Dérive de la jeunesse : quand la famille abandonne son rôle éducatif
La jeunesse gabonaise semble être en proie à une dérive inquiétante. Consommation de stupéfiants, d’alcool, délinquance juvénile, tout y passe. Un état de fait grandement imputable à la démission de la famille élargie de son rôle éducatif, laissant les parents biologiques seuls face à la pression de la parentalité.
La famille en Afrique revêt un rôle capital pour l’édification d’un enfant. Étant donné que ce dernier n’appartient pas qu’à son père et sa mère, mais à tous les membres. Cette éducation collective, connue sous le terme d’alloparentalité, permettait aux oncles, tantes, grands-parents et autres membres de la famille d’intervenir dans l’éducation de l’enfant. Ils pouvaient ainsi reprendre un enfant là où ses parents auraient manqué de le faire, garantissant un encadrement constant et complet. Ce manque de supervision et d’encadrement contribue à l’émergence de comportements déviants.
Perte des valeurs familiales au détriment des jeunes
Cependant, cette dynamique semble s’effriter avec le temps. Nous sommes désormais à l’ère du chacun pour soi, où la famille, censée être le cadre de référence, ne se soucie plus du devenir des enfants. Les membres de la famille élargie restent désormais indifférents à la perdition d’un jeune, ne ressentant plus l’obligation morale d’intervenir.
Pourtant, l’alloparentalité comblait le vide laissé par les multiples tâches et obligations quotidiennes des parents. Cette méthode était bénéfique non seulement pour les enfants, qui recevaient un encadrement et une supervision constants, mais aussi pour les parents, qui pouvaient compter sur le soutien de la famille élargie. Sans cette aide, les parents se retrouvent souvent débordés et incapables de surveiller et d’encadrer efficacement leurs enfants. Les conséquences de cet abandon sont visibles. On assiste à une augmentation de la consommation de stupéfiants et d’alcool chez les jeunes, une recrudescence des violences et un manque flagrant de respect envers les aînés.
La ministre des Affaires sociales, Nadine Nathalie Awanang, a d’ailleurs souligné cette perte des valeurs familiales lors de la Journée internationale des familles. « Le regard rétrospectif de la famille dans notre pays que je puisse avoir est celui de l’image d’une famille où les liens sont en situation d’effritement et de déliquescence, où règnent la haine, l’individualisme, l’irresponsabilité et la violence sous toutes ses formes ». Il serait donc temps de renouer avec cette méthode et pour se faire les familles doivent se réapproprier leur rôle éducatif collectif. Il est également nécessaire de promouvoir des initiatives communautaires visant à renforcer les liens familiaux et à réinstaurer une culture d’entraide et de responsabilité partagée afin de garantir une éducation de qualité.