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Gabon: Me Gisèle Eyue se paye la tête du Conseil de l’ordre avec la complicité des magistrats

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Interdite d’accès aux audiences en qualité de plaideur jusqu’à nouvel ordre et toutes autres activités liées à son office du fait de la suspension dont elle fait l’objet depuis le 30 mai dernier par le Conseil de l’Ordre des avocats, Me Gisèle Eyue Bekale n’en fait qu’à sa tête. Pour preuve, l’avocate au Barreau du Gabon a participé à une audience au Tribunal du Commerce le lundi 13 juin dernier au nez et à la barbe des magistrats pourtant informés de la mesure provisoire d’une durée de 3 mois qui pèse sur cette dernière.

Auxiliaires de justice incarnant la rigueur, la noblesse et la discipline, les avocats portent sur leurs épaules un statut social des plus envieux. C’est donc naturellement qu’ils se doivent de préserver cette stature par l’exemplarité en toutes circonstances et ce, dans l’intérêt de leur corporation. De ce fait, en cas de mesure provisoire ou disciplinaire en son encontre, l’avocat est astreint à la sagesse en veillant à ne pas porter atteinte davantage à l’autorité du bâtonnier et ses confrères du Conseil de l’ordre. Pourtant, le cas de Maître Gisèle Eyue Bekale questionne au plus haut point. 

Au nom de quelle supra qualité s’est-elle permise de représenter un client, d’entrer dans le bureau du président et de faire des observations dans une affaire devant le Tribunal du Commerce et ce, alors même qu’elle est suspendue par le le Conseil de l’Ordre après délibération en date du 23 mai 2022, pour une durée de 3 mois ? À l’entame de l’audience, le Secrétaire général du Conseil de l’Ordre Me Cédric Maguisset aurait demandé aux juges consulaires de ne pas tenir compte des observations faites par sa consœur qui ne jouit, pour l’instant, d’aucun droit de représentation.

Une situation ubuesque qui semble avoir été entretenue par des magistrats qui, informés par le Bâtonnier et même par voie de presse, auraient d’emblée dû et pu veiller à ce que Me Gisèle Eyue Bekale se conforme à la décision de sa corporation. D’ailleurs, la témérité et la défiance de l’avocate au Barreau du Gabon pourraient jeter l’opprobre sur le Conseil de l’ordre. Car faut-il rappeler que ne pas laisser-faire consacrerait un deux poids deux mesures dans le traitement des avocats sanctionnés. C’est notamment le cas de Me Jean Paul Moubembe, qui continue stoïquement à purger sa suspension sans causer de troubles tandis que sa jeune consœur tient tête à Me Lubin Ntoutoume. 

Il est à noter que Me Gisèle Eyue Bekale se serait déjà crêpé le chignon avec un de ses confrères la semaine écoulée. Lors d’une audience de référé, Me Bongo Mavoungou a interpellé sa consœur sur son impossibilité de se présenter à une audience en raison de sa suspension. Ce à quoi elle aurait répondu qu’elle exerce sa profession librement et qu’elle n’avait à recevoir de leçon de personnes. Aussi, aurait-elle ajouté, que la notification de sa « prétendue suspension » ne lui serait jamais parvenue. Insinue-t-elle que le Conseil de l’Ordre aurait menti ? Nous y reviendrons.

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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