Afrique : le Gabon, un laboratoire de transition réussie pour l’UA ?
Depuis le 30 août 2023, le Gabon vit dans un État d’exception, conséquence du coup d’État militaire qui a renversé le président Ali Bongo Ondimba. Si dès les premières heures de ce que les Gabonais ont appelé « un coup de libération », la communauté internationale s’est empressée de prononcer des sanctions, le climat de stabilité qui prévaut, et les garanties apportées par les militaires, semblent trancher avec le pessimisme affiché par les partenaires du Gabon, au point que l’Union africaine n’exclue pas d’en faire un cas d’école de transition réussie sur le continent.
Bien que n’ayant pas la culture de coups d’Etat, l’amalgame s’est très vite installée entre la situation du Gabon et le renversement des pouvoirs au Mali, au Burkina-Faso, en Guinée-Conakry et surtout au Niger. Seulement, alors que ces pays peinent à établir un plan de sortie de crise, le Gabon est parvenu, en l’espace de trois mois, à fédérer l’ensemble des forces vives autour de la Transition, à rétablir la confiance avec les bailleurs de fonds, et à décliner un calendrier clair du processus de Transition.
Le Gabon sur la bonne voie
Dès la prise de pouvoir par les Forces armées gabonaises, il était question d’éviter au pays un bain de sang et restaurer les institutions de la République mises à mal par un groupuscule de politiciens, qui ne se sont pas privés de mettre le pays en coupe réglée. Une solution du moindre mal, très mal appréciée par la communauté internationale, qui s’est empressée d’inscrire ce coup dans la lignée de ceux perpétrés en Afrique de l’Ouest.
Cependant, si l’Union africaine avait dès le début associé son nom à la liste des pays et organisations intransigeants à l’égard du Gabon, la dernière visite à Libreville de Mohamed Ibn Chambas, Haut représentant du Président de la Commission, Moussa Faki Mahamat, a permis au diplomate de s’assurer du sérieux des avancées et d’assurer au président de la Transition, le Général Brice Oligui Nguema, de l’envoi prochain d’experts, afin qu’au terme du processus, le Gabon soit un modèle en la matière.
Des avancées de la transition qui confirment la particularité du cas gabonais
L’une des priorités du président de la Transition, dès les premières semaines de sa prise de pouvoir, a été de rassurer l’ensemble des partenaires du Gabon. Si les nombreux déplacements dans la sous-région en font foi, la décision d’honorer tous les engagements internationaux du pays à l’égard des bailleurs de fonds et celle plus symbolique d’accorder sa pleine liberté au président déchu abondent dans ce sens. Par ailleurs, court-circuitant les travaux de la concertation nationale, le CTRI a décliné le calendrier détaillé de la Transition, fixant sa durée à deux ans. Un énième gage de bonne volonté, qui traduit aussi une rupture avec le cas nigérien par exemple.
En effet, bien que la situation nigérienne mérite d’être analysée à la lumière des enjeux sécuritaires, les positions anti-françaises, mais surtout le maintien en résidence surveillée du président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum, marquent une différence en termes d’objectifs poursuivis. Ainsi, si l’état d’avancement du processus de Transition au Gabon, témoigne de la volonté des autorités à rapidement sortir de l’état d’exception, le Niger, dont les autorités militaires au pouvoir ont annoncé fin août une transition de trois ans, sont pour l’heure enlisées dans un bras de fer avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).