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Dora Mbeng Mavoungou : « il y a une jolie confusion entre les métiers de la communication et les métiers de l’information »

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Découvrez l’intégralité de notre interview exclusive avec Dora Mbeng Mavoungou, fondatrice et Directrice Générale d’ACCENT, une agence de communication pionnière au Gabon. Elle partage avec nous son parcours inspirant, ses défis en tant que femme entrepreneure, et sa vision pour l’avenir de l’entrepreneuriat féminin au Gabon. Plonger dans l’univers d’une entrepreneure déterminée à transformer le paysage de la communication et à encourager les femmes à oser entreprendre.

1. Pouvez-vous nous parler de votre parcours en tant que fondatrice d’ACCENT et de ce qui vous a motivée à lancer cette agence de communication ? 

Je suis Dora MBENG MAVOUNGOU, entrepreneure dans le domaine du conseil en marketing et communication, pur produit du Lycée national Léon MBA avant de devenir un produit ICD, école de commerce de France où j’ai obtenu l’essentiel de mes diplômes supérieurs.

D’abord, un BTS en management des unités commerciales, ensuite un master 1 en affaires internationales option marketing client et enfin un master 2 en marketing et communication.

Je découvre et tombe amoureuse de la communication dès ma 1ère année en école de commerce et je construis mon parcours scolaire et professionnel autour de ce rêve, cette ambition : rentrer au Gabon et monter ma propre agence. L’aventure ACCENT débute donc en 2002.

Je pensais ouvrir mon agence à 40 ans, mais ma dernière expérience professionnelle en tant que salariée m’emmène à le faire beaucoup plus tôt, elle fera en sorte que je me sente prête à me lancer ou plutôt libre de me lancer !

Mon but étant de faire d’ACCENT une marque employeur et d’être le chef que j’aurais voulu avoir quand j’étais moi-même employée.

Nous travaillons sur la mise à jour de notre site web, mais n’hésitez pas à y aller pour mieux comprendre notre approche et signature, www.accent-gabon.com !

2. Vous avez mentionné que votre parcours est “créatif, diversifié et riche”. Comment ces trois aspects vous ont-ils aidée à façonner votre carrière ? 

Je fais partie de ces personnes qui ont besoin de fun et de nouveauté, c’est aussi pour ça que je n’ai pas eu envie de faire ma carrière chez un annonceur. Des clients différents, ça veut dire des problématiques différentes. 

Alors, mon parcours a été diversifié et riche parce que j’ai voulu connaitre les points majeurs d’expression d’une marque ; j’ai travaillé chez l’annonceur, j’ai été en agence et j’ai été imprimeur. Je voulais pouvoir offrir à mes clients la meilleure expérience de conseil qui soit ! Et en termes de communication, je suis un vrai couteau suisse ^^.

Et ce parcours, après bientôt 20 ans, est riche de toutes ces personnes avec qui j’ai collaboré, toutes ces problématiques auxquelles on (la TeAm ^^) a répondu.

La créativité, parce que c’est l’ingrédient essentiel pour faire vivre des marques, c’est l’ingrédient qui ne manque jamais aux réponses que nous apportons à nos clients ; c’est ce qu’il faut pour rendre sa carrière belle.

3. Vous avez pris la décision de vous lancer dans l’entrepreneuriat après avoir vécu une situation de harcèlement. Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans cette transition vers l’entrepreneuriat ? 

Ce n’est pas cette situation qui m’emmène à le faire, disons plutôt qu’elle m’amène à revoir mon agenda. J’ai eu envie que ma voix compte plus, de créer un espace sain, safe, de pouvoir écrire mes propres règles et pour le faire, il fallait que je devienne mon propre patron ! Transformer une expérience négative en expérience positive, la création d’ACCENT, l’agence qui cultive les concepts.

Pour revenir sur la question de la transition de salariée à entrepreneure, le premier stress me concernant a été d’accepter le fait de ne plus avoir de revenu régulier.

Mais globalement en tant que femme, les freins peuvent être : 

• Le manque de modèles de réussite féminins, ce qui, Dieu merci, n’a pas été mon cas, j’ai eu un mentor et un bon, en la personne de Laurence Chambrier ; sortie d’école, fraichement rentrée au Gabon, elle m’a donné ma chance et m’a appris à sauter sans parachute ^^.

• Le manque d’accès aux financements, que ce soit sous forme de prêts bancaires, de fonds d’investissement ou d’autres types de financement. Les femmes ont souvent moins de réseaux de soutien et de relations d’affaires pour obtenir des fonds conséquents.

• Les stéréotypes de genre qui persistent encore et qui peuvent créer des environnements discriminants.

 Il faut noter que les mentalités sont en train d’évoluer, il y a encore du chemin à faire, mais je veux croire qu’on est en bonne marche.

4. Vous avez souligné l’importance de l’entourage dans le succès d’une entrepreneure. Quel type de soutien avez-vous reçu dans votre parcours entrepreneurial, et comment cela vous a-t-il aidé à surmonter les défis ? 

Je ne serais pas là aujourd’hui sans soutien, je suis aussi le fruit de toutes ces personnes qui se sont mises en action pour que j’y arrive ; la première c’est ma mère qui a financé toute seule la totalité de mes études en école de commerce, j’ai été une fille-mère et j’ai pu apprendre et réussir. De mémoire, je n’ai eu aucune situation où je n’ai pas été soutenue, il peut m’arriver de me sentir incomprise mais jamais seule ou livrée à moi-même. 

J’ai lu récemment un article qui parlait du fait que le soutien du conjoint quand on est entrepreneur•e est un facteur clé de succès, quand je regarde par-dessus mon épaule et que je revois ce que j’ai déjà traversé, je suis à 1000 % d’accord avec l’auteur de cet article.

J’ai le soutien familial et amical indéfectible de tous mes proches, en fonction du boost dont j’ai besoin, je sais exactement qui appeler. J’ai une fille qui parfois se la joue les DGA et j’ai aussi ma team, la TeAm ACCENT.

Je peux compter sur leurs apports à tous les niveaux, merci à chacun d’eux ! 

5. Au Gabon, les stéréotypes et les préjugés sexistes peuvent freiner les femmes dans leur évolution professionnelle. Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat malgré ces obstacles ? Communication et leadership : 

Ma grand-mère disait souvent à ma mère quand elle se plaignait de ne pas encore avoir démarré un projet, que rien parce qu’elle y avait pensé, elle l’avait déjà fait ! Je n’ai pas encore trouvé plus bel encouragement, invitation à ne pas se morfondre sur ce qui n’est pas encore. Vous y avez pensé, vous l’avez fait ! En Afrique, une femme sur quatre crée ou gère une entreprise, ce qu’il faut c’est : 

• Briser ses propres barrières mentales : Il est essentiel de ne pas se laisser décourager par les préjugés et autres. C’est en croyant en soi et en ses capacités, qu’on y arrive.

• Se former en continu : L’environnement concurrentiel évolue continuellement. Se former aux meilleures pratiques est indispensable pour rester compétitive.

• Construire un réseau solide : S’entourer de personnes positives et bienveillantes est primordial. Un réseau professionnel solide peut apporter du soutien, des conseils et de nouvelles opportunités.

Pour ce qui est du leadership, la vision que j’ai, qui est aussi ma vision de la réussite, c’est plusieurs personnes ensemble au sommet d’une montagne.

6. Avec vos nombreuses années d’expérience en communication, comment pensez-vous que le secteur a évolué au Gabon, et quels sont les principaux défis auxquels les professionnels de la communication sont confrontés aujourd’hui ?

S’il y a bien eu une évolution dans mon secteur, c’est certainement par le biais de la digitalisation. On a connu une transformation profonde sous l’impulsion des technologies numériques. L’accès à Internet s’est largement démocratisé, offrant de nouvelles opportunités de communication et d’interaction. Des plateformes comme Facebook, Twitter, Instagram et TikTok ont révolutionné la manière dont les individus et les entreprises communiquent. Le smartphone est devenu un outil de communication incontournable, permettant un accès constant à l’information.

Pour revenir sur les professionnels de la communication, il faudrait peut-être redéfinir qui est professionnels de la communication ; il y a une jolie confusion entre les métiers de la communication et les métiers de l’information. Un petit exemple, vous remarquerez qu’il y a un phénomène ‘agence’ qui ne cesse de se développer ; tout le monde se déclare agence de communication, difficile de savoir qui est imprimeur, développeur, annonceur et studio créa.

Je ne saurais dire si les communicants sont victimes de leur amour pour leur métier ou de la démystification qu’ils ont eu à faire ; ce qu’il faut retenir c’est que « La com’ c’est un métier ». 

7. En tant que femme leader, vous avez encouragé l’importance de prendre du temps pour soi et de rejoindre des cercles de femmes entrepreneures. Comment ces pratiques vous ont-elles aidé à maintenir un équilibre entre vie professionnelle et bien-être personnel ? Hub Femmes d’Avenir 

En tant que femme leader, j’ai rapidement compris que l’équilibre entre ma vie professionnelle et personnelle était essentiel à mon épanouissement, je suis le premier outil de ma vie.

C’est pourquoi, j’accorde une grande importance à prendre du temps pour moi, à pratiquer des activités qui me ressourcent et à m’entourer d’autres femmes entrepreneures. 

Ces moments de répit et ces échanges me permettent de me recentrer, de m’enrichir, recharger mes batteries et de développer un réseau solide. 

C’est grâce à ces mécanismes d’aération que je suis en mesure de relever les défis de mon quotidien avec plus de sérénité et d’efficacité, tout en préservant ma santé mentale. 

Les cercles de femmes entrepreneures sont de vraies richesses, partages d’expérience, inspiration et conseils gratuits de ses pairs.

8. Pouvez-vous nous en dire plus sur le Hub Femmes d’Avenir et son rôle dans le soutien à l’entrepreneuriat féminin au Gabon ?

Le programme Femmes d’Avenir est né du partenariat entre l’État gabonais, le groupe Eramet etWIA Philanthropy, c’est un programme pensé pour les femmes entrepreneures gabonaises dédié au gain de compétences nécessaires pour le développement et la pérennisation de leurs business.Femmes d’Avenir aujourd’hui, c’est un programme qui mêle formation, mentorat et aide à l’accès au financement. 

Ce programme a pour but de contribuer au développement d’une communauté solide d’entreprises dirigées par des femmes gabonaises qui vont participer à apporter des solutions aux défis de notre continent. Femmes d’Avenir vise donc l’accélération des femmes entrepreneures pour qu’elles créent de l’emploi et aient un impact social positif. 

9. Le Hub met en avant la pérennisation des entreprises et l’impact social positif. Quelles sont, selon vous, les principales industries qui offrent des opportunités pour les femmes entrepreneures au Gabon ? L’avenir de l’entrepreneuriat féminin 

Il y en a plusieurs mais je peux citer : 

– Le tourisme culturel et patrimonial

– Les services aux personnes

– Les soins de santé innovants comme la télémédecine

– La Fintech

– L’agroalimentaire 

– L’écoconstruction

10. Comment voyez-vous l’avenir de l’entrepreneuriat féminin au Gabon et en Afrique en général, et quels sont les leviers à actionner pour en faciliter le développement ? 

Je vois plus de femmes créer leurs entreprises. Je pense que les femmes sont des leaders nés ! En termes de leviers, il faudrait/on pourrait continuer de : 

  • Faciliter l’accès au financement, travailler sur le gap attentes des banques-fonctionnement des entrepreneurs, améliorer/faciliter l’accès aux bonnes informations, mettre en place plus de programmes de formation-accompagnement et continuer d’avoir des politiques publiques favorables à l’entrepreneuriat. 

11. Quel message aimeriez-vous adresser aux jeunes femmes gabonaises qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat, mais hésitent encore à franchir le pas ?

L’entreprenariat c’est dur, mais vous savez c’est quand la route est dure que seuls les durs se mettent en route ! Vous y avez pensé, vous avez déjà réussi !

Andy Marvine Nze

Fils de Lambaréné, passionné d'écriture et féru des réseaux sociaux, qui a à cœur d'informer sur l'actualité gabonaise et internationale. Avant j'étais chef de classe, maintenant je suis titulaire d'un Master en Sciences Politiques et relations internationales

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