Gabon : pour Ondo Ossa, le texte proposé pourrait aggraver la crise économique
Albert Ondo Ossa, économiste de renom et ancien candidat à la présidentielle de 2023, a de nouveau exprimé de vives inquiétudes quant à la révision constitutionnelle proposée par le Comité de Transition et de Restauration des Institutions (CTRI). Lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi 14 novembre, le professeur a souligné que le projet constitutionnel actuel ne répond pas aux exigences d’une gouvernance transparente, responsable et, surtout, décentralisée, conditions essentielles à la relance économique du Gabon. Selon lui, ce texte pourrait même aggraver la crise économique déjà profonde du pays.
Pour Albert Ondo Ossa, le Gabon a urgemment besoin d’un système de gouvernance décentralisé, où les décisions économiques et politiques seraient prises en tenant compte des spécificités locales et des besoins réels des citoyens. « Le Gabon est un pays où chaque région a des défis et des priorités uniques. Il est donc impératif que les décisions politiques et économiques soient plus proches des réalités locales », a-t-il déclaré. Selon lui, une centralisation excessive du pouvoir sous un système trop autoritaire empêche l’émergence de solutions adaptées aux problèmes concrets des populations. Une telle organisation des pouvoirs, soutient Ondo Ossa, non seulement exclut les citoyens des processus décisionnels cruciaux, mais nuit également à une gestion plus équitable et efficace des ressources nationales.
Le texte proposé par les autorités de Transition, toujours selon Ondo Ossa, ne prend pas en compte ce besoin vital de décentralisation. Au contraire, il semble renforcer un pouvoir centralisé et inefficace, dont les limites se sont déjà révélées dans la gestion des finances publiques. Cette centralisation des décisions empêche de réelles avancées dans des secteurs clés comme l’éducation, la santé ou encore les infrastructures, secteurs qui ont été historiquement mal traités en raison d’une gestion trop concentrée au niveau central. Les récentes décisions économiques, notamment avec une hausse inconsidérée de la masse salariale, tendent d’ailleurs à confirmer ces propos.
Une gouvernance opaque et sans stratégie économique claire
Albert Ondo Ossa a également mis en lumière l’absence de vision claire et de stratégie économique dans le texte proposé. Pour lui, la gestion économique du CTRI manque de transparence et de responsabilité. « Le projet constitutionnel proposé ne fait que maintenir un système où les décisions sont prises dans l’opacité, sans consultation réelle des citoyens ni prise en compte de leurs besoins fondamentaux », a-t-il expliqué. L’un des principaux défauts de la transition, selon le professeur, est la gestion désordonnée de la dette publique et des finances de l’État, ce qui laisse présager une aggravation des difficultés économiques.
L’ancien candidat à la présidentielle estime que le Gabon a besoin d’une réforme véritablement démocratique et décentralisée pour relancer son économie. Dans un contexte où la dette publique explose et où les dépenses mal orientées continuent de se multiplier, une telle centralisation du pouvoir, selon Ondo Ossa, est une grave erreur. « La crise économique actuelle du Gabon n’est pas seulement le résultat d’une mauvaise gestion passée, mais aussi du manque de stratégie et de clarté dans la gestion de la transition actuelle », a-t-il insisté.
Un système économique déséquilibré et peu inclusif
Le professeur Ondo Ossa a également critiqué la tendance du CTRI à maintenir des choix budgétaires qui ne répondent pas aux besoins urgents du peuple gabonais. Il a mis en garde contre les risques d’une concentration excessive des ressources dans des secteurs peu porteurs, tout en négligeant les investissements dans des secteurs stratégiques comme la santé, l’éducation et les infrastructures. Selon lui, cette approche inefficace et mal orientée pourrait rendre plus difficile la relance économique du Gabon et exacerber les inégalités sociales.
Dans un pays où les disparités régionales sont grandes et où l’accès aux services de base est encore largement inégalitaire, un système décentralisé est, selon lui, la clé d’une véritable transformation. En permettant une gestion plus proche des populations, ce système offrirait un cadre meilleur pour orienter les ressources de manière plus ciblée et plus efficace. En ce sens, Ondo Ossa considère que la réforme constitutionnelle actuelle ne répond pas à ces défis, et qu’elle pourrait même aggraver l’instabilité économique et sociale du pays.