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Gabon : la gestion et la clé de répartition des 28 milliards du référendum soulèvent déjà des questions

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À quelques jours du référendum constitutionnel du 16 novembre 2024, des interrogations persistantes planent sur la gestion des 28 milliards de FCFA alloués à l’organisation de cet événement. Ce budget colossal, censé garantir une consultation populaire exemplaire, suscite des suspicions de mauvaise gestion et de favoritisme, mettant en cause la crédibilité des autorités de transition. Parmi les allégations, des montants comme 200 millions de FCFA auraient été alloués à certains acteurs de la société civile, prétendument pour garantir un soutien au « Oui » et assurer un score écrasant en faveur du projet constitutionnel.

La répartition des 28 milliards de FCFA, débloqués par le Trésor public, reste enveloppée de mystère. De nombreux acteurs de la société civile et des partis politiques dénoncent un manque de transparence quant à la gestion et à l’allocation des ressources. Si certaines structures proches du pouvoir semblent avoir bénéficié de financements conséquents, d’autres acteurs, pourtant actifs sur le terrain, affirment n’avoir reçu aucun soutien.

Des militants impliqués dans les opérations de sensibilisation évoquent des promesses non tenues concernant la livraison de kits logistiques ou des compensations financières. Ces manquements ont exacerbé la frustration et le sentiment d’injustice parmi les acteurs locaux, qui se disent marginalisés par un système jugé opaque et partisan.

Soupçons de favoritisme et frustration des acteurs locaux

L’allocation des fonds semble également être entachée par des accusations de favoritisme. Selon des sources proches des quartiers généraux de la campagne référendaires, des leaders de la société civile et des responsables politiques perçus comme proches des autorités de transition auraient reçu une part importante des financements. Cette concentration des ressources accentue la méfiance des citoyens et de certains acteurs politiques, notamment ceux engagés en faveur du « Non », qui dénoncent n’avoir reçu aucun sous pour financer leur campagne.

Ces accusations viennent renforcer l’idée que les 28 milliards de FCFA pourraient avoir été utilisés non seulement pour l’organisation du scrutin, mais aussi pour influencer les résultats en orientant les campagnes en faveur du « Oui ». Ce type de gestion soulève des inquiétudes quant à l’équité du processus et à l’intégrité des acteurs impliqués.

Une transparence attendue, mais absente

Dans un contexte où les attentes envers les autorités de transition sont élevées, la gestion de ces fonds publics devient un test de crédibilité. La population, déjà échaudée par des décennies de pratiques opaques sous les anciens régimes, exige des explications détaillées sur la manière dont ces 28 milliards ont été utilisés. Or, jusqu’à présent, peu d’informations ont été partagées sur les dépenses engagées, alimentant ainsi les spéculations sur une éventuelle mauvaise gestion.

Pour des observateurs indépendants, l’absence de transparence sur cette question pourrait nuire non seulement à la crédibilité du référendum, mais également à celle des autorités en place. Si les doutes ne sont pas levés rapidement, ce qui devrait être une étape décisive vers la restauration de l’ordre constitutionnel risque de se transformer en un autre exemple des dysfonctionnements institutionnels.

Vers un symbole de dysfonctionnement institutionnel ?

Au-delà de la question financière, le flou entourant la gestion des fonds alloués au référendum met en lumière des pratiques encore loin des standards de transparence et de bonne gouvernance que le Comité de transition et de restauration des institutions (CTRI) s’est engagé à promouvoir. Ce référendum, présenté comme une opportunité historique de renforcer les institutions et de restaurer la démocratie, pourrait perdre de sa légitimité si des soupçons de détournement ou de favoritisme persistent.

Les conséquences pourraient être graves pour le pays. Dans un contexte où la population attend des réformes profondes et un véritable changement dans la gestion des affaires publiques, une mauvaise gestion des fonds du référendum risquerait d’accentuer la défiance envers les dirigeants actuels. Pire encore, cela pourrait raviver les critiques sur la capacité des autorités de transition à mener à bien leur mission.

Des attentes légitimes pour les populations 

Le référendum du 16 novembre représente un tournant décisif pour le Gabon. En tant que symbole de la transition politique, il est censé marquer la fin d’un chapitre d’instabilité et le début d’une ère de renouveau démocratique. Mais pour que cet espoir devienne réalité, les autorités de transition doivent impérativement répondre aux attentes de transparence et de responsabilité.

La gestion des 28 milliards de FCFA alloués au référendum envoie un signal important sur les intentions et la capacité des dirigeants actuels à gérer les ressources publiques. Si les autorités échouent à lever les doutes sur cette question, elles risquent de compromettre la confiance déjà fragile du peuple gabonais envers les tenants du pouvoir, notamment sur les questions financières.

En conclusion, la gestion de ce budget est bien plus qu’une question financière. Elle est un baromètre de la capacité des autorités de transition à respecter leurs engagements envers une gouvernance responsable et transparente. Pour le Gabon, l’enjeu dépasse le simple référendum : il s’agit de restaurer durablement la confiance dans les institutions et de poser les bases d’un avenir plus équitable.

Harold Leckat

Juriste Contentieux, Fondateur et Directeur de publication. « Les hommes ont inventé l'Etat pour ne pas obéir aux hommes », pour affranchir les rapports d'autorité de ce qu'il a d'humiliant pour un homme d'avoir à se soumettre à la volonté d'un autre homme. » Georges Burdeau, Juriste.

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