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Gabon : les prévisions pessimistes du FMI sur les perspectives économiques du pays

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Fin janvier dernier, en tenant compte de l’excédent de trésorerie du Gabon en amélioration d’environ 2,3% du PIB en 2023 contre 1,1 % en 2022 et d’un projet de loi de finances 2024 prévoyant des recettes plus élevées, de l’ordre de 15,7% par rapport à 2023, l’agence de notation Fitch Ratings mitigeait sa notation pays. Dans la foulée, une mission du Fonds monétaire International (FMI) à Libreville courant février, lui emboitait le pas. Depuis, cependant, la donne a quelque peu changé puisque les administrateurs du Fonds viennent de dévoiler des prévisions pour le moins pessimistes, mettant en cause des déséquilibres fiscaux préoccupants.

4162 milliards de FCFA pour l’exercice budgétaire 2024. C’est le montant colossal présenté par le gouvernement en ce qui concerne la Loi de finances 2024. Historique ! Cependant, quelques semaines après avoir voté ce budget colossal en cette période de transition, les autorités font face comme il fallait s’y attendre, au sempiternel défi de la bonne gouvernance et de la diversification économique. Dans un récent rapport-pays, l’institution de Bretton Woods a présenté plusieurs tableaux avec des indicateurs en berne. La croissance du PIB réel devrait ainsi se situer autour de 2,7% d’ici 2025. La contribution du pétrole à la croissance devrait progressivement se détériorer malgré une hausse attendue de la production. Elle devrait même connaître une croissance négative en 2025 (-0,7%). 

Le PIB par habitant ne devrait augmenter que de 0,5% en 2025

Le PIB réel par habitant devrait quant à lui perdre 1,3 point à 0,5% d’ici 2025 contre une hausse de 1,8% en 2022, quant aux termes de l’échange ils devraient largement pâtir de toutes ces difficultés budgétaires puisque selon les données du Fonds, ils se situerait à -1,7% sur la période sous revue contre 12,3% en 2022. Des perspectives négatives donc, dans un contexte où l’épargne brute nationale devrait tourner autour de 35,7% du PIB contre plus de 40% en 2022, où la masse monétaire au sens large devrait augmenter de moins de 1% contre plus de 15% en 2022 et surtout, où le stock de la dette publique devrait représenter près de 79% du PIB. Autant d’éléments qui renvoient à une prise de conscience collective sur les mesures d’assainissements qui doivent être prises très rapidement. 

Dépenses publiques : revoir la copie !

Témoignant de la nécessité pour l’exécutif de revoir sa copie en matière de dépenses publiques pour privilégier uniquement les dépenses prioritaires, comme l’invitait d’ailleurs à le faire les services du FMI qui indiquaient en février dernier que « les efforts visant à renforcer la transparence et la gestion des finances publiques devront se poursuivre sans relâche, et un accent devra être mis sur la correction des déséquilibres budgétaires afin de ramener les déficits à des niveaux finançables et freiner l’augmentation de la dette », ces agrégats en berne pour la plupart, interpellent également sur l’obligation des gouvernants actuels d’investir dans des pans structurants. La dette publique, qui devrait inéluctablement augmenter notamment celle en pourcentage du PIB non pétrolier qui devrait atteindre la barre des 120% en 2025 si rien n’est fait, devrait être équilibrée par des investissements judicieux.

Le déficit budgétaire qui devrait s’accentuer pour atteindre 6,9% du PIB en 2025, ne saurait s’accommoder de nouveaux dérapages budgétaires. Les velléités de changement, de diversification et de développement portées par le CTRI à travers son Plan national de développement pour la Transition (PNDT) non plus. Au risque de retomber dans les mêmes travers populistes que le régime déchu, les gouvernements civils et militaires devront donc faire front pour revoir leur copie. Injecter des centaines de millions de FCFA dans des voiries interurbaines c’est bien, mais favoriser l’interconnexion provinciale avec des routes de qualité serait encore mieux. Actuellement à Paris avec plusieurs membres de son gouvernement pour un sommet Gabon-France, le numéro un Gabonais devra avoir ces éléments à l’esprit au moment de conclure de potentiels deals.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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