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Gabon : la gratuité, la fausse bonne idée pour résoudre la problématique du transport en commun

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Mise en place en 2020 au plus fort de la pandémie de Covid-19, au titre des mesures d’accompagnement visant à atténuer les répercussions du confinement du Grand Libreville, la mesure visant la gratuité du transport dans les compagnies publiques, a été renforcée avec l’arrivée du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Près de 3,5 milliards de FCFA. Cependant, cette mesure, en plus de ne pas résoudre le problème du transport en commun, obère le développement du secteur des transports urbains par les particuliers, tout en limitant les possibilités d’investissements de l’exécutif. 

Si elle peut apparaître comme une solution pouvant amener un plus grand nombre de personnes à utiliser les transports collectifs et ainsi lutter contre la pollution comme c’est par exemple le cas en France, la gratuité des transports au Gabon apparaît bien plus comme une mesure populiste. Et pour cause, censée au moment de sa mise en œuvre, atténuer les répercussions du confinement du Grand Libreville, cette mesure qui a depuis coûté une quinzaine de milliards de FCFA au contribuable (sans compter les 3,5 milliards de FCFA prévus pour cette année 2024), est loin d’être une solution concrète au sempiternelle problème du transport en commun. 

Malgré le « ngori », le problème de la mobilité urbaine persiste et signe

En effet,  alors que les arguments présentés par les autorités étaient axés autour de l’optimisation du service de transport dans les réseaux de bus, le libre accès de tous aux transports sans discrimination de moyens, le renforcement de la mobilité en général et en particulier l’attractivité des centres villes, le « Ngori » n’a jusque-là pas été en mesure de résoudre cette problématique de mobilité urbaine. Pis, confiée à Transurb et à la société gabonaise de transport (Sogatra) dans sa phase opérationnelle, cette mesure a été à l’origine de nombreux dérapages financiers

Pas rentable que ce soit d’un point de vue économique ou financier puisqu’il s’agit d’une mesure sociale. Peu productive d’un point de vue opérationnel puisque le problème de la mobilité urbaine est loin d’avoir trouvé son épilogue comme en témoignent les attroupements dans les grands centres urbains et périurbains. Freinant le développement du secteur privé des transports dont les opérateurs économiques, pour compenser le manque, contraignent les usagers à des tarifs de plus en plus onéreux. Cette mesure semble faire plus de mal que de bien à notre économie, et ce, en y incluant même pas le fait que ces dizaines de milliards de FCFA de subventions, auraient pu servir à financer des chantiers routiers. 

La gratuité, une mesure qui au final fait débat

Faisant peser un risque de plus en plus grand de perte de capacités d’investissement et de développement des transports, un risque de plus en plus élevé de corruption si l’on se base sur les mouvements d’humeurs observés au sein des entités en charge de cette mesure à l’image des deux sociétés de transports public dont les chauffeurs réclamaient il y a quelques semaines encore, des arriérés de salaire, la gratuité des transports fait plus que jamais débat dans un environnement, un écosystème et un contexte économique, qui appelle à un changement profond de paradigme et à une libéralisation de notre économie.


Dans un pays qui a accumulé un retard conséquent en termes d’infrastructures routières puisque classé 30ème sur le continent en matière de qualité des routes. Dans un pays qui doit impérativement développer son réseau routier pour impulser une nouvelle dynamique et ainsi favoriser le développement de secteurs connexes, capable de sortir le pays du tout pétrole. Dans un pays qui a besoin de relancer son économie en changeant son modèle, comme l’évoquait d’ailleurs l’actuel ministre de l’économie il y a quelques mois, il serait temps que l’Etat apprenne à « laissez-faire » et à se concentrer sur ses missions régaliennes, car c’est bien là qu’on l’attend.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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