Gabon : Charles Mondjo veut façonner des malafoutiers éco-responsables

À Edoumasi, dans la commune de Ntoum, Charles Oliva Mondjo initie une transformation inédite du métier de malafoutier. Méconnu sous cette appellation, ce terme désigne les fabricants de vin de palme, souvent cantonnés aux marges sociales. Pourtant, derrière leurs habits souvent modestes, se cachent des hommes et des femmes aux parcours inspirants. Ancien malafoutier devenu cadre dans l’administration gabonaise, Charles Mondjo souhaite aujourd’hui redorer l’image de cette profession et impulser une nouvelle dynamique autour d’elle. « Le malafoutier, c’est cette personne qui, grâce à l’activité de vin de palme, arrive à s’organiser », affirme-t-il avec fierté.
À travers une immersion au PK33, au lieu-dit Derrière le Tourbillon, nous découvrons la réalité quotidienne de ces artisans de la nature. Dans cette bourgade paisible, les malafoutiers perpétuent un savoir-faire ancestral, transmis de génération en génération. Au village, on les surnomme les “pétroliers”. Une comparaison étonnante, mais révélatrice. « Ce sont les seuls qui gagnent de l’argent tous les jours pendant que les fonctionnaires attendent la fin du mois », confie Annouchka, épouse de malafoutier. Un témoignage qui illustre la stabilité économique que peut offrir ce métier pourtant trop souvent sous-estimé.

Une conscience écologique au cœur de la pratique
Conscient des défis environnementaux contemporains, Charles Mondjo veut aller plus loin en instaurant une conscience écologique chez les malafoutiers. Il leur propose une règle simple mais puissante : « Un palmier abattu, un palmier planté ». Ce mot d’ordre résume toute une philosophie de durabilité. Pour lui, il est impératif de concilier productivité et préservation de l’environnement. Il invite ainsi les professionnels du secteur à replanter systématiquement les palmiers utilisés pour la sève. Loin d’être une simple parole, cette vision s’accompagne d’actes concrets : il a lancé une opération de mise en terre de jeunes palmiers avec la participation active des jeunes du village.

Lors de cette journée symbolique, Charles Mondjo n’est pas venu les mains vides. Il a remis des kits aux malafoutiers, machettes, limes, bidons de 20 litres, couteaux, pour leur permettre d’exercer leur métier dans de meilleures conditions. Son objectif ? Faire des malafoutiers des acteurs du développement durable. « Le bon malafoutier est aussi un bon écologiste », insiste-t-il. À travers cette initiative, il espère changer les mentalités et encourager les jeunes à s’engager dans une activité valorisante, porteuse d’autonomie et désormais respectueuse de l’environnement. Une belle leçon d’humilité, de courage et de responsabilité.
GMT TV