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Gabon : ces lacunes persistantes en matière de gouvernance des entreprises publiques

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La gouvernance des entreprises publiques au Gabon souffre de lacunes persistantes. C’est un fait qu’à d’ailleurs reconnu l’exécutif dans son annexe des établissements publics, adossé à la Loi de finances 2023. Si ces carences sont en grande partie à mettre au profit du régime déchu, qui avait fait de la création d’agences en tous genres l’un de ces sports favoris, elles semblent également être entretenues par le gouvernement militaire. Pour preuve, à leur arrivée au pouvoir, les nouveaux dirigeants ont malgré la nécessité de changer leur fusil d’épaule, décaissés pas moins de 3,5 milliards de FCFA au profit de Sogatra et Transurb. Deux entités loin de briller par leur bonne gestion. 

Au Gabon, les entreprises publiques fonctionnent très souvent sans suffisamment de transparence et encore moins d’orthodoxie, ce qui rend difficile l’évaluation de leurs performances, de leur santé financière et de leurs processus de prise de décision. Elles peinent à fournir des états financiers et autres rapports permettant aux citoyens de juger de leur rendement et de leur efficacité, quand bien même elles usent et abusent des deniers publics. Ce manque de transparence, entretenu par l’exécutif qui multiplie les subventions à leur endroit malgré le peu de résultats qu’elles présentent, entretient le fléau de la corruption et interroge à l’heure d’une supposée transition. 

En effet, entre ingérence politique avec des nominations à des postes de direction basées sur les relations politiques plutôt que sur le mérite et mauvaise gestion financière, aucune entreprise publique aujourd’hui n’est en mesure de présenter un bilan qui lui serait favorable. Pis, elles s’engraissent sur le dos du contribuable avec des rémunérations qui crèvent le plafond du fait d’une absence totale de grille salariale. D’ailleurs, le mois dernier, nous évoquions déjà la nécessité de supprimer ces services publics personnalisés engloutissant plus de 160 milliards par an

Entre inéfficacité et mauvais rendement

Confrontées à une mauvaise gestion financière, notamment une mauvaise budgétisation, des contrôles financiers inadéquats et des niveaux d’endettement insoutenables, ces entreprises publiques font partie de ces pans des finances publiques qui obèrent l’investissement public, conduisent à certaine instabilité financière, à des problèmes de liquidité et, en fin de compte, à la nécessité d’un plan de sauvetage du gouvernement et d’une restructuration de la dette. Dans un contexte de reprise en main de notre économie, difficile de comprendre que les nouvelles autorités persistent dans cette voie, tout en sachant qu’elle a conduit le régime déchue droit dans le mur. 

Qu’à celà ne tienne, remédier à ces lacunes persistantes dans la gouvernance des entreprises publiques au Gabon nécessitera des réformes globales, notamment des mesures visant à accroître la transparence, à réduire l’ingérence politique, à améliorer la gestion financière, à renforcer les mécanismes de contrôle, à promouvoir l’efficacité et à faire respecter la responsabilité. Ces réformes, au-delà de tout, sont essentielles pour assurer le fonctionnement efficace et durable des entreprises publiques. Pour améliorer la qualité de la dépense publique et surtout son efficacité, il faudra inéluctablement passer par cette voie. 

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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Un commentaire

  1. Il faut confier ces entreprises à des vrais manager avec des feuilles de routes bien établies et à partir desquelles ils devront rendre compte et devront être évalués.
    Et non des nominations fantaisistes entre coquins et copains

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