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Gabon: en 2021, le pays compte encore 613 ponts provisoires en bois

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En dépit de stratégies en trompe l’oeil et d’un Schéma directeur national d’infrastructures (SDNI) ayant identifié pas moins de trois corridors prioritaires censés permettre d’accélérer le « développement d’infrastructures de qualité », le Gabon ne dispose aujourd’hui que d’un réseau routier en quasi totale décrépitude. Symbolisée notamment par un pourcentage de routes bitumées à moins de 20%, celui-ci fait surtout apparaître des ouvrages de franchissement du moyen âge avec notamment 613 ponts provisoires en bois. 

10348 km. Telle est la longueur du linéaire de route que compte le pays (hors voiries urbaines) comme l’a récemment révélé une étude de la direction des études et infrastructures. Faisant apparaître un linéaire de seulement 2038 km de routes partiellement bitumés soit environ 20% du réseau, ces 10348 km font surtout ressortir un ensemble d’ouvrages et d’équipements de franchissement du moyen âge avec notamment pas moins de 613 ponts provisoires en bois. Un chiffre bien trop important au regard des moyens colossaux injectés dans des projets routiers au cours de la décennie écoulée.

En effet, aussi utiles qu’éphémères, ces ponts dont les premières utilisations remontent à l’antiquité, semblent aujourd’hui constituer pour l’exécutif un véritable palliatif alors même qu’ils sont loin d’être une solution durable. Vétustes la grande majorité du temps. Réhabilités en trompe l’œil comme ce sera le cas prochainement pour les 12 ponts en bois dur sur l’axe Tchibanga-Moabi. Ces ponts issus de l’époque coloniale, considérés comme des « ouvrages d’art » par l’exécutif, mettent en danger les populations alors même que celles-ci sont en droit d’attendre un meilleur traitement.

Paralysant par moment le trafic routier. Rendant difficile l’accès en toute sécurité à certaines zones favorisant ainsi l’exode rural. Ces ponts, stigmate d’un développement au ralenti pour le huitième producteur de pétrole africain, symbolisent ce qui apparaît comme une absence de volonté, voire de planification. Quand on sait que le pays est capable d’injecter pas moins de 15 milliards de FCFA par an en achats de véhicules administratifs comme ce fut le cas en 2016, ou encore de dégager plus de 700 milliards de FCFA en dépenses de personnel, difficile de comprendre une telle situation.

En définitive, bien que mettant en valeur l’une des principales ressources du pays à savoir le bois, ces ponts auxquels il faut ajouter 146 ponts en béton, 52 ponts métalliques et 4 bacs en service, pour compléter la liste des ouvrages de franchissement, reflètent un cruel manque de discernement de la part de l’exécutif. Celui-là même qui prône « émergence », « relance » et désormais « accélération de la transformation », semble ne pas tenir compte du rôle prépondérant des infrastructures dans le développement. Une situation loin de conduire à l’optimisme.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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