Gabon : faut-il imposer le test de dépistage du VIH/Sida ?

Malgré les efforts du gouvernement, le VIH/Sida reste très présent au Gabon. Plus de 12 000 personnes vivant avec le VIH (PVVIH) sont aujourd’hui sorties du circuit de prise en charge, selon les dernières données de l’Enquête démographique de santé (EDS) 2022. Face à une prévalence toujours élevée de 3,6 %, les autorités multiplient les campagnes de sensibilisation. Mais ces initiatives sont-elles suffisantes ? L’État ne devrait-il pas envisager de rendre obligatoire le dépistage du VIH/Sida, notamment pour les élèves candidats aux examens nationaux ?
La connaissance de son statut sérologique est essentielle. Elle permet, en cas de résultat positif, de commencer un traitement antirétroviral et d’améliorer considérablement les chances de survie. Pourtant, le dépistage volontaire peine à convaincre, en particulier chez les jeunes. Résultat, les nouvelles contaminations augmentent, notamment parmi les adolescents et jeunes adultes ayant souvent une sexualité active dès le plus jeune âge.
Un rapport récent de la Direction générale de la prévention du VIH/Sida (DGPS), publié par le quotidien L’Union le 16 mai, révèle qu’en 2025, 1 844 jeunes âgés de 15 à 24 ans sont porteurs du VIH. Parmi eux, 1 010 sont des jeunes filles et 737 des garçons. Plus inquiétant encore, 280 nouvelles infections ont été enregistrées dans cette tranche d’âge. Beaucoup de ces jeunes sont encore scolarisés au collège, au lycée ou à l’université et ignorent totalement leur statut sérologique, tout comme celui de leur partenaire.
Un dépistage obligatoire pour les apprenants, une piste à explorer
Parce que le VIH/Sida n’a pas de visage, seul un test peut permettre de savoir si l’on est porteur ou non. Mais dans les faits, le taux de dépistage reste faible. Prenons le cas à Mabanda, dans la province de la Nyanga, sur environ 2 300 habitants, seulement 126 personnes se sont fait dépister lors d’une mission conjointe du Programme multisectoriel de la Nyanga et du Centre de traitement ambulatoire (CTA), organisée récemment. Deux personnes séropositives ont été détectées et immédiatement mises sous traitement. Une avancée certes, mais largement insuffisante.
Ces chiffres témoignent d’un problème plus profond notamment l’accès limité au préservatif, le manque d’informations, et la méfiance envers le dépistage. Dans ce contexte, et au regard de l’urgence de la situation, les autorités devraient sérieusement envisager de rendre le test de dépistage obligatoire pour les apprenants avant les examens nationaux. Ce serait un geste fort, au service de la santé publique, une mesure certes audacieuse, mais qui s’inscrirait pleinement dans la réalisation des objectifs 95-95-95 fixés par l’ONUSIDA : 95 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, 95 % d’entre elles sous traitement, et 95 % avec une charge virale indétectable.
Car au-delà des chiffres, il s’agit de vies humaines. Et la lutte contre le VIH/Sida, pour être efficace, doit mobiliser tout le monde.
GMT TV