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Gabon : le PDG : parti politique ou secte dépourvue de gourou ?

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À l’heure des départs en cascade du parti de masse, il est plus qu’indispensable de se questionner sur la réelle portée de cette plateforme politique qui ne semble finalement assise sur aucune idéologie. Pour preuve, les quelques résistants à la vague restauration CTRI ne savent plus à quel saint se vouer tant leurs leaders aux allures de gourous ne sont plus capables de tenir la dragée haute après 56 ans de gestion sans partage.

Alors que les observateurs de la vie publique s’attendaient à ce que la non-dissolution du Parti démocratique gabonais (PDG) donne une chance à ce parti de maintenir son aura sur la scène politique, le résultat semble finalement moins élogieux qu’escompté. La faute, à l’inconsistance de certains prétendument « mastodontes » de cette formation au pouvoir depuis 55 ans, qui n’ont pas résisté à la restauration des institutions. Autrement dit à la fin de la gabegie et du népotisme.

Le PDG : de la masse au peu !

Défini, au sein du système politique et institutionnel, comme un groupement de personnes unies autour d’un programme politique qu’elles souhaitent voir mettre en œuvre, le parti politique se donne pour mission d’influencer le pouvoir politique en place, en le soutenant, si celui-ci en est issu, ou en s’y opposant. Une structuration qui ne semble plus fonctionner sous les tropiques notamment au Gabon où l’intérêt guide l’esprit. Le bel exemple, si tant est qu’il y ait du mérite, c’est le PDG dont les cadres migrent vers des néophytes.

Aux commandes du pays entre 1968 et 2023, soit 55 ans sur les cendres du Bloc démocratique gabonais (BDG) de 1953, le parti de masse n’est plus qu’un parti chétif. Si d’aucuns récusent la promotion de certains de ses anciens cadres à l’Assemblée nationale et au Sénat, la vérité est que ces derniers n’assument plus cet héritage. Et ce, après la prise du pouvoir par les militaires réunis au sein du comité de transition pour la restauration des institutions (CTRI). Le « make-noise » silencieux d’Ali Bongo Ondimba, posait les jalons d’un déni honteux de leur sacré « DCP » dont le revêtement est prohibé.

L’inexistence d’idéologie à l’origine de la chute du PDG

C’est l’analyse qu’il est aisé de faire dans ce contexte de transition durant lequel le PDG semblait être le mieux armé pour amorcer l’après gouvernance sans partage. Pourtant le résultat est anecdotique. C’est la débandade dans le parti de Feu Omar Bongo Ondimba qui, via la démocrature mise en branle, avait généré insidieusement une obsolescence programmée. Des germes destructeurs que Max Weber qualifie de « pouvoir charismatique » dans son œuvre « Le savant et le politique ». Seulement le chef charismatique s’est vite fait gourou de suiveurs sans vision.

D’Omar Bongo Ondimba à Ali Bongo Ondimba, la base du PDG se présente comme une communauté émotionnelle qui leur vouait une fidélité incommensurable. À ce propos, l’économiste et sociologue allemand soutenait que « plus le parti se considère comme marginal, plus il a des allures de secte, plus le lien d’allégeance exigé des adeptes est strict. On n’ira pas répéter au-dehors ce qu’on a subi », rapporte Radio France. S’il ne s’est pas agi de secret, il y a eu un hominalisme qui a fini par créer le délitement de ce parti, une fois Ali Bongo écarté du pouvoir. À cette allure, Luc Oyoubi devra se préparer à la cassure de sa patate chaude devenue un simple regroupement d’intérêts de carrière assez faiblement liés entre eux.

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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