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Liberté de la presse : le directeur de publication et 3 journalistes de GMT placés en garde à vue à la DGR

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L’information est tombée ce mercredi 4 octobre 2023.  Le Directeur de publication de Gabon Media Time, Harold Leckat, Lyonnel Mbeng, rédacteur en chef adjoint, Esther Kengue et Karl Maure, respectivement journaliste et journaliste reporter d’images ont été gardés à vue à la suite d’une convocation à la Direction générale des recherches (DGR), sur instruction du procureur de la République près le tribunal de première instance de Libreville André Patrick Roponat.

Alors que le Gabon a gagné 11 places en se positionnant au 94ème rang mondial en 2023 dans le classement de l’Organisation internationale de défense de la liberté de la presse, Reporters sans frontières (RSF), cette performance pourrait être compromise dans le prochain classement. Et pour cause, cinq mois seulement après avoir enregistré ces résultats encourageants, l’image du Gabon pourrait être ternie avec la convocation ce 4 octobre 2023 de 4 journalistes de Gabon Media Time à la Direction générale des recherches (DGR), ceci alors que le pays a dépénalisé les délits de presse.  

Convoqués pour avoir posé une question 

Si pour l’heure, très peu d’informations ont filtré sur les raisons de la convocation manu militari du directeur de la publication du site Gabon Media Time, Harold Leckat ainsi que 3 de ses agents, notamment Lyonnel Mbeng, Esther Kengue et Karl Maure, cette dernière ferait suite à un article,  un reportage et un [#Dîdîîî] intitulés « Gabon : Irrégularités dans les saisies effectuées chez Ian Ngoulou ? » qui s’interrogent sur la procédure de saisie opérée par le procureur de la République près le tribunal de première instance de Libreville André Patrick Roponat et ses préposés au domicile de Ian Ghislain Ngoulou largement relayée sur plusieurs médias. Les journalistes ont été convoqués pour avoir rédigés l’article, posé la voix pour le reportage et monté la vidéo illustrant l’article.

S’étant rendu au domicile de Ian Ghislain Ngoulou pris en flagrant délit de thésaurisation de fonds publics, le Procureur de la République près le Tribunal de première instance de Libreville aurait délibérément choisi de fouler aux pieds la procédure légale. Dans cette courte vidéo, André Patrick Roponat demande de laisser les devises en euro que ses préposés iraient compter dans son bureau. Une injonction qui porterait atteinte aux règles inhérentes aux conditions générales des saisies. En effet, les articles 106 al. 4 et 5 du Code de procédure pénale dispose que : « Les objets saisis sont immédiatement inventoriés et placés sous scellé. Il en est dressé procès-verbal ». Toute chose qui n’aurait pas été le cas. 

Violation de la liberté de la presse ?

Pis, cette situation est pour le moins incompréhensible, car violant allègrement les lois de la République en matière de presse.  En effet, l’ordonnance n° 00000012/PR/2018 du 23 février 2018 modifiant et complétant certaines dispositions de la n°19/2016 du 9 août 2016 portant Code de la communication en République gabonaise exclut en son article 199 « toute sanction privative de liberté en cas de manquement aux dispositions de la présente ordonnance et règlements en vigueur, notamment les infractions commises par voie de presse ». Ce qui implique qu’une plainte au pénal ne peut plus être intentée contre un journaliste qui a commis une infraction au Code de la communication.

Le gouvernement appelé à faire respecter la liberté de la presse

Faut-il rappeler qu’en matière de délit de presse, ni les OPJ, ni le procureur de la République, encore moins les magistrats relevant des juridictions pénales ne peuvent connaître d’un délit commis par voie de presse ? Cette convocation sonne donc comme une énième entrave à la liberté pour laquelle les plus hautes autorités, en tête desquelles, le Président de la Transition, le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguéma, le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Paul-Marie Gondjout, la ministre des Nouvelles technologies de l’information, de la communication, Laurence Ndong devraient apporter des réponses. 

Andy Marvine Nze

Fils de Lambaréné, passionné d'écriture et féru des réseaux sociaux, qui a à cœur d'informer sur l'actualité gabonaise et internationale. Avant j'étais chef de classe, maintenant je suis titulaire d'un Master en Sciences Politiques et relations internationales

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