Alfred Nguia Banda : « Vous avez piètrement participé à l’élaboration d’une Constitution faite de Brice et de broc »
Alors que le projet de nouvelle Constitution est en discussion au Parlement réuni en constituante depuis le 12 septembre, acteurs politiques, intellectuels et société civile se déchirent sur la monture produite par le Comité constitutionnel national (CCN). Parmi les personnalités engagées contre cette version initiale du texte, Alfred Nguia Banda fait partie des plus virulents puisque, dans une lettre ouverte adressée aux participants au DNI et aux membres du CCN, il décortique ce texte en pointant ce qu’il considère comme des contradictions.
C’est en sa qualité de Docteur en Droit, diplômé d’histoire des Idées politiques et de Sociologie politique, qu’Alfred Nguia Banda s’est livré à une critique de ce projet de Constitution, qu’il a qualifié « d’hérésie intellectuelle et politique et une myopie politique d’ampleur ». Pointant notamment plusieurs dispositions de la version initiale, à l’instar des articles 28, 32, 46, 53, 58, 112, 116, 117, entre autres. Selon l’intellectuel et acteur politique, certaines dispositions seraient incongrues et « dévaloriseraient, extirperaient au travail effectué sa véritable valeur ».
Un régime politique sans nom
« Dans quel régime politique au monde avez-vous vu un président de la République avec un Vice-Président de la République et un Vice-Président du Gouvernement nommés et démis par lui », s’interroge Alfred Nguia Banda, avant de renvoyer les rédacteurs du texte à leur responsabilité « En vous arrogeant le pouvoir constituant originaire, vous aviez lamentablement et piètrement participé à l’élaboration d’une Constitution faite de Brice et de broc », a-t-il martelé.
Taxant le régime politique en construction de « politiquement et juridiquement sans nom », Alfred Nguia Banda craint une atteinte aux principes républicains. « À bien vouloir faire du président de la République une tour de contrôle politique par des schémas illogiques, abracadabrantesques, dénués de tout fondement et de bon sens cartésien, non seulement vous portez gravement atteinte aux Valeurs républicaines, aux principes qui régissent un État démocratique, mais vous voulez aussi ériger une présidence de la République en Monarchie absolue.
Vous serez d’ailleurs les premiers à crier à la dictature et à la personnalisation du pouvoir », indique-t-il. Selon ce dernier, la Constitution de 1991 aurait dû être la base de départ de cette réforme. Auquel cas, les constituants se seraient contentés d’une mise à jour de ce texte, « issu d’un consensus de tous les acteurs politiques gabonais » et qui serait « la meilleure Constitution que le Gabon ait connue depuis son Indépendance ».
GMT TV