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Gabon: l’Etat serait-il devenu incapable de financer ses propres projets?

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Que ce soit pour des projets d’infrastructures, environnementaux, éducatifs, sanitaires ou même sportifs, l’exécutif gabonais a fait du recours aux emprunts et autres formes de financement son nouveau créneau. À l’image du Partenariat public privé (PPP), devenu depuis quelques années son arme de prédilection comme en témoignent des projets comme l’axe Omboué-Port-Gentil ou encore la future Transgabonaise, celui-ci ne semble plus vouloir s’embarrasser de mécanismes internes pour financer ses propres projets. Au grand dam d’un tissu économique de plus en plus fragilisé par une dette publique abyssale. 

A bien des égards, depuis plus d’une décennie, l’Etat gabonais a fait de l’emprunt son mécanisme de financement privilégié. Ainsi, que ce soit pour des projets d’infrastructures, environnementaux, éducatifs, sanitaires, sportifs, et même pour le remboursement d’emprunts précédents, celui-ci semble plus que jamais incapable d’assurer l’auto-financement de ses projets, ou du moins ne manifeste que peu d’intérêt à s’y résoudre, alors même qu’il n’hésite pas à mobiliser des ressources colossales pour entretenir le train de vie de son gouvernement et de ses collectivités locales et territoriales. 

En effet, rien que sur les cinq dernières années, se sont en moyenne 700 milliards de FCFA qui ont été injectés en salaires et traitements pour un total de 3500 milliards de FCFA, 200 milliards de FCFA en moyenne en dépenses de biens et services soit 1000 milliards de FCFA, et plus de 210 milliards de FCFA en transferts et subventions diverses soit plus de 1000 milliards de FCFA. Des dépenses qui, au regard de l’état désuet aussi bien de l’administration que du patrimoine de l’Etat, semblent n’avoir pas permis une quelconque amélioration des conditions de vie des Gabonais.

Au contraire de ces dépenses dites de fonctionnement, les dépenses liées aux investissements publics, ont pour leur part progressivement décliné notamment celles sur fonds propres. Passant de 240,9 milliards de FCFA à fin décembre 2015 à 146,3 milliards de FCFA à fin décembre 2020, le tout avec un montant historiquement bas en 2017 à 67,4 milliards de FCFA (en baisse de près de 60% par rapport à la même période l’année précédente), ces dépenses d’investissements n’ont donc représenté qu’à peine 5% du PIB en moyenne au cours des cinq dernières années. Un ratio dérisoire, pour un pays qui aspire à « opérer sa transformation dans les deux ans qui viennent ».

Loin du compte. Incapable d’assurer sa survie de manière autonome et optimale, l’exécutif gabonais qui injecte pourtant plus de 150 milliards de FCFA par an en dépenses militaires, semble donc se refuser à assurer le financement de ses propres projets. Une charge qui semble plus que jamais incomber aux partenaires au développement et aux opérateurs locaux, puisque ces derniers, à l’instar d’Arise, sont dans tous « les bons coups ». Une situation qui n’a d’autre corollaire que de contribuer à entretenir l’engrenage d’un endettement qui atteint aujourd’hui des sommets historiques.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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