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Gabon : faut-il privatiser le système de santé public ?

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En dépit des quelque 60 milliards de FCFA annuels alloués chaque année à la Santé publique notamment pour les dépenses de biens et services,  les dépenses de transfert et les dépenses d’investissement, le système de santé gabonais demeure l’un des moins performants du continent. Loin du top 10 de l’indice des soins de santé établi grâce à une compilation de données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le pays se cherche des solutions pérennes, qui pourraient naître d’une privatisation ciblée de certaines structures sanitaires publiques.

Afrique du Sud, Tunisie, Kenya, Algérie, Nigeria, Égypte, Maroc, Rwanda, Tanzanie, Zambie. Qu’est ce que ces pays ont en commun? Un système de santé dont l’indice dérivé d’une compilation de données fourni par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), permet de souligner une bonne qualité globale avec notamment des professionnels de la santé de choix, des équipements de pointe, un personnel de premier ordre et des coûts attractifs. Quasiment tout l’inverse du Gabon. 

Il faut dire que le pays, en transition depuis le coup d’Etat du 30 août dernier, peine à satisfaire la demande en soins de santé des populations. Entre faiblesse des dépenses publiques et privées, qui selon les données les plus récentes, sont parmi les plus faibles du continent et du monde avec seulement 2,68% du Produit Intérieur Brut (PIB), corruption au sein des gouvernements conduisant à une mauvaise gouvernance, incompétence de nombreux praticiens et faiblesse des plateaux techniques, le système de santé gabonais est à la peine.

Un état de santé de la population qui se dégrade

Si « améliorer l’état de santé de la population en recentrant les efforts sur la prévention et les soins de santé primaires » était une des priorités du Plan d’accélération de la Transformation (PAT) qui entendait également « pérenniser les sources de financement du système de santé et réhabiliter les infrastructures existantes », force est de constater que l’état de santé de la population continue de se dégrader. Et ce ne sont pas les 200 milliards de FCFA de chiffre d’affaires tirés de la vente de produits pharmaceutiques entre 2020 et 2022 qui prouveront le contraire, dans un pays où l’automédication prend chaque jour un peu plus d’épaisseur. 

Faut-il privatiser les structures sanitaires publiques pour un meilleur rendement?

Dans un contexte où les dépenses de personnel représentent plus de la moitié du budget santé, avec plus de 72,5 milliards de FCFA prévus en 2024 contre 63,4 milliards de FCFA en 2023 soit une augmentation de plus de 9 milliards de FCFA en glissement annuel, stigmatisant un peu plus des dérives budgétaires qui font que les dépenses de fonctionnement sont toujours largement au-dessus des dépenses d’investissement, une question se pose avec insistance. Faut-il privatiser les structures sanitaires publiques pour un meilleur rendement ?

Faut-il comme au Nigéria ou en Afrique du Sud par exemple, un pays dans la short-list des évacuations sanitaires du Gabon, miser sur l’initiative privée afin de développer le système de santé? Deux questions auxquelles devront répondre les nouvelles autorités, qui entendent favoriser un changement de paradigme multisectoriel. Changement qui ne peut intervenir qu’en créant un cadre favorisant l’amélioration des soins de santé primaire d’une part et en favorisant la recherche et le développement d’autre part. Deux aspects intimement liés au financement de l’offre de santé.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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