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Gabon : l’impuissance du CTRI face à la recrudescence de l’insécurité dans les quartiers

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Dès la première semaine après la prise du pouvoir par les militaires, les débats sur une supposée baisse des agressions dans les quartiers du Grand Libreville se sont emparés de la toile. Laquelle baisse serait dûe selon certains à une présence en nombre important des hommes en uniforme sur les grandes artères et par le couvre-feu en vigueur. S’il est difficile à ce jour d’établir un tel lien de causalité ou même de valider ce sentiment de sécurité, il y a un fait intangible, l’absence d’une stratégie nationale de lutte contre la délinquance. 

Si la question de la violence au sein des villes n’est pas un phénomène nouveau, l’insécurité observée ces dernières années est d’un genre nouveau. En effet, l’oisiveté, le manque de perspectives des jeunes et l’explosion du chômage, ont favorisé l’érection de zones criminogènes au sein des quartiers sous-intégrés de la capitale gabonaise. Et ce dans une indifférence totale des différents services de l’Etat. Alors que des moyens humains disproportionnés sont affectés à la lutte contre la délinquance routière, l’atteinte à l’intégrité physique semble reléguée au second plan.  

Le CTRI et le gouvernement silencieux devant le drame quotidien des populations 

S’aventurer dans un quartier sous-intégré de la capitale à une certaine heure de la soirée relève du suicide et ce, que l’on soit riverain ou simple visiteur. Alors que beaucoup de Gabonais attendaient des annonces fortes de la part du Premier ministre sur cette problématique, le mot insécurité n’a même pas figuré dans la Déclaration de politique générale au  parlement de Raymond Ndong Sima. Pis, avec l’arrivée au pouvoir du CTRI, les Gabonais s’attendaient à minima à voir érigé au rang de priorité, la question de la sécurité dans les quartiers. 

Si le pouvoir déchu s’était engagé en 2016 à  mettre en place une police de proximité en vue de renforcer le lien police – population et de faire baisser de manière conséquente le taux d’agressions dans les quartiers, le Gén. Brice Oligui Nguema, qui est au fait des questions de sécurité sous toutes leurs formes, dispose là d’une occasion de marquer les esprits de ces Gabonais délaissés par la puissance publique depuis des décennies. 

A quand la mise en place d’une véritable politique de la ville ?      

Plusieurs pays confrontés au phénomène d’insécurité au sein des villes ont compris l’importance d’apporter des réponses globales. Lesquelles passent par une mutualisation des efforts de tous les services de l’Etat concernés par la question. A ce propos, le cas français pourrait faire école. En effet, la question de la lutte contre la délinquance se gère à l’échelle départementale, dans le cadre d’une stratégie territoriale de sécurité et de prévention de la délinquance. 

Les pouvoirs publics associent à la fois les bailleurs sociaux, les services de police, les municipalités, les préfectures, les services sociaux de l’Etat, les associations de quartiers, ainsi que les services en charge des activités culturelles et sportives. Une multiplication des acteurs qui permet d’agir sur tous les facteurs de cette délinquance. Ainsi, au Gabon, si le renforcement des capacités de la police nationale et leur déploiement dans les quartiers constitue une partie de la solution, la lutte contre l’oisiveté devrait permettre d’occuper les 40% des jeunes au chômage dans le pays.

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