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Gabon: dépenses ostentatoires, dette abyssale, le gouvernement s’enlise

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Alors que le Gabon à l’image de l’ensemble des pays d’Afrique subsaharienne doit faire face à la pire crise économique de son histoire entraînant une récession sans équivalent, le gouvernement semble dans l’incapacité d’y apporter des solutions. Et pour cause, entre dépenses ostentatoires, recettes fiscales difficilement perceptibles faute de mécanismes bien huilés et de grèves à répétition, et hausse sans précédent du stock de la dette publique, celui-ci montre de trop grandes limites face à cette situation inédite.

A bien des égards, les responsables de l’action publique au Gabon semblent aujourd’hui dans l’incapacité d’aider le pays à faire face à la pire crise économique de son histoire. Il faut dire qu’en dépit de la nécessité d’initier des mesures fortes et des réformes vigoureuses portant notamment sur une primordiale réduction du train de vie de l’Etat, l’exécutif gabonais semble se complaire dans une situation loin d’être optimale. Situation stigmatisée notamment par une difficile maîtrise de la masse salariale.

En effet, évaluée à plus de 60% des recettes fiscales quand le critère de convergence multilatérale de la CEMAC exige un taux de 35%, cette masse salariale constitue aujourd’hui le principal goulot d’étranglement qui plombe les perspectives de notre économie. Loin d’afficher son visage le plus reluisant au regard notamment des 6300 milliards de FCFA d’endettement et du niveau de croissance attendu en 2021 et 2022 avec respectivement 1,2% et 2,7% comme le prévoit le Fonds monétaire international, celle-ci est d’ailleurs en très grande difficulté avec un risque de défaut de paiement.

Si l’on y ajoute le risque d’une troisième vague de covid-19, les préceptes de corruption et de mauvaise gouvernance, de détournements de fonds, de « narcissisme et de nonpatriotisme » comme l’a souligné Rose Christiane Ossouka ce lundi, l’on obtient un cocktail incapable d’opétationnaliser le processus de transformation porté par le PAT. Or, ce même PAT était censé être le modèle capable de « transformer notre économie dans les deux ans à venir », et ainsi la tirer vers le haut en la diversifiant.

Considérant que la relance de notre économie ne peut se faire qu’à travers deux volets à savoir : la restructuration de l’investissement et la consommation, le manque de clairvoyance du gouvernement semble donc plomber aussi bien les finances que l’avenir d’un pays toujours largement tributaire des ressources issues des industries extractives. Avec une désintégration progressive du tissu de PME porté par des mesures de restriction incompréhensibles à l’heure où le pays a besoin d’optimiser l’ensemble de ses ressources, il apparaît donc clairement, que ce gouvernement s’enlise.

Si certains correctifs peuvent clairement être envisagés comme l’a d’ailleurs très justement souligné le Pr Albert Ondo Ossa, qui a notamment plaidé pour une réduction du coût de l’énergie, une réduction du taux de recrutement dans l’administration et un ajustement budgétaire, ceux-ci ne pourraient l’être qu’à travers une véritable prise de conscience collective passant par une nécessaire cohésion de l’ensemble des forces vives. Or, au regard du caractère autocratique sans autocritique de l’exécutif, cette nécessité s’apparente à une utopie. 

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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