Un sommet sur les économies africaines aux allures de mystique de l’endettement
En réunissant ce mardi 18 mai à Paris une quinzaine de dirigeants africains, plusieurs hauts responsables européens ainsi qu’une dizaine de représentants d’organisations internationales pour un sommet sur la relance de l’économie en Afrique, le président français Emmanuel Macron semble vouloir réaffirmer le positionnement de la France. Mieux, face à la montée en puissance de l’Empire du milieu qui compte désormais à lui seul plus de 40% des dettes publiques africaines, l’ancienne puissance coloniale semble vouloir recréer la mystique de la dette.
Organisé dans la capitale française alors même que le continent dont il est question, dispose aujourd’hui de nombreux lieux capables de réunir des personnalités, ce sommet sur la relance de l’économie en Afrique qui rassemble une quinzaine de dirigeants africains, plusieurs hauts responsables européens ainsi qu’une dizaine de représentants d’organisations internationales, a très vite pris des allures de mystique de l’endettement. Et pour cause, avec un déficit public (9,2% du PIB) qui s’est hissé à son plus haut niveau depuis 72 ans, la France semble pourtant avoir ses propres difficultés.
En effet, considéré comme l’un des pays industrialisés dans lesquels la crise du covid-19 a eu le plus fort impact avec des finances publiques qui ont largement pâti, l’ancienne puissance coloniale qui souhaite « trouver les moyens financiers pour permettre à l’Afrique de se remettre du recul de 2,1 % de son PIB et de sa première récession depuis 25 ans », semble elle même dans l’embarras. Toute chose rendant difficile une quelconque aide en direction des pays d’Afrique subsaharienne, qui n’ont en réalité, pour la plupart, besoin que d’une restructuration des dépenses publiques triplée d’une hiérarchisation et d’une priorisation de celles-ci.
Proposant notamment de faire « profiter l’Afrique de droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international » soulignant en d’autres termes la volonté de surendetter le continent, Macron (ex banquier), semble donc vouloir émettre « massivement » des liquidités dans des économies africaines encore largement tributaires de maux liés à la fois à la gouvernance et à la corruption. Une véritable trappe, sachant que des pays subsahariens comme le Gabon, non présent à ce sommet, ont dû injecter près de 1% de leur PIB en 2020 pour faire face à la pandémie.
Loin d’apporter une solution concrète à un continent pourtant capable de s’en sortir en y mettant du sien, Emmanuel Macron, plus pyromane que pompier dans ce dossier, semble donc vouloir profiter de cette situation chaotique pour enliser les pays africains dans une spirale vicieuse d’endettement. Spirale difficilement capable de « poser des bases d’un nouveau cycle de croissance sur le continent » comme annoncé par l’Elysée, qui mystifie d’ailleurs au passage, la question de l’allègement de la dette.
En perte de vitesse sur le continent au profit de l’Empire du milieu qui a profité de la crise pour raffermir sa position stratégique à coups de moyens colossaux, l’ancienne puissance coloniale française, entend donc profiter de ce sommet qui réunit Angola, Burkina, RDC, Côte d’Ivoire, Égypte, Éthiopie, Ghana, Mali, Mauritanie, Mozambique, Nigeria, Rwanda, Sénégal, Soudan, Togo et Tunisie, pour poser les bases d’un « New Deal » à l’image de celui mis en place par Roosevelt pour lutter contre les effets de la Grande Dépression aux États-Unis au sortir de la seconde guerre.