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Energie : Sylvain Bouyé rassure sur l’avancée de la construction du barrage hydroélectrique de Kinguélé-Aval

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Sylvain Bouyé, directeur général d’Asonha Énergie, née à la suite d’un partenariat public-privé signé entre Meridiam et le FGIS pour la construction et l’exploitation du barrage hydroélectrique de Kinguélé-Aval, répond aux questions de Gabon Media Time.

Sylvain Bouyé, comment se porte Asonha Énergie ?

Asonha va très bien ! Nous sommes en plein dans le chantier du barrage qui est bien avancé. Nous embauchons tous les jours et avons un calendrier de travail bien rempli. C’est très enthousiasmant. 

Quels sont les bénéfices attendus du barrage Kinguélé Aval pour les Gabonais ?

Vue aérienne du chantier du barrage de Kinguele Aval © D.R.

Il me parait important de commencer par expliquer ce qu’est Asonha Énergie. Asonha Energie c’est une entreprise gabonaise ! Je crois que c’est important de le souligner. Elle est financée par la société de mission Meridiam et le Fonds gabonais d’investissement stratégique et cette entreprise est le véhicule de projet en charge du financement, de la construction et de l’exploitation d’une centrale hydroélectrique d’une puissance de 35 mégawatts. À quoi cela correspond ? À 13 % des besoins de Libreville en électricité. Le bénéfice, c’est bien cet apport en énergie et aussi le fait que celle-ci soit une énergie propre. Grâce au barrage, chaque année, le pays va pouvoir éviter près de 150.000 tonnes de CO2.

Est-ce que le barrage et l’électricité fournie vont renchérir le coût de l’énergie ? 

Il est important de préciser et de comprendre qu’Asonha Énergie n’est qu’un producteur d’énergie et non un distributeur d’énergie. Vous n’achèterez pas d’énergie d’Asonha directement. Nous fournissons le réseau et contribuons à ce que l’on appelle le “mix énergétique”, c’est-à-dire à l’ensemble des sources d’énergies primaires utilisées au Gabon. Notre métier, c’est comme vous le rappeliez, de produire de l’hydroélectricité. L’hydroélectricité est une électricité dont les coûts sont globalement plus bas que les sources thermiques qui supposent une maintenance intense et un coût de carburant permanent et très souvent soumis à l’inflation. La part d’hydroélectricité dans le mix énergétique a donc généralement un effet stabilisant sur les tarifs.

Les Gabonais connaissent l’existence de ce projet depuis de nombreuses années, mais, les travaux sur le chantier de construction ont pris du retard et n’ont débuté que cette année. Les conditions nécessaires à l’aboutissement de ce projet sont-elles désormais réunies ? 

Centrale à béton spécialement érigée pour la construction du barrage mise en service en juin 2023. © D.R.

Le projet a été imaginé il y a longtemps mais ce type d’infrastructure nécessite une ingénierie particulière. Construire un barrage en milieu tropical nécessite de prendre en compte différents aspects liés à préservation de l’environnement auxquels viennent s’ajouter la maîtrise des impacts sociaux. Cela a donc supposé un certain nombre d’études, d’ajustements avec les différents partenaires publics et privés. Mais c’est désormais chose faite et depuis plusieurs mois les travaux avancent au rythme souhaité. Il faut aussi considérer autre chose : un tel chantier se prépare et c’est dans cette préparation que l’essentiel se fait. Même si le premier coup de pelle n’est pas encore donné, sur le papier, le moindre détail est déjà pensé, calculé, mesuré. Un barrage est une infrastructure parmi les plus complexes je pense avec certains ponts.

La construction du barrage nécessiterait un investissement de plus de 179 millions d’euros (environ 117 milliards de Francs CFA), dans le cadre d’un contrat de concession conclu pour une durée de 30 ans. Qu’est-ce qui justifie un tel montant et un engagement de si longue durée ? 

Comme je vous le disais : un barrage, c’est une pièce unique. L’ampleur de l’infrastructure explique ce montant. Nous avons là un barrage de 450 mètres de large et 50 mètres de haut, c’est beaucoup de béton et bien d’autres matériaux utilisés. Et tout cela doit retenir une masse d’eau colossale. À côté de cela, on a des équipements de haute technicité, une turbine, un alternateur qui contrôle le système et les équipements de livraison d’énergie sur le réseau. C’est aussi une construction dont la durée de vie doit être supérieure à 50 ans. Ici notre concession est prévue sur 30 ans. C’est la durée sur laquelle nous sommes déjà engagés vis-à-vis de l’État pour produire l’électricité.  Au-delà, l’État reprendra l’infrastructure.

Est-ce que le chantier apporte de l’emploi aux Gabonais ? 

Une vue d’un agent d’Asonha Énergie sur le terrain © D.R.

Nous avons actuellement 350 personnes qui travaillent sur le site dont environ 290 Gabonais. Nous allons gagner en intensité avec un objectif global de recrutement de près de 900 personnes sur le site dont 75 % seront des Gabonais. C’est un engagement que nous avons pris auprès de l’État et qui se concrétise à travers l’ONE avec qui une convention a été mise en place. Par ailleurs, nous nous engageons également en matière de formation. Nous sommes là pour accompagner, former et faire progresser en compétence les différentes personnes qui travailleront sur le chantier.

Asonha se positionne en producteur d’énergie propre tout en assurant un développement pour les communautés locales et l’environnement. Comment cela concrétise ?

Les aspects environnementaux et sociaux sont une composante essentielle du projet. Beaucoup de gens pourraient les définir comme des contraintes, nous nous les définissons comme des atouts. C’est une condition que les pouvoirs publics comme les bailleurs de fonds et les investisseurs ont posé à l’existence de ce projet au cœur du patrimoine naturel gabonais. Nous sommes liés à ce patrimoine naturel : c’est dans notre ADN et celui de nos actionnaires, que ce soit Meridiam, société à mission ou Gabon Power Company, filiale du Fonds Gabonais d’Investissement Stratégique. Les deux actionnaires ont un fort engagement dans le domaine environnemental et sont, par leur culture, engagés à réaliser des projets de long terme et durables.

Ce que nous partageons c’est la conscience que nous avons besoin de la forêt pour avoir cette ressource qu’est l’eau. Nous avons par exemple mis en place par exemple un arboretum pour conserver, protéger et replanter. Au sein d’Asonha, 50% de notre effectif relève du département environnemental et social. C’est dire si nous prenons ces sujets au sérieux. Au-delà du chiffre, je crois que cela donne aussi du sens à une infrastructure comme celle-ci.

Quelles actions sociales menez-vous

Sur la partie sociale, nous avons deux axes d’intervention. Le premier axe porte sur des interventions de compensation qui sont liées à l’impact de notre projet. Nous avons par exemple mis en place un plan d’accompagnement à la pêche qui est une source de subsistance pour le village d’Andock Foula. Différents équipements dont un bateau, du matériel de pêche et quelques filets ont été fournis. Nous nous sommes également engagés à réhabiliter la barrière électrique anti-éléphant, sur une aire de 60 hectares, de manière à pouvoir développer un projet de développement agricole avec l’Institut gabonais d’appui au développement (l’IGAD). Au-delà de ça, nous avons des activités purement RSE qui sont des engagements volontaires d’Asonha, guidés par la volonté de faire un projet « différemment ». Nous avons la réhabilitation de l’école du village d’Andock Foula qui a pu rouvrir en septembre. Côté santé, nous avons fourni du matériel à l’hôpital de Kango afin d’améliorer son laboratoire de diagnostic et d’analyses. Nous prévoyons également avec nos équipes l’installation d’une ligne d’électrification rurale pour le village d’Andock Foula.

Qu’en est-il du volet environnemental?

Notre ambition est de faire de Kinguélé-Aval un modèle de réussite en matière de préservation de la biodiversité. Nous avons pu exposer notre vision et nos pratiques à l’occasion du One Forest Summit à Libreville. Le projet a par exemple été réduit en taille pour préserver la riche biodiversité qu’offre le parc des Monts de Cristal. À cela s’ajoute la mise en place de plans de gestion de la biodiversité. Des scientifiques gabonais et des instituts nationaux sont allés sur place faire des inventaires, un sanctuaire de 2000 hectares a été créé, et enfin un budget d’environ 3 millions d’euros sera alloué pour la gestion d’impacts environnementaux et sociaux après la phase de construction. Ces actions s’inscrivent dans une logique visant à augmenter les connaissances scientifiques sur la zone, sa faune, sa flore, et d’apporter un impact positif au travers de la réintroduction d’espèces et de leur suivi pendant 30 ans.

Quand sera livré le barrage ?

Le batardeau de première phase achevé début août. © D.R.

Dans le cadre du contrat de partenariat public-privé, les installations sont dues pour un démarrage à la fin du premier semestre 2025. Notre rôle, c’est de faire que cette date soit une réalité.

Dans ce type de structure, sécurité et fiabilité de l’infrastructure sont les deux enjeux prioritaires. Nous devons livrer l’infrastructure à un niveau de standard élevé sur lequel nous sommes aussi engagés. C’est d’autant plus essentiel qu’une fois le barrage livré, Asonha et ses actionnaires resteront engagés dans la gestion et la maintenance de l’infrastructure pendant 30 ans.

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