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Gabon: un risque de plus en plus accru de défaut de paiement sous l’effet jumelé de la Covid-19 et de la mal gouvernance

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S’il est vrai qu’un « pays ne fait jamais faillite » comme l’expliquait Walter Wriston, ancien président-directeur général de Citicorp, dans certains cas, il pourrait bien s’en approcher. Il faut dire que si l’on mêle crise, dette souveraine qui s’envole, entreprises en difficulté, chômage, dépenses publiques en hausse malgré la nécessité de les réduire et surtout différents maux liés à la gouvernance des finances publiques, certains Etats à l’image du Gabon voient leur risque de défaut de paiement s’accroître.

Malgré les assurances du gouvernement et notamment de la ministre chargée de l’Économie et de la Relance, Nicole Roboty Mbou, qui affirmait récemment à l’agence de presse Bloomberg que « le Gabon continuera d’honorer ses engagements malgré l’impact de la crise du Covid-19 », force est de constater que la situation s’avère de plus en plus délicate. Pis, elle s’envenime de jour en jour, sous la pression « d’irrationnelles mesures coercitives » qui témoignent d’une absence de cohérence dans la gouvernance. 

En effet, bien au-delà des risques de défaut de paiement évoqués tour à tour par Fitch Ratings, Moody’s ou encore Goldman Sachs, c’est la situation réelle de notre économie qui interpelle. Suggérant à la fois une baisse des avoirs extérieurs nets du système bancaire qui passent de 479,8 milliards de FCFA à 292,6 milliards de FCFA en décembre 2020, mais également des avoirs extérieurs nets de la BEAC (-40,1%) et des banques primaires (-34,6%) le tout dans un contexte de baisse de plus de 10% du PIB, cette situation révèle de nombreux dysfonctionnements.

D’ailleurs, si l’on se penche sur le niveau d’endettement qui s’établit à fin 2020 à 6 264,9 milliards de FCFA selon les données de la Direction générale de l’économie, avec notamment un encours de 736 millions de dollars (400 milliards de FCFA) sur l’eurobond à échéance 2024, ces dysfonctionnements se font ressentir notamment par rapport au faible niveau de développement. Pis, si l’on se base sur le dernier rapport de l’ONU sur le Gabon, on s’aperçoit que la Covid-19 a détérioré le modèle social puisque le taux de pauvreté est désormais supérieur à 32%.

Pas épargné par la chute des prix des produits de base dont le pétrole qui représente encore en 2020 plus de 2700 milliards de FCFA en termes d’importations, le Gabon qui oscille désormais entre crise de la dette et crise de confiance, voit donc planer au-dessus de lui, un risque accru de défaut de paiement à défaut d’une possible faillite. Toute situation rendant extrêmement difficile la sortie du tout pétrole, pour une économie qui en est encore largement tributaire.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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