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Gabon : augmentation de 133,33 % de la redevance de sûreté aérienne sur les vols nationaux

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A partir du 1er juin 2025, voyager à l’intérieur du Gabon coûtera plus cher. La redevance de sûreté aérienne applicable à tous les passagers au départ d’un vol domestique passera de 3 000 à 7 000 FCFA. Soit une hausse de 133,33 %, imposée sans concertation préalable, qui pèse lourdement sur le pouvoir d’achat et accentue la fracture territoriale dans un pays où l’avion et le bateau restent, pour certains, les seuls moyens de mobilité.

L’arrêté ministériel n°000351/MTMM/CAB-M signé le 30 avril dernier par l’ancien ministre des Transports, Jonathan Ignoumba, a introduit une série de hausses brutales sur les redevances aéroportuaires. La plus choquante reste celle appliquée aux vols domestiques, où la taxe de sûreté – pourtant essentielle à la mobilité intérieure – plus que double, au détriment de milliers de passagers gabonais et d’un tissu économique régional déjà affaibli.

Une décision à contre-courant des besoins du territoire

Alors que plusieurs régions du pays restent enclavées, c’est le cas de la capitale économique, Port-Gentil et que les infrastructures routières demeurent peu fiables, pour rallier Franceville ou Oyem, le transport aérien constitue une nécessité et non un luxe. En augmentant cette redevance, l’État alourdit artificiellement le coût des déplacements à l’intérieur du pays, rendant encore plus difficile l’accès aux soins, aux opportunités économiques et aux services administratifs pour les populations de l’arrière-pays.

« Pour un aller-retour Libreville-Franceville, c’est 14 000 FCFA de plus à débourser rien qu’en taxes. Cela représente quasiment un tiers du salaire minimum ! », dénonce un agent de voyage de la capitale. Un constat partagé par plusieurs voyageurs aériens, surtout que le train et ses aléas dissuadent plusieurs d’entre eux. 

Mobilité intérieure étouffée, cohésion nationale en danger

Cette décision administrative renforce une dynamique de fracture entre les centres urbains côtiers et l’intérieur du pays. Elle contredit également l’objectif affiché de relancer les dessertes régionales, alors même que plusieurs aéroports secondaires comme ceux d’Oyem, Koulamoutou ou Makokou viennent à peine d’être rénovés ou réhabilités pour accueillir des vols commerciaux.

Sans mesure d’accompagnement ni politique tarifaire incitative, ces plateformes risquent fort de rester sous-exploitées. Et le rêve d’un réseau national de mobilité aérienne efficace pourrait, une fois encore, s’écraser sur la réalité d’une fiscalité punitive.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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