je suis née et du reste de l’Afrique où la plupart de ma famille habite, donc j’aime le Gabon.

Le 29 novembre 2023, le Sénat américain a confirmé votre nomination en qualité d’Ambassadeur des États-Unis en République Gabonaise puis vous avez prêté serment en cette qualité quelques semaines après. Premièrement, pouvez-vous vous présenter succinctement et au lendemain de cette nomination, quel est votre sentiment

Je suis diplomate depuis près de 26 ans. Spécialisée dans les affaires africaines, je suis venue ici avec mon expérience et avec tout mon cœur.

Au lendemain de ma confirmation par le Sénat, j’étais très contente parce que pour moi, c’est un grand honneur d’arriver dans le pays en tant qu’ambassadeur pour travailler au bénéfice du peuple américain et du peuple gabonais. C’est également une grande opportunité de rendre service. 

Pour la petite histoire, j’ai été introduite au Gabon à travers la musique d’Oliver N’goma. J’aime « Adia », j’aime « Icole » et je veux découvrir d’autres trésors de la culture gabonaise. Je suis donc très contente d’avoir travaillé très dur pour arriver ici, sur le terrain, dans les plus brefs délais. La mer, la musique, la nourriture, ce pays est si beau, son peuple est si chaleureux. Je suis vraiment ravie d’être ici.

C’est le 17 août 1960, lorsque Alan W. Lukens avait présenté ses lettres de créance en tant que chargé d’affaires par intérim, qu’ont été établies les relations diplomatiques entre le Gabon et les États-Unis. 63 ans après, quel est l’état de ces relations ? 

Tout d’abord, il faut souligner que les États-Unis et le Gabon ont de bonnes relations, et ce, depuis plusieurs années. Les États-Unis ont reconnu le Gabon comme un nouveau pays seulement quatre jours après qu’il a obtenu son indépendance de la France. Depuis ce jour, nous continuons à travailler ensemble dans plusieurs domaines. Tout comme les États-Unis étaient aux côtés du peuple  gabonais Gabon après l’indépendance, nous sommes à ses côtés aujourd’hui, surtout dans cette période de Transition qui est si cruciale.

Après des années de relation bilatérale entre le Gabon et les États-Unis, quels sont les principaux axes de coopération entre les deux pays?

Nous avons plusieurs domaines de coopération. Nous travaillons ensemble dans l’environnement, la santé, la sécurité maritime, l’aspect culturel notamment. Nous avons initié de nombreux projets au bénéfice du peuple gabonais. Par exemple, l’AKP basée à Kinshasa qui mène des activités pour protéger l’environnement. Protéger l’environnement au Gabon, c’est protéger l’environnement pour tous. 

Dans le domaine de la coopération sécuritaire, nous travaillons conjointement pour la sécurité maritime dans la région stratégique du golfe de Guinée en combattant la piraterie. 

Sur l’aspect sanitaire, nous aidons les personnes vivants avec le VIH/SIDA en leur donnant des antirétroviraux. Mais aussi des échanges culturels prestigieux à travers divers programmes. C’est un échange gagnant-gagnant.

Au lendemain du coup d’État du 30 août 2023, votre pays s’est montré très ferme vis-à-vis du Gabon en imposant des sanctions, notamment son exclusion de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) autrement dit la Loi sur la croissance et les opportunités de développement en Afrique qui vise à faciliter les exportations africaines vers les États-Unis. Pouvez-vous nous donner les incidences de cette mesure de l’administration Biden

C’est une bonne question, mais je voudrais tout d’abord vous donner le contexte. La législation de l’AGOA a été établie par le congrès et dans cette législation le congrès veut que la branche exécutive régule les qualifications pour adhérer à l’AGOA en vue de l’exportation des produits aux États-Unis. Les restrictions sont donc le résultat des violations des droits de l’Homme ou des principes démocratiques dans n’importe quel pays.  Dans ce cas, la branche exécutive n’a pas de nuance. Elle est aveugle et doit exécuter les sanctions. Donc c’est très important de dire que tout cela est la conséquence d’une application stricte de la législation de notre congrès.

Concernant la situation ici au Gabon, je sais que le gouvernement de Transition veut diversifier l’économie. C’est un bon objectif, mais l’AGOA est simplement un outil que le pays ne peut pas utiliser pour le moment. Toutefois, nous continuons à travailler dans le domaine économique. Par exemple, nous irons à New York pour faire participer les entrepreneurs gabonais aux franchises. Nous avons donc divers types de programmes pour continuer à promouvoir les liens commerciaux.

Pour de nombreux analystes, le bras de fer économique entre les États-Unis et la Chine pourrait se jouer en Afrique dans les prochaines années. Quelle est la différence d’approche entre les deux pays en matière d’investissement?

Les États-Unis ont un intérêt très fort pour la réussite et le développement durable du continent. Nous voulons être partenaires et nous sommes partenaires en créant le commerce et l’investissement qui aident les travailleurs américains et africains. Nous croyons qu’il est important de promouvoir les marchés libres, les politiques pour protéger les intérêts des travailleurs partout. Le secteur privé américain offre beaucoup d’atouts pour le peuple africain. Par exemple, il propose des produits de première meilleure qualité et est impliqué dans la protection de l’environnement. Nous savons que la préservation de l’environnement est particulièrement importante pour les Gabonais parce que vous avez un trésor incroyable que je souhaite d’ailleurs découvrir. C’est ce que je peux dire sur la posture américaine.

Concernant l’autre aspect de votre question, je vous invite à poser la même question à mon homologue chinois pour trouver l’information idéale sur l’approche de la Chine. Je pense que nous devons permettre aux lecteurs de tirer les conclusions par eux-mêmes. Mais je reste très confiante sur tous les atouts que les entreprises américaines offrent. 

Au vu des enjeux internationaux qui commandent la mise en place de nouvelles approches de coopération bilatérale, notamment sur le plan économique et sécuritaire, peut-on s’attendre à une évolution ou un changement de paradigme dans la relation entre les États-Unis et le Gabon ? 

Je suis ici sur le terrain pour promouvoir les relations bilatérales entre les deux pays. Je suis très honorée d’être ici à ce moment crucial de l’histoire du Gabon. Ce que nous voulons c’est maintenir les relations et chercher de nouveaux axes de coopération. Nous sommes également là pour promouvoir la Transition vers la démocratie et pour soutenir les efforts vers le retour à un gouvernement civil démocratiquement élu dans le pays. Comme je suis ici sur le terrain, je pourrais voir tout ce que nous pourrons faire ensemble. Dans ce moment très important de son histoire, nous tenons à soutenir le peuple gabonais.

Votre mot de fin.

Une fois de plus, je suis très heureuse d’être au Gabon. C’est un pays si beau, si chaleureux. J’ai hâte de découvrir les divers aspects de ce magnifique territoire. Et je souhaite que tout comme moi d’autres Américains aient la chance de découvrir le Gabon.

Harold Leckat

Juriste contentieux, Fondateur et Directeur de publication "La chute n'est pas un échec. L'échec est de rester là où l'on est tombé ", Socrates

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