Gabon : l’ampleur des malversations à Gab’Oil chiffrée à plusieurs dizaines de millions en quelques mois
C’est un nouveau scandale qui secoue le secteur pétrolier nationale dans son volet entreprise publique/étatique. Filiale de la Société nationale des hydrocarbures (SNH), Gab’Oil, est au centre des accusations. Des pratiques financières douteuses auraient permis le décaissement de plusieurs dizaines de millions de FCFA en quelques mois. Ces révélations accablantes, basées sur des documents internes, mettent en lumière une gestion financière qui frôle l’abracadabrant.
L’un des points les plus édifiants de cette affaire concerne les dépenses faramineuses liées aux conseils d’administration. Au total, 43,125 millions de FCFA auraient été consacrés à ces réunions en quelques mois. Parmi ces sommes, 3,125 millions de FCFA auraient été indûment perçus par le président du conseil d’administration (PCA), Landry Bongo Ondimba, à travers des jetons de présence décaissés cinq fois pour une seule réunion tenue le 8 septembre 2024. Cette pratique, qui témoigne d’une gestion pour le moins opaque, soulève des interrogations sur la réelle utilité de ces sessions pour la gouvernance de l’entreprise.
Une politique RSE controversée
Gab’Oil semble également avoir dilapidé des fonds à travers une politique de responsabilité sociétale d’entreprise (RSE) jugée discutable. Près de 33 millions de FCFA auraient été alloués à des aides diverses à des associations, des dépenses qui, selon des sources internes, ne correspondent pas à la vocation première de cette entreprise pétrolière. Ces choix stratégiques, difficilement justifiables dans un contexte de difficultés financières aiguës, suscitent des critiques quant à l’utilisation des fonds publics par cette société d’État.
46 millions pour une campagne référendaire
En parallèle, François Owono Messie, administrateur directeur général de Gab’Oil, aurait validé la création d’une régie d’avance de 46 millions de FCFA pour le financement d’une campagne référendaire. Curieusement, cette décision est intervenue le 12 novembre 2024, soit six jours après le début de la campagne, posant la question de son opportunité. Ces dépenses tardives s’ajoutent à d’autres dépenses superflues, comme une facture mensuelle de 10 millions de FCFA pour les services de restauration fournis par une entreprise privée.
Alors que l’entreprise ploie sous le poids d’une dette de 50 milliards de FCFA auprès de l’un de ses fournisseurs, ces pratiques managériales dénoncées par de nombreux observateurs illustrent une gabegie financière qui pourrait aggraver davantage la situation de Gab’Oil. Les décisions douteuses prises par ses dirigeants, notamment celles liées à leur train de vie princier et aux allocations extravagantes, révèlent un système de gestion opaque, voire mafieux, qui pourrait bien précipiter cette entreprise publique dans un gouffre financier. Ce scandale met en lumière la nécessité d’une enquête approfondie sur la gouvernance de Gab’Oil et d’un audit indépendant pour faire toute la lumière sur l’utilisation des fonds publics au sein de cette société d’État.