Gabon : les anciens agents de Sotravil enfin à la caisse
Dans un communiqué publié le mardi 7 mai dernier, le ministère de l’Économie et des participations a invité les anciens agents de la Société des Transports de Ville (Sotravil) non bénéficiaires des paiements inhérents à la liquidation du plan social depuis le 3 octobre 2022, à se rapprocher des services de l’inspection générale des services. Objectif pour l’Etat, procéder à la liquidation totale de ces créances et occasion pour nous de revenir sur la déchéance de cette entreprise semi-publique de transports urbains, qui a accouché de deux clowns depuis.
Toujours quasi exclusivement assurés par les opérateurs privés, les transports routiers urbains auraient pu connaître un développement différent au Gabon. Et pour cause, de la société de transport national (Sotral), à la Société gabonaise transport (Sogatra) dont l’audit diligenté par le ministère des transports a révélé un grand nombre de carences, en passant par la Société des Transports de Ville (Sotravil), les initiatives des pouvoirs publics n’ont pas manqué dans ce secteur. Hélas, toutes connaissent à chaque fois le même dénouement, du fait des mêmes tares liées à la gouvernance et la gestion aussi bien financière qu’opérationnelle.
En effet, en créant le 13 juillet 1977, la SOTRAL fut la première société de transport national, l’objectif était clair, reprendre le contrôle et améliorer la desserte urbaine, interurbaine et périurbaine du Grand Libreville, favorisant ainsi une plus grande mobilité des personnes à des coûts réduits. Entreprise aujourd’hui liquidée. Sur ses cendres naît ensuite Sotravil. Une société avec le même dessein et ironiquement la même finalité. Société dont les anciens agents non bénéficiaires des paiements inhérents à la liquidation du plan social depuis le 3 octobre 2022, viennent d’être invités par le ministère de l’économie à se rapprocher des services de l’inspection générale des services.
Sotral, Sotravil, Sogatra, Transurb, mêmes causes mêmes effets
Comme cela ne suffisait pas, les pouvoirs publics ont poursuivi leur logique, en créant sur les ruines de Sotravil, la Sogatra. Un opérateur né 1997 avec pour mission de transporter les populations et qui a d’ailleurs conclu un accord avec la société Marcopolo pour la fourniture de bus et la formation. Malgré tout celà, rien n’a changé. Les mêmes problématiques demeurent. Le transport urbain et interurbain est toujours aux mains du secteur privé, malgré la création de Transurb le 31 janvier 2020, un clown de Sogatra qui en a multiplié les tares. Déficitaires l’une comme l’autre. Accrochées aux subventions de l’Etat qui servent en grande partie à payer les salaires souvent fictifs d’agents. Ces deux entités semblent, elles aussi, vouées à la liquidation.
Le développement des transports urbains nécessite une stratégie globale
Avec les mêmes causes qui continueront inévitablement à produire les mêmes effets, le gouvernement de transition qui doit on le rappelle, poser les bases du développement économique du pays à travers une refonte profonde des institutions et mécanismes, devra désormais réfléchir à une stratégie globale qui aborderait divers aspects tels que les infrastructures, les systèmes de transports publics, la réglementation, la durabilité et l’inclusivité. Au risque de devoir jeter des milliards de FCFA par la fenêtre comme c’est actuellement le cas avec les 3,5 milliards de FCFA dédiés à la gratuité des transports. Une mesure au final, loin d’être salvatrice.