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Budget 2025: faut-il craindre le pire?

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Alors que le budget 2025 chiffré à plus de 4200 milliards de FCFA se profile à l’horizon, les prévisions budgétaires du Gabon suscitent de vives inquiétudes. Avec une politique budgétaire expansionniste et une hausse notable des besoins de financement, l’État pourrait se retrouver dans une position délicate, menaçant la stabilité économique et sociale du pays. La demande récente du gouvernement pour des exemptions temporaires de la pondération sur ses titres publics, met en lumière l’urgence d’une restructuration fiscale et surtout d’une discipline budgétaire dans un contexte marqué par des risques croissants de liquidité.

La rétrogradation de la note souveraine du Gabon à « B- » par certaines agences de notation entre septembre 2023 et juillet 2024, reflétait déjà les difficultés croissantes pour le pays à mobiliser des financements. Ces risques se sont exacerbés par un environnement de financement serré, aussi bien sur le marché obligataire régional qu’à l’international. En dépit du remboursement anticipé d’une partie de l’eurobond 2025 pour un montant de 180 milliards de FCFA, les garanties apportées par les autorités de la transition ne semblent guère suffisantes. À cela s’ajoutent des arriérés externes déjà estimés à 165 milliards de FCFA à fin mai 2024. 

Un déficit budgétaire alarmant

Ces dettes non honorées envers des créanciers officiels soulignent une faiblesse structurelle dans la gestion des finances publiques. La trajectoire budgétaire du Gabon continue d’inquiéter les analystes dans et en dehors de nos murs. En 2023, le pays est passé d’un excédent budgétaire à un déficit estimé à 1,8 % du PIB. Pour 2024, ce déficit devrait atteindre 3,9 %, et la situation pourrait empirer en 2025 avec une prévision située entre 5,3 et 5,9%. Cette dégradation est alimentée par des revenus pétroliers en baisse, une politique d’exonérations fiscales incohérente et une augmentation des dépenses publiques, notamment dans les secteurs sociaux et les infrastructures. Dans le même temps, l’échéance électorale de 2025 réduit la probabilité d’une austérité budgétaire nécessaire. Alors même que le pays sort d’un court mais très coûteux processus référendaire. 

Des besoins de financement insoutenables?

Les besoins de financement du Gabon pour 2025-2026 sont estimés à une moyenne de 13,2 % du PIB, un niveau difficilement soutenable sans un soutien externe significatif. L’accès aux marchés internationaux est de plus en plus limité en raison de coûts prohibitifs, et le marché régional est lui aussi marqué par une raréfaction des liquidités. En dépit des dépôts publics représentant 2,8 % du PIB en début d’année 2024, le Gabon pourrait se retrouver contraint de puiser dans ces ressources ou d’accumuler de nouveaux arriérés de dettes, ce qui pourrait miner davantage la confiance des créanciers.

Face à ces pressions, le gouvernement de transition a récemment introduit une demande d’exemption budgétaire, justifiant l’élargissement du déficit par la nécessité de répondre aux besoins sociaux et de financer des projets structurants. Cependant, cette stratégie reste floue, notamment en ce qui concerne l’impact des projets annoncés, comme la création d’une compagnie aérienne nationale et d’une banque de développement, qui n’ont pas encore fait l’objet d’une planification budgétaire claire. Ces annonces, couplées à des dépenses extra-budgétaires, renforcent les doutes quant à la viabilité du budget 2025. 

La situation budgétaire du Gabon pour 2025 appelle donc nécessairement à des réformes drastiques et une gestion rigoureuse des ressources. Ce qui pour l’heure n’est pas le cas en tenant compte des dépenses de biens et services chiffrées à plus de 378 milliards de FCFA en 2025 et de la masse salariale de l’Etat qui devrait atteindre plus de 825 milliards de FCFA sur la même période. Sans des ajustements fiscaux clairs et un soutien accru des créanciers, le pays pourrait entrer dans une spirale de surendettement et de déséquilibre macroéconomique. L’absence de soutien budgétaire des créanciers officiels, combinée à une faible flexibilité de financement, laisse désormais peu de marge de manœuvre au Gabon. L’opinion se pose donc la question, faut-il craindre le pire? 

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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