Référendum 2024 : la société civile en ordre dispersé
Alors que le débat sur le projet de nouvelle Constitution se fait vif, la société civile, qui a pourtant entamé cette transition de manière disciplinée, en parlant d’une même voix notamment lorsqu’il s’est agi de la nomination des parlementaires de la Transition, mène cette bataille en ordre dispersé. C’est le moins que l’on puisse dire au regard des divergences qui éclatent désormais en public lors de débats télévisés, ou par médias interposés.
La société civile gabonaise risque de sortir très fragilisée de la campagne référendaire en cours. En effet, en dépit de quelques avancées au sein du projet de Constitution la concernant, notamment l’article 7 qui consacre la Société civile comme « une des composantes de l’expression de la démocratie pluraliste et participative », et qui aurait pu aligner les positions sur l’ensemble du texte, l’opinion assiste au contraire à des débats houleux, qui témoignent d’une divergence profonde sur l’ensemble du texte.
La question politique à la source du différend
Bien que de manière unanime la Société civile a salué certaines avancées à l’instar de l’article 7 cité plus haut, ou encore la consécration de certains droits sociaux, et qui a d’ailleurs motivé certains acteurs à voter en faveur du texte, la question politique demeure fondamentale pour certains. En effet, si pour le Copil citoyen, le Oui doit l’emporter en dépit de l’absence de contre-pouvoirs que son chef de file, l’honorable Geoffroy Foumboula a clairement identifiés, pour Dynamique unitaire, la question politique est un préalable. « Après examen du projet de Constitution, il n’y a pas consécration de la séparation des pouvoirs, mais plutôt consécration du despotisme à travers un super-Président de la République qui fait main basse sur les pouvoirs législatif et judiciaire », avait alors déclaré le président par intérim, Roger Ondo Abessolo lors d’une réunion publique.
Si ces lignes de fracture étaient déjà clairement perceptibles au gré des sorties publiques des uns et des autres, c’est sur le plateau de Gabon 1ère que la différence de vue a pris une tournure nouvelle ce dimanche 10 novembre. En effet, au cours d’une séquence lors de ce débat, Marcel Libama, député de la Transition, n’a pas hésité à laisser éclater sa colère face à Geoffroy Foumboula « Nous sommes tous du même camp. J’ignore ce qui s’est passé pour que vous vous retrouviez de l’autre côté », s’est-il agacé, pointant au passage un certain renoncement de ce dernier à ses convictions. Ce à quoi le 4e Vice-président de l’Assemblée nationale de Transition a répondu « Je refuse de faire de la politique sur le référendum ».