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Rachat d’Assala : pression politique, transparence, défis technologiques, investissements, la GOC saura-t-elle y faire ?

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Enfin bouclé. Après des mois de tractations en coulisses, le rachat d’Assala par l’Etat gabonais via Gabon Oil Company (GOC) au fonds américain Carlyle Group, a enfin été bouclé ce vendredi 21 juin 2024. Une bonne nouvelle pour les nouvelles autorités qui entendent reprendre la main sur le secteur pétrolier et qui récupèrent ainsi 25% environ de la production pétrolière sur son sol. Mais au-delà de l’euphorie, plusieurs questions restent en suspens. GOC, dont les comptes peinent à certifier d’exercices en exercices comme l’avait démontré le cabinet Moore Insight dans son rapport ITIE, saurat-elle y faire? Saura-t-elle seulement répondre aux défis technologiques et d’innovation qu’impose le secteur? Difficile pour l’heure d’y répondre.

Pression politique et interférence gouvernementale

On l’a dit et répété. La gestion d’une entreprise pétrolière publique présente plusieurs défis importants qui sont largement exacerbés par la nature complexe et volatile de l’industrie pétrolière. Parmi eux, la pression politique et l’interférence gouvernementale. Le Gabon doit faire face à un problème de fond concernant la gestion de ses entreprises et autres entités publiques. Celles-ci sont très souvent soumises à des pressions politiques pour répondre aux objectifs gouvernementaux, très souvent d’ailleurs, au détriment de leur efficacité opérationnelle ou financière. Pire encore, cette interférence politique influence fortement les décisions stratégiques, y compris les investissements, les contrats et les nominations au sein de l’entreprise. 

On l’a d’ailleurs vu avec la SEEG, qui a vu passer depuis sa réquisition par l’Etat en 2019, près d’une dizaine de responsables au gré des affinités des uns et des autres avec le sommet de l’Etat. Si certains parmi eux avaient largement les compétences pour redresser le gouvernail de cette entité au cœur du quotidien des Gabonais, d’autres ont entretenu les difficultés que l’on connaît aujourd’hui. Cette première barrière, la GOC pourrait également la rencontrer dans l’exercice de sa gestion des actifs d’Assala qui représentent globalement 45 000 barils/jours. Un chiffre qui, pour être maintenu, nécessitera des investissements colossaux et une gestion efficace et transparente. 

Gestion inefficace et manque de transparence

Les entreprises pétrolières publiques peuvent être sujettes à une gestion inefficace et à un manque de transparence, en raison de l’absence de mécanismes de gouvernance indépendants et de comptes rendus publics. Résultat possible, des pratiques opaques, des gaspillages de ressources et des inefficiences opérationnelles peuvent être enregistrés comme c’est largement le cas dans les entreprises publiques actuelles. Ces mêmes services publics personnalisés qui, aujourd’hui, engloutissent 160 milliards de FCFA par an en frais divers. Quand on sait la propension de nos autorités à faire exploser la masse salariale comme c’est le cas dans l’administration, on peut craindre à ce niveau que ce soit un réel défi pour la GOC, qui devra pourtant répondre aux défis technologiques et d’innovation pour rester compétitive. 

Innovation, gestion de la volatilité des prix du pétrole

Quand on sait que l’industrie pétrolière exige des investissements continus dans la technologie et l’innovation pour améliorer l’efficacité, réduire les coûts et minimiser l’impact environnemental. Quand on sait que les entreprises pétrolières publiques peuvent parfois être lentes à adopter de nouvelles technologies en raison de contraintes budgétaires ou de processus décisionnels bureaucratiques. Quand on sait que les fluctuations des prix du pétrole sur les marchés mondiaux, représentent un défi majeur pour les entreprises pétrolières publiques, affectant leur rentabilité, leurs revenus et leur capacité à planifier à long terme et que GOC devra concourir avec des entreprises privées plus agiles et orientées vers le profit sur le marché international. Difficile pour l’heure, et au regard des précédents, de mesurer l’impact positif potentiel de cette acquisition à plus de 800 milliards de FCFA.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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